Sevrage en novembre, l’hiver sera tendre !

Avec plus de 75 000 morts par an – soit 13 % des décès en France métropolitaine –, le tabagisme est la première cause de décès évitable. Si les cancers sont les conséquences emblématiques du tabagisme, il ne faut pas oublier les bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO), les maladies cardiovasculaires (infarctus, anévrismes, etc.), mais aussi les risques pour les grossesses et les fœtus ! En 2020, environ un tiers des adultes de 18 à 75 ans (31,8 %) déclaraient fumer, et un quart d’entre eux (25,5 %) fumaient tous les jours.¹ Ces chiffres étaient stables par rapport à 2019, sauf pour les populations aux revenus les moins élevés, qui fumaient un peu plus. Des modifications de comportement au gré des différents confinements lors de la pandémie de Covid-19 ont été relevées : durant cette période, 30 % des fumeurs quotidiens ont fait une tentative d’arrêt d’au moins une semaine au cours des douze derniers mois – chiffre en légère baisse par rapport aux années précédentes. On estime que 70 % des fumeurs souhaiteraient arrêter, un pourcentage en hausse par rapport aux années antérieures.
Pour la sixième année consécutive, novembre sera un #MoisSansTabac, campa­gne proposée par Santé publique France en lien avec le ministère de la Santé et de la Prévention, le ministère des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées et l’Assurance maladie. L’objectif de cette opéra­tion est de sensibiliser les fumeurs aux dangers du tabac, mais surtout de les inciter et les aider à arrêter pendant un mois, durée considérée comme suffisante pour réduire les symptômes du sevrage tabagique.
Cette action, fondée sur les principes du marketing social et inspirée de la campagne britannique Stoptober, multiplierait par 5 les chances de succès définitif. Elle s’appuie sur la diffusion de messages à destination du grand public dans les principaux médias, sur un site,^{2, 3} sur une application dédiée téléchargeable, sur une ligne téléphonique (39 89), sur la mise à disposition d’un kit d’aide à l’arrêt et sur une communauté de fumeurs échangeant leurs expériences réciproques. Le taux de tentatives d’arrêt sur l’ensemble des fumeurs au lancement de #MoisSansTabac attribuable à cette initiative a progressivement augmenté, passant de 2,9 % en 2017 à 4,8 % en 2018, pour se stabiliser en 2019 (4,3 %). Ceci représente plus de 500 000 tentatives par an, chiffres concordant avec celui des inscriptions en ligne à l’opération #MoisSansTabac.⁴
Ces chiffres sont encourageants, mais demeu­rent bien modestes face au défi représenté par le sevrage tabagique. Par ailleurs, cette action de santé publique, répétée durant un seul mois chaque année, reste ponctuelle, et ses effets tendent, nous l'avons vu, à se stabiliser.
En tant que généralistes, il nous faut néanmoins nous associer à cette initiative, la promouvoir par un affichage en salle d’attente, en mettant des prospectus à disposition⁵, en rappelant l’adresse internet² à nos patients fumeurs. Mais il faut aussi renforcer notre action spécifique en actualisant le statut tabagique de tous nos patients, en utilisant l’intervention brève (le conseil minimal, un outil simple, rapide et efficace), en menant des entretiens motivationnels, en prescrivant les médicaments de première et de seconde ligne suivant leurs indications respectives, en ayant, pour les cas difficiles, un correspondant tabacologue facilement disponible, réactif et ouvert à un travail en partenariat… Et en ne lâchant rien sur la prévention, dès le plus jeune âge, pour éviter l’entrée dans le tabagisme, meilleure façon de ne jamais avoir à se sevrer !