Le 5 avril 2022, le dispositif « MonPsy » est entré en vigueur : il permet aux médecins traitants d’adresser certains patients en souffrance psychique à un psychologue, pour 8 séances remboursées par la Sécurité sociale. Comment ça marche en pratique ? Quelles sont les personnes concernées, comment les adresser et faire le suivi ?
Le ministère de la Santé et l’Assurance maladie, en collaboration avec le Collège de la médecine générale, des psychologues et la Commission nationale de psychiatrie, a mis en place le dispositif MonPsy, dans le but d’organiser une coopération entre les psychologues de ville et les intervenants du parcours de soins du patient, pour un dépistage et une prise en charge psychologique initiale de première ligne destinés à l’ensemble de la population à partir de 3 ans.
Pour quels patients ?
• Enfants et adolescents, dès l’âge de 3 ans en situation de mal-être ou de souffrance psychique d’intensité légère à modérée suscitant l’inquiétude de l’entourage (famille, milieu scolaire, médecin, etc.).
Le consentement des titulaires de l’autorité parentale est nécessaire pour engager un parcours de soins pour ces patients.
Ne sont pas concernés par ce dispositif :
– les enfants ou adolescents nécessitant d’emblée l’avis d’un psychiatre ou pédopsychiatre : risques suicidaires, formes sévères de troubles anxieux ou dépressifs, troubles du comportement alimentaire [TCA] avec signes de gravité (des échelles d’évaluation de la sévérité des troubles sont disponibles sur un livret à télécharger ici) ; situations de retrait et d’inhibition majeures ; troubles neurodéveloppementaux ; dépendance à des substances psychoactives ; troubles externalisés sévères… ;
– ni ceux déjà en cours de prise en charge (ou au cours des 2 années précédentes) en pédopsychiatrie ou psychiatrie ou en affection de longue durée (ALD) pour motif psychiatrique.
• Adultes en souffrance psychique, ayant :
– un trouble anxieux d’intensité légère à modérée ;
– un trouble dépressif d’intensité légère à modérée ;
– un mésusage de tabac, d’alcool et/ou de cannabis (hors dépendance) ;
– un trouble du comportement alimentaire sans critères de gravité.
Ne sont pas concernés :
– les patients qui nécessitent d’emblée un avis spécialisé par un psychiatre (ou qui sont en cours de prise en charge), notamment en cas de : risques suicidaires, formes sévères de troubles dépressifs ou anxieux, TCA avec signes de gravité, troubles neurodéveloppementaux sévères, antécédents psychiatriques sévères dans les 3 ans, toute situation de dépendance à des substances psychoactives (échelles d’évaluation à télécharger ici) ;
– les patients actuellement (ou au cours des 2 années précédentes) en ALD, invalidité ou arrêt de travail de plus de 6 mois pour motif psychiatrique.
Dans les cas suivants, un avis psychiatrique est nécessaire, ainsi qu’une réévaluation des traitements médicamenteux (en particulier psychotropes), avant d’intégrer le patient dans le dispositif :
– traitement par antidépresseurs depuis plus de 3 mois ;
– traitement par hypnotiques ou benzodiazépines depuis plus de 1 mois ;
– traitement par un autre psychotrope ;
– patients bipolaires ou borderline sous antiépileptiques.
En pratique, comment orienter ?
Si, à l’issue de l’examen clinique – et éventuellement d’une évaluation s’appuyant sur les échelles et outils disponibles – le patient s’avère éligible au dispositif MonPsy, le médecin traitant lui remet :
• Un « courrier d’adressage » (modèle à télécharger ici) mentionnant : nom du médecin, son numéro AM ou celui de la structure, et indiquant la nécessité de réaliser un accompagnement psychologique. Ce courrier, valable 6 mois, est nécessaire au remboursement du patient par l’Assurance maladie. Il ne doit contenir aucune information médicale, ni indiquer le nombre de séances (c’est le psychologue conventionné qui, en accord avec le patient, les propose).
• Un « courrier d’accompagnement » (modèle à télécharger ici) destiné au psychologue, qui a vocation à lui transmettre les éléments cliniques, de contexte, les motifs de l’adressage et éventuellement les résultats des scores.
Que dire au patient ?
– Il peut choisir le psychologue parmi ceux répertoriés sur le site monpsy.sante.gouv.fr ;
– 8 séances au maximum sont remboursées par année civile : 40 € la première et 30 € les suivantes (aucun dépassement d’honoraire n’est possible) ;
– ces consultations seront prises en charge à 60 % par l’Assurance maladie, le reste par les complémentaires ;
– des séances à distance sont possibles, à l’exception de la première (entretien d’évaluation) ;
– le jour de son rendez-vous, le patient doit apporter le courrier d’adressage et d’accompagnement, et son attestation de carte Vitale papier indiquant ses droits, s’il bénéficie d’une exonération d’avance de frais.
Quel suivi ?
Le patient bénéficie d’un premier entretien d’évaluation avec le psychologue choisi, puis de 1 à 7 séances (maximum) de suivi, en fonction de ses besoins (nombre déterminé par le psychologue). À tout moment, en fonction des besoins, il peut être orienté vers un psychiatre.
Après la dernière séance de suivi, le psychologue adresse au médecin traitant un compte-rendu de fin de prise en charge comprenant :
– le rappel de l’évaluation initiale ;
– l’état actuel du patient ;
– l’évolution des scores (si pertinent) ;
– le nombre total de séances réalisées ;
– une éventuelle proposition de conduite à tenir en fonction de l’évolution des troubles.
En cas de non-amélioration de l’état du patient, une concertation avec le psychologue et un psychiatre est organisée pour analyser et réévaluer la prise en charge (orientation vers un centre médicopsychologique, un service de psychiatrie ou pédopsychiatrie, une maison des adolescents… ; ou ré-adressage du patient dans le dispositif MonPsy, dans la limite de 8 séances remboursées par année civile).
Une « Fiche mémo » sur les critères d’inclusion et le parcours de prise en charge peut être téléchargée ici.
D’après :
Ministère des Solidarités et de la Santé. MonPsy – Onglet « Je suis médecin ». Mars 2022.
Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien
À lire aussi :
Di Lodovico L, Gorwood P. Troubles du comportement alimentaire.Rev Prat Med Gen 2022;36(1065);117-24.
Gourion D. Les personnalités borderline en médecine générale.Rev Prat Med Gen 2022;36(1064);89-9.