La dépression périnatale est une cause de souffrance pour la femme, sa famille, et peut avoir un impact sur le développement de l’enfant dans les formes sévères et durables. Ce terme englobe les dépressions survenant durant la grossesse (dépression prénatale) et après l’accouchement (dépression du post-partum). La dépression prénatale concernerait 8 à 12 % des femmes. Dans près de la moitié des cas, les symptômes dépressifs persisteraient après l’accouchement. La prévalence de la dépression du post-partum est estimée entre 10 et 15 % en population générale et jusqu’à 25 % dans les groupes plus à risque. Un premier pic d’incidence survient deux mois après l’accouchement et un second, moins élevé, à 6 mois. En France, le taux de suicide postnatal reste anormalement élevé. Le suivi et la prévention des troubles psychologiques pendant la grossesse ont beaucoup progressé, avec l’instauration de l’entretien prénatal systématique. Toutefois, la césure entre les dispositifs de suivi prénatal et postnatal compromet le repérage des symptômes dépressifs du post-partum, qui peuvent être insidieux. Le taux élevé de suicide en période périnatale rappelle dramatiquement que de nombreuses femmes en situation psychologique difficile échappent à tout dépistage et, dès lors, à toute aide. Le développement d’un cahier de suivi psychologique en périnatalité vise à utiliser des outils consensuels comme une boîte de dialogue ouvrant l’opportunité d’un dépistage efficace. Il est ainsi proposé de confier, en particulier aux sages-femmes, l’évaluation et le suivi psychologiques des femmes enceintes et des jeunes mères, en se fondant sur le questionnaire GEGA (Groupe d’études grossesse et addictions) complété par l’EPDS (Edinburgh postpartum depression scale), outils dont l’usage en France est trop limité.

Antoine Guedeney, université de Paris, hôpital Bichat, CESP, Inserm U 1178, Développement et affect, Paris

30 mars 2021