Il y a un an, qui aurait pu penser que la pandémie de Covid-19 durerait aussi longtemps ? Confinements et couvre-feux n’ont pas stoppé la propagation du virus. Pire, nous assistons à une troisième vague encore plus importante, avec la saturation des services de réanimation dans de nombreuses régions ! La campagne de vaccination qui a enfin débuté, malheureusement non sans aléas, nous permettra peut-être de voir se terminer cette crise sanitaire sans précédent.
Mais que doit-on penser de la vaccination des personnels de santé ? Doit-elle relever d’une décision personnelle ou d’une obligation légale ?
Dans sa lettre du 5 mars adressée aux soignants, Olivier Véran faisait de la vaccination des personnels de santé une priorité majeure « pour les patients et pour la collectivité » dans la mesure où cette vaccination « réduirait la contagiosité », sans en faire pour autant une obligation alors que certains élus territoriaux la souhaitaient vivement. Plusieurs chercheurs institutionnels, chefs de service hospitalier ou sociétés savantes sont aussi de cet avis. Le Conseil national de l’Ordre des médecins et les autres ordres professionnels en font une obligation déontologique et éthique. Le 9 mars, l’Académie nationale de médecine s’est prononcée sans ambages pour cette obligation : « considérant que l’hésitation vaccinale est éthiquement inacceptable chez les soignants, l’Académie nationale de médecine recommande de rendre obligatoire la vaccination contre la Covid-19 pour tous les professionnels de santé exerçant dans le secteur public ou libéral, dans les établissements de santé et dans les EHPAD, ainsi que pour les auxiliaires de vie pour personnes âgées… ».
Les différents sondages réalisés auprès des professionnels de santé montrent qu’une majorité très relative des médecins est favorable à la vaccination – obligatoire ou non – alors que les avis des paramédicaux sont plus négatifs, reflétant peu ou prou ceux de la population générale. Mais la Covid-19 devient une des principales affections nosocomiales, certes par des contagiosités entre patients mais aussi entre soignants et soignés !
Entre un autoritarisme excessif et un libre arbitre, le curseur décisionnel est difficile à positionner en raison des grandes incertitudes épidémiologiques. Les différentes directives gouvernementales que nous vivons depuis un an en sont de parfaits exemples. Face à ce que serait l’obligation vaccinale, le libre arbitre rencontre ses limites. Il nous illusionne sur nos capacités à agir en pleine liberté alors que nous n’avons pas forcément la pleine conscience de la situation en raison de sa complexité. Dans l’état de crise sanitaire mais aussi humaine, sociale et économique que nous vivons, ne faudrait-il pas accepter des choix que l’on fait pour nous, même s’ils peuvent nous heurter et que nous pouvons ressentir comme des violences faites à nos libertés ou à notre autonomie de pensée ?
Il y a peu de chance pour que cette obliga­tion vaccinale soit décrétée. Dans l’urgence, par manque de concertation entre décideurs et représentants professionnels, cette obligation risquerait d’être contre-productive. Elle pourrait pourtant vaincre l’hésitation vaccinale des plus réticents d’entre nous. Pour le moment, et même s’il existe un certain nombre d’inconnues, il est important de prendre conscience de notre responsabilité envers nos patients – qui nous font confiance – en nous faisant vacciner, ce qui peut, par ailleurs, les encourager à se faire aussi vacciner.