L’inflammation chronique concerne près de 60 % des patients atteints de schizophrénie et peut jouer un rôle dans la physiopathologie, le pronostic et la persistance des symptômes psychotiques malgré les traitements. Une étude française a mis en évidence les mécanismes impliqués… Le point avec le Dr Guillaume Fond, psychiatre et chercheur à l’AP-HM.

 

Dans cette étude publiée dans le journal de l’Association européenne de médecine nucléaire, l’équipe du Dr Guillaume Fond a tenté de déterminer les liens entre cette inflammation et la perfusion sanguine du cerveau en utilisant une technique d’imagerie appelée SPECT (single-photon emission computed tomography ou Tomographie d’émission monophotonique). 

Au total, 137 individus avec une schizophrénie stabilisée sous traitement ont été inclus. L’inflammation était mesurée par un taux de protéine C-réactive.

Résultat : plus les individus avaient un taux élevé d’inflammation, plus leur cerveau était hypoperfusé dans quatre zones clés (une dans le lobe frontal, deux dans le lobetemporal, une dans le lobe pariétal). « Il faut savoir qu’une diminution de l’apport de sang dans le cerveau est un marqueur d’une sous-activité (parfois irréversible) de cette région. Nous avons montré que, plus l’hypoperfusion du lobe frontal était importante, plus les patients avaient des symptômes (résistants au traitement médicamenteux) : délires, hallucinations, repli sur soi, excitation », explique le Dr Guillaume Fond, auteur de l’étude. Les individus avec des taux élevés d’inflammation (de plus de 3 mg/L) avaient également une augmentation de la perfusion de l’amygdale gauche. « C’est une zone connue en psychiatrie car notamment impliquée dans des processus d’anxiété », précise le Dr Fond.

Ainsi, ces chercheurs ont démontré pour la première fois que l’inflammation chronique dans la schizophrénie est associée à des changements de perfusion cérébrale et que ceux-ci sont corrélés à la persistance de la symptomatologie psychotique.

Cette découverte génère de nouveaux espoirs pour le développement de soins de médecine personnalisée dans cette maladie qui touche plus de 600 000 personnes en France.

Cinzia Nobile, La Revue du Praticien

Pour en savoir plus :

Guillin O. Schizophrénies. Rev Prat 2021;71(1);35-64.

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