1 Le suicide est une mort évitable, il faut en être convaincu !
2 Les conduites suicidaires sont un problème de santé publique ; 800 000 décès par suicide dans le monde chaque année. En France : 10 000 décès, 200 000 tentatives de suicide, près de 5 % d’idées suicidaires. La France reste mal classée en Europe malgré une baisse du taux de suicide depuis 30 ans. On peut mieux faire tous ensemble !
3 Les comportements suicidaires sont complexes car multifactoriels et polymorphes. Certains facteurs de risque sont proximaux, d’autres plus distaux dans l’histoire du sujet ; certains sont des facteurs de stress aigu précipitants (maladie mentale, événements de vie douloureux, etc.), d’autres des éléments persistants de vulnérabilité (enfance difficile, personnalité fragile, etc.).
4 De nombreux facteurs de risque d’actes suicidaires ont été décrits qui, pris isolément, manquent de sensibilité, de spécificité et de capacité prédictive. Ils expliquent pourquoi un individu est suicidaire, pas si et quand il passera à l’acte.
5 La crise suicidaire est un moment de rupture dans l’équilibre psychique du sujet. Ce dernier a un sentiment croissant d’impasse, le suicide apparaissant de plus en plus comme la seule solution envisageable. La douleur psychique est centrale. Le sujet ne veut pas mourir, il veut arrêter de souffrir !
6 L’intervention de crise est un moment parti­culier qui repose sur le souci de l’autre, incluant le respect, la compréhension et l’écoute attentive. Il faut gagner la confiance, nommer les souffrances, évaluer et mettre à l'abri le sujet en limitant l'accès aux moyens létaux.
7 L’évaluation du risque suicidaire repose sur la mesure de l’urgence et de la dangerosité de la crise suicidaire, et la collecte des facteurs de risque (« RUD » pour risque, urgence, dangerosité). Ne pas poser la question des idées suicidaires est une erreur médicale.
8 Après une tentative de suicide, prévenir la récidive est essentiel. En France, un dispositif innovant de veille nommé VigilanS, qui permet de garder le lien entre tous les intervenants, est en cours de déploiement dans les régions. Les premiers résultats sont encourageants.
9 La prévention du suicide est aussi une affaire d’actions collectives, notamment limitation de l’accès aux moyens létaux (barrières sur les ponts ou dans le métro, paquets de médicaments), formation des médecins généralistes à la dépression, formation de sentinelles, certains programmes scolaires, formation au traitement médiatique correct du suicide.
10 De nouvelles perspectives de compréhension et de prise en charge émergent. Elles découlent notamment des travaux des neurosciences cognitives et biologiques. L’intelligence artificielle pourrait permettre de définir de meilleurs algorithmes décisionnels. La kétamine est un traitement prometteur pour la réduction rapide des idées suicidaires.