Question à 25 euros (tarif Sécu) : quel est le geste technique médical que les étudiants en médecine n’apprendront jamais à réaliser pendant leurs études et qu’ils feront pourtant quasi quotidiennement tout au long de leur carrière s’ils choisissent la médecine générale ?
Insérer la carte Vitale ? Non… pas vraiment besoin d’apprentissage technique !
Ne pas serrer la main du patient ? Non… très simplifié grâce à la pandémie de Covid !
Fin du suspense : la vaccination ! Je précise tout de suite que seul le geste technique sera abordé ici – et non pas le concept, qui pourrait faire l’objet d’un numéro entier de La Revue du Praticien-Médecine générale.
Il est intéressant de constater que le cursus médical universitaire, qui laisse une belle part aux stages hospitaliers en France, permet, en fin d’internat, de savoir réaliser de nombreux gestes. Mais, même si certains lieux d’exercice de la médecine générale donnent l’occasion de pratiquer des sutures, éventuellement des ponctions articulaires, il semble que les gestes techniques que l’on maîtrise le mieux (en général les gaz du sang, la ponction lombaire, la ponction d’ascite) ne seront, paradoxalement, jamais réalisés dans nos cabinets.
En revanche, vacciner, c’est tous les jours ou presque, à tous les âges et sur tous les terrains.
Ne nous sommes-nous pas tous posé ces questions : faut-il purger l’air présent dans la seringue ? mais où est le deltoïde ? à partir de quel âge passe-t-on de la cuisse à l’épaule ? injecter plus de deux vaccins en une fois, est-ce possible ? espacer d’un mois les injections est-il indispensable ? le bébé porteur de sa « crèchite » chronique hivernale doit-il être asymptomatique pour être vacciné ? etc.
J’ai été étonnée, lorsqu’au début de la vaccination de masse liée à la pandémie de Covid-19, l’Assurance maladie a envoyé un mail informatif retraçant les grandes lignes de la bonne technique pour vacciner, notamment concernant l’application systématique du délai de quinze minutes de surveillance post-injection qu’il est en fait recommandé d’observer pour tout vaccin, mais qui était a priori complètement passé à la trappe, car difficilement compatible avec l’exercice en cabinet de ville (le temps de finir la consultation et de faire payer ne suffirait donc pas !).
On pourrait alors imaginer que ce geste technique, en apparence simple, soit enseigné à tous les étudiants en médecine. Cela permettrait probablement d’éviter des erreurs de reconstitution ou de techniques d’injection. Dans un monde idéal, on apprendrait même des techniques de diversion pour les bébés, des histoires drôles pour faciliter les vaccins des 6 et 11 ans (mon cerveau n’est capable d’en retenir qu’une seule, heureusement l’enfant l’a en général oubliée dans l’intervalle des cinq ans !), le matériel nécessaire pour réaliser ce geste dans des conditions correctes d’asepsie… Cela aurait sans doute aussi l’intérêt de sensibiliser le plus grand nombre à l’importance de cette mesure préventive !
Quelques repères pour un geste vaccinal optimisé (d’après )
Généralités
• Une zone d’attente doit être prévue pour la surveillance post-vaccinale de quinze minutes.
• Le médecin doit disposer d’adrénaline et en connaître le protocole d’administration pour prendre en charge un éventuel choc anaphylactique.
• En cas de fièvre ou de maladie bénigne, il suffit de décaler la vaccination d’une à deux semaines (une rhinite isolée ne contre-indique pas la vaccination).
Où vacciner (pour les vaccins à administration intramusculaire) ?
• Pour l’adulte, l’enfant et le nourrisson de plus de 12 mois (et/ou pesant plus de 9 kg et/ou si la marche est acquise) : dans le deltoïde, à distance suffisante de l’acromion.
• Pour le nourrisson plus jeune : dans le muscle vaste externe (face antéro-externe de la cuisse).
Technique d’injection
• Il est conseillé de désinfecter la peau avant la vaccination, avec n’importe quel produit désinfectant, en laissant sécher trente secondes au moins avant de piquer (pour laisser agir et éviter la douleur liée à la présence fréquente d’alcool).
• Purger la seringue est suffisant et non indispensable ; purger l’aiguille risque de faire perdre une quantité de produit et de rendre le geste plus douloureux.
• Il n’est pas nécessaire de chercher un reflux sanguin avant d’injecter le produit.
• Injecter rapidement diminue la douleur chez l’enfant.
• Quand deux vaccins sont administrés lors de la même consultation, commencer par le moins douloureux chez l’enfant est mieux toléré (opter pour la stratégie inverse chez l’adolescent et l’adulte).
• N’importe quel délai est possible entre deux vaccins, sauf pour les vaccins vivants qui doivent être administrés le même jour ou à un mois d’intervalle.
• Plus de deux vaccins peuvent être administrés lors de la même consultation, la seule limite étant la tolérance du patient et de ses proches. Un même site peut être utilisé pour deux injections, sous réserve de respecter une distance d’au moins 2,5 cm.