La sarcopénie affecte de 5 à 13 % des personnes âgées de 60 à 70 ans et jusqu’à 50 % des patients octogénaires. Le vieillissement entraîne un remodelage de l’unité motrice avec une perte prédominante des fibres musculaires rapides de type II associée à leur atrophie, ainsi qu’un processus d’infiltration graisseuse du tissu musculaire. Ce remodelage favorise la réduction de la masse musculaire, de la force et de la fonction musculaire qui sont nécessaires à des actions telles que se lever d’une chaise, monter des marches ou retrouver une posture après une perturbation de l’équilibre. Ces altérations musculaires, définissant la sarcopénie, sont donc fortement associées à un risque de chute, de survenue de fracture, d’altération de la qualité de vie, de perte d’indépendance et de mortalité précoce.
Le dépistage de la sarcopénie se fait lors de l’interrogatoire du patient exprimant des symptômes susceptibles d’être en lien avec la perte de masse musculaire tels que la diminution de la vitesse de marche ou la difficulté à se relever d’une chaise. Un questionnaire simple d’auto-évaluation a été créé pour faciliter le dépistage (SARC-F). La suspicion clinique de sarcopénie exige la réalisation d’une évaluation de la fonction musculaire, en utilisant, par exemple, la force de préhension pour évaluer la force musculaire du membre supérieur et/ou le test du lever de chaise pour rechercher une diminution de la force musculaire des membres inférieurs.
Le diagnostic de la sarcopénie est confirmé par la présence de l’association d’une diminution de la force musculaire et d’une faible quantité musculaire. La quantité de masse musculaire mesurée est la masse musculaire des membres supérieurs et inférieurs, autrement appelée masse musculaire appendiculaire. Les examens d’imagerie de référence pour sa quantification dans cette pathologie sont l’imagerie par résonance magnétique (IRM), l’absorptiométrie biphotonique à rayons X (DXA pour Dual-energy X-ray Absorptiometry) ou la bio-impédancemétrie.
La sarcopénie primaire est définie par une sarcopénie liée uniquement au vieillissement normal. La sarcopénie est dite secondaire lorsque d’autres facteurs intrinsèques et extrinsèques interviennent. La sarcopénie secondaire est observée dans de nombreuses situations pathologiques. En effet, elle est retrouvée en situation d’alitement, d’insuffisance d’organe, de pathologies néoplasiques, inflammatoires ou encore endocriniennes comme le diabète.
Faire la différence entre ces deux types de sarcopénie est primordial d’un point de vue thérapeutique. Dans tous les cas, la sarcopénie relève d’une prise en charge multidisciplinaire axée principalement sur la pratique d’activités physiques en résistance et la prévention de la dénutrition. Cependant, dans le cadre d’une sarcopénie secondaire, la prise en charge de la pathologie chronique est également indispensable.
Il existe de nombreux concepts apparentés, tels que l’obésité sarcopénique, la cachexie et la fragilité. L’obésité sarcopénique est caractérisée par une perte de muscle associée à une infiltration du tissu musculaire par de la graisse et à l’augmentation de la masse grasse viscérale. Elle associe de manière synergique les risques de la sarcopénie et de l’obésité.
La cachexie est un syndrome métabolique complexe qui accompagne les maladies chroniques évoluées, avec une perte de poids et de muscle importante, avec ou sans perte de masse graisseuse. En règle générale, il existe un catabolisme accru qui ne peut être compensé par un simple support nutritionnel. De 10 à 40 % des patients atteints d’une maladie chronique comme l’insuffisance cardiaque, rénale, pulmonaire ou hépatique, un cancer ou une infection par le VIH souffrent de cachexie. L’importance de déceler ce syndrome réside dans son caractère hautement prédictif de mortalité et de non-réponse aux traitements spécifiques de la pathologie.
Enfin, la sarcopénie est une cause majeure de fragilité, mais l’une ou l’autre peut survenir seule. La fragilité est une condition clinique non liée au vieillissement normal, dans laquelle une personne présente une vulnérabilité accrue à la dépendance, voire à la mortalité en cas d’exposition à un facteur de stress. Le phénotype de fragilité selon Fried est défini par une perte de poids, une asthénie, une réduction des activités physiques, un ralentissement de la vitesse de marche et une diminution de la force de préhension. En évaluant la force musculaire par la préhension et la vitesse de marche, cette définition inclut potentiellement les patients souffrant de sarcopénie. Cependant, la fragilité reste un concept beaucoup plus large qui peut avoir des conséquences négatives dans toute la sphère physique, cognitive et sociale du patient.