Depuis une dizaine d’années, la dégradation de notre écosystème est largement relayée par la presse. Il devient difficile de l’ignorer, et sa complexité nous interroge. En effet, la préservation de l’environnement est l’un des trois piliers du développement durable, destiné à subvenir à nos besoins actuels et à ceux des générations futures tout en restant vivable, viable et équitable. Un équilibre difficile à trouver entre ce qui est écologiquement responsable, socialement juste et économiquement rentable.
La protection de nos milieux de vie est donc une urgence sociétale, et les Français en ont pris conscience. D’après le dernier Baromètre de l’IRSN,1 leurs principales préoccupations sont l’insécurité, la pauvreté et l’exclusion mais la dégradation de l’environnement arrive en 4e position, principalement du fait de son impact sur la santé. Une crainte tout à fait compréhensible car, d’après l’OMS, 23 % des décès et 25 % des pathologies chroniques dans le monde seraient attribuables à des facteurs environnementaux et comportementaux.2
Pour répondre à cet enjeu et aux attentes de nos concitoyens, les ministères des Solidarités et de la Santé et de la Transition écologique viennent de lancer le 4e Plan national santé environnement (PNSE).3 Ouvert à une consultation publique jusqu’au 9 décembre prochain, il se décline en 4 axes et 19 actions possibles. Son objectif principal est de sensibiliser les populations à cette thématique.
L’action 4 du plan demande aux professionnels de santé, en particulier généralistes et pharmaciens, d’informer leur patientèle sur les risques sanitaires environnementaux. Encore faudrait-il qu’ils en aient une meilleure connaissance à partir de ressources fiables et de formations ad hoc ! L’écriture d’un référentiel socle santé- environnement, dès l’année prochaine, pourrait pallier ces lacunes. Ce nouveau domaine serait ainsi intégrable dans les formations initiales des professionnels de santé ou dans des actions de DPC. Le plan se donne également l’ambition de susciter un échange de connaissances et de compétences entre les différents acteurs des secteurs médicaux, vétérinaires, environnementaux, politiques et socio-économiques au sein du concept One Health, actant ainsi l’interdépendance entre ces disciplines.
Sensibiliser, informer et éduquer les populations sont des objectifs louables, mais ils ne doivent pas occulter le principal : agir en amont, notamment sur la pollution de l’air et de l’eau. Dans cette perspective, on comprend facilement l’ampleur et la complexité du projet, car il impacte aussi bien les productions industrielles qu’agro-alimentaires, l’urbanisation et l’architecture, pour ne citer que quelques acteurs. Cependant, le rôle essentiel revient au législateur, car il a le pouvoir d’interdire. Cette mission difficile se heurte à des considérations tant sociales qu’économiques. C’est certainement la raison pour laquelle les grandes puissances mondiales sont tant réticentes à adopter des comportements vertueux envers l’environnement.
En dépit de cette urgence, réduire la dégradation de l’environnement prendra certainement du temps. Ce 4e PNSE est une nouvelle étape. Beaucoup ne la trouveront pas assez ambitieuse ; souhaitons-lui déjà d’atteindre ses objectifs. Nous pouvons, en qualité de citoyens et d’acteurs du premier recours en santé, y contribuer.

1. IRSN. Baromètre 2020. La perception des risques et de la sécurité par les Français. https://bit.ly/3n3jOld
2. OMS. Prévenir la maladie grâce à un environnement sain. https://bit.ly/3518GPt
3. 4e Plan national santé environnement 2020-2024 https://bit.ly/32b6ino