De nombreuses études ont mis en évidence l’impact négatif d’une quantité insuffisante de sommeil sur la morbi-mortalité. Mais, selon une grande étude rétrospective anglaise incluant 60 977 participants, la régularité du coucher – objectif parfois plus facile à obtenir – serait un facteur prédictif de mortalité plus important…

Il est désormais établi par plusieurs méta-analyses que dormir moins de 6 - 7 h par nuit est associé à une mortalité accrue toutes causes confondues. Il en résulte des recommandations particulièrement orientées vers l’augmentation de la durée du sommeil, un objectif qui peut s’avérer difficile à atteindre chez de nombreux patients. Mais le rôle de la régularité du sommeil est peu connu.

Une équipe internationale de chercheurs a exploité les données d’une large cohorte prospective (base de données britannique UK Biobank). Entre 2013 et 2016, 60 977 participants (âge moyen de 62,8 ans, 55 % de femmes) ont porté pendant 7 jours d’affilée un actimètre sur leur poignet dominant. À partir de ces données, les scientifiques ont pu calculer sur cette semaine d’observation en vie réelle la durée du sommeil, ainsi que sa régularité en utilisant le Sleep Regularity Index (SRI), un score allant de 0 (schéma de sommeil totalement aléatoire) à 100 (schéma de sommeil parfaitement régulier, aux mêmes heures de coucher et de lever).

Grâce aux données des systèmes de santé publique anglais et écossais, les chercheurs ont obtenu un suivi médian de la mortalité des sujets de 6,30 années entre la semaine de sommeil enregistrée par actimètre et la fin de la période d’étude, en mars 2021. Ces données leur ont permis de comparer la mortalité toutes causes confondues, la mortalité cardiovasculaire et celle liée au cancer selon la durée et la régularité du sommeil des participants. Ils ont ajusté ces calculs en prenant en compte l’âge, le sexe, l’ethnicité, l’hygiène de vie et l’origine sociale des sujets inclus.

Publiés en septembre dans Sleep, ces résultats indiquent que les 4/5e des sujets avec les SRI les plus élevés avaient un risque de décès toutes causes confondues 20 % à 48 % plus bas (p ≤ 0,004) que ceux ayant les SRI les plus bas. Les mêmes résultats ont été retrouvés pour la mortalité liée au cancer (16 % à 39 % moindre dans les 4/5e aux plus hauts SRI, p ≤ 0,017) et pour la mortalité cardiovasculaire (22 % à 57 % moindre dans les 4/5e aux plus hauts SRI, p ≤ 0,048).

Selon leurs analyses, la durée du sommeil était moins corrélée à la mortalité toutes causes confondues. Les auteurs en concluent qu’accroître la régularité du sommeil pourrait être une cible plus efficace que l’augmentation de la durée du sommeil chez de nombreux patients.

Pour en savoir plus
Windred DP, Burns AC, Lane JM, et al. Sleep regularity is a stronger predictor of mortality risk than sleep duration: A prospective cohort study.  Sleep 21 septembre 2023.