Peu prescrit par les médecins généralistes, le score calcique permet très simplement et sans injection d’iode d’apprécier le risque cardiovasculaire de nos patients avec beaucoup plus de précision que les facteurs de risque classiques. Quelles sont ses indications ? Comment interpréter les résultats ? Quelle différence par rapport au coroscanner ? Par le Dr Édouard Desjobert, cardiologue interventionnel (hôpital européen Georges-Pompidou, Paris).

 

Le score calcique et le coroscanner sont deux examens réalisés par la même machine (il est possible de les calculer lors du même examen), mais ils diffèrent dans les informations qu’ils apportent, donc dans leurs indications.

Score calcique coronaire : évaluer le risque cardiovasculaire

Le score calcique permet une quantification précise et reproductible des calcifications coronaires, intimement liées au phénomène d’athérosclérose. C’est donc un « super facteur » de risque cardiovasculaire (CV). Cependant, il ne renseigne pas sur d’éventuelles sténoses coronaires. L’utilisation du score calcique permet le reclassement du niveau de risque CV dans 30 à 40 % des cas.


Comment ça marche ?

Cet examen consiste en une acquisition unique centrée sur le massif cardiaque avec une apnée courte < 5 secondes ; il peut être réalisé en moins de 10 minutes. L’irradiation est très limitée (< 1 mSv) et ne nécessite pas d’injection de produit de contraste. Il est calculé en sélectionnant toutes les calcifications d’une surface > 1 mm2 ayant une densité > 130 UH (fig. 1). La somme des surfaces de chaque calcification multipliées par leur densité permet d’obtenir le score calcique ou score d’Agaston.


Comment interpréter les résultats ?

Un score calcique égal à 0 correspond à un risque CV très faible (< 0,1 % par an d’événements CV) ; une valeur de 1 à 100 à un risque modéré ; de 100 à 400 à un athérome débutant (soit un risque élevé) ; > 400 à des calcifications sévères.1

Cependant, il convient de comparer le score obtenu à des abaques en fonction de l’âge et du sexe permettant de situer le patient (fig. 2). Un score supérieur au 75e percentile pour l’âge et le sexe est considéré comme à haut risque d’événement CV.2 Par exemple, si un patient a un score à 95 (donc bas) mais il se situe dans le 80e percentile par rapport aux hommes de son âge, il est à haut risque CV.


Quelles indications ?

La présence de calcifications coronaires n’est pas synonyme d’ischémie. Le score calcique permet une stratification du risque CV chez un patient asymptomatique mais ne permet pas l’identification d’une coronaropathie. Il n’a aucune utilité chez un patient connu coronarien qui est par définition classé à haut risque CV.

Dans la pratique, il permet de guider la réalisation d’examens complémentaires, d’autant plus lorsque le patient est issu d’une population à haut risque (diabétique, hérédité familiale forte) mais également d’adapter le traitement de prévention primaire (ex : LDL « limite » et introduction d’une statine).3

Enfin, le score calcique peut avoir un impact sur les comportements du patient, le motivant à l’observance des mesures hygiénodiététiques.


Score calcique valvulaire (coronoscanner) : évaluer la sévérité de la sténose

Le coroscanner permet de calculer la charge en calcium de la valve aortique en cas de rétrécissement aortique.

Il apporte des arguments supplémentaires pour confirmer le caractère serré d’un rétrécissement aortique calcifié.

En pratique, un score > 3 000 chez l’homme (ou > 1 600 chez la femme) oriente vers un rétrécissement aortique très probablement serré alors qu’un score < 1 600 chez l’homme (ou < 800 chez la femme) sont en faveur d’un rétrécissement non serré.4


Édouard Desjobert, cardiologue interventionnel (HEGP, Paris).


Figure 1

Figure 1. Sélection des calcifications coronaires pour la mesure du score. L’opérateur a sélectionné une calcification de l’artère interventriculaire antérieure et l’ordinateur calcule un score en fonction de la surface et de la densité de cette calcification.

Figure 2

Figure 2. Score calcique en fonction de l’âge pour un individu de sexe masculin. Le score calcique de cet homme est à 84,9. Étant donné qu’il a 70 ans, il se situe au 70e percentile (pictogramme homme bleu) – cela signifie que 70 % des hommes de 70 ans ont un score inférieur à celui de ce patient et 30 % ont un score plus élevé. Le score calcique étant donc < au 75e percentile et < 100, le patient a un risque faible. Cependant pour un même score, un patient de 55 ans serait considéré comme à risque CV élevé car > au 75e percentile (pointillés).

Références : 

1. Lakoski SG, Greenland P, Wong ND, et al. Coronary artery calcium scores and risk for cardiovascular events in women classified as « low risk » based on Framingham risk score: the multi-ethnic study of atherosclerosis (MESA). Arch Intern Med 2007;167(22):2437‑42. 

2. Sarwar A, Shaw LJ, Shapiro MD, et al. Diagnostic and prognostic value of absence of coronary artery calcification. JACC Cardiovasc Imaging 2009;2(6):675‑88. 

3. Arnett DK, Blumenthal RS, Albert MA, et al. 2019 ACC/AHA Guideline on the Primary Prevention of Cardiovascular Disease: A Report of the American College of Cardiology/American Heart Association Task Force on Clinical Practice Guidelines. Circulation 2019;140(11):e596‑646. 

4. Baumgartner H, Falk V, Bax JJ, et al. 2017 ESC/EACTS Guidelines for the management of valvular heart disease. Eur Heart J 2017;38(36):2739‑91.