Certaines études ont suggéré que la prise de fer quotidienne pourrait diminuer la fraction de fer absorbée et augmenter les effets secondaires gastro-intestinaux. Pour disposer de données plus solides à ce sujet, des chercheurs suisses ont comparé la prise quotidienne à la prise alternée (1 comprimé par jour) de sulfate ferreux chez des femmes carencées en fer.
Dans cet essai monocentrique randomisé en double aveugle contre placebo, 150 femmes suisses âgées de 18 à 45 ans ayant des stocks de fer bas (ferritine sérique ≤ 30 µg/L) mais sans anémie modérée ou sévère (taux d’hémoglobine > 11 g/dL) ont été recrutées et randomisées en deux groupes. Un groupe recevait 100 mg de sulfate ferreux quotidiennement pendant 90 jours puis un placebo 1 fois par jour pendant 90 jours (N = 75 personnes) ; l’autre groupe prenait un jour sur deux pendant 180 jours la même dose de sulfate ferreux ou le placebo (N = 75). Les deux groupes étaient similaires en termes de caractéristiques démographiques et de taux de ferritine sérique. Les co-critères de jugement principaux était la ferritine sérique mesurée à 3 mois dans le groupe « prise quotidienne » et à 6 mois dans le groupe « prise alternée », et les effets indésirables gastro-intestinaux le jour de la supplémentation.
Un jour sur deux, c’est mieux !
Les résultats sont parus début novembre dans eClinicalMedicine. À des doses totales équivalentes de fer, les deux groupes avaient une ferritine sérique médiane similaire (43,8 µg/L dans le groupe « prise quotidienne » à 3 mois vs 44,8 µg/L pour la « prise alternée » à 6 mois), mais la prévalence de la déficience en fer à 6 mois était plus élevée dans le groupe traité avec une prise quotidienne de supplément ferreux (11,4 % vs 3,0 %, p-value = 0,049). De plus, l’incidence des effets indésirables gastro-intestinaux lors des jours de supplémentation (dont la nausée, la diarrhée et les douleurs abdominales) était significativement plus importante dans le groupe « prise quotidienne » que dans le groupe « prise alternée » (p-value < 0,0001).
Les auteurs soulignent toutefois que, à 3 mois, une administration un jour sur deux était associée à une absorption totale du fer réduite par unité de temps par rapport à une prise alternée, suggérant que cette modalité de prise n’est probablement pas optimale chez les femmes souffrant d’une anémie ferriprive symptomatique, nécessitant une reconstitution rapide des stocks en fer.
Néanmoins, chez la majorité des femmes ayant une carence en fer, la rapidité de réponse n’est pas critique, mais il est difficile de maintenir une bonne observance du fer par voie orale.
L’administration de fer un jour sur deux, mieux tolérée, peut donc accroître l’observance et l’efficacité du traitement.