Les fractures distales de l’avant-bras chez l’enfant sont des motifs fréquents de consultation. L’examen diagnostique de référence est la radiographie, mais l’échographie – non irradiante et mieux acceptée par les patients – pourrait-elle la remplacer ? C’est ce que montre le premier essai randomisé à ce sujet, qui vient de paraître dans le NEJM.

Si des essais non randomisés avaient déjà suggéré par le passé que l’échographie était une bonne alternative pour le diagnostic de ces lésions – offrant une précision comparable, sans irradiation et souvent préférée par les parents –, il n’existait pas des données de non-infériorité issues d’essais randomisés permettant de comparer les éventuelles différences sur le pronostic. C’est chose faite, grâce à une nouvelle étude randomisée australienne, ouverte et multicentrique.

Elle a été menée sur plus de 200 enfants et adolescents âgés de 5 à 15 ans (âge moyen : 10 ans) entre septembre 2020 et novembre 2021. Les participants, arrivant aux urgences pour une lésion isolée de l’avant-bras distal, sans déformation clinique visible, ont été randomisés 1 :1 pour avoir soit une radiographie soit une échographie, et ont ensuite été suivis pendant 8 semaines. Ils recevaient le traitement standard en fonction du diagnostic : pas de fracture, fracture en motte de beurre (attelle), ou autre fracture (réduction ou chirurgie, et immobilisation par plâtre), avec des soins antalgiques.

La récupération physique du bras à 4 semaines – autoévaluée par le patient et les parents – était le critère de jugement principal, appréciée grâce au score validé PROMIS (Pediatric Upper Extremity Short Patient-Reported Outcomes Measurement Information System). Celui-ci va de 8 à 40 – un score plus élevé indique une meilleure récupération de la fonction– et le seuil de non-infériorité était établi à 5 points.

Sur les 270 patients recrutés, les résultats, disponibles pour 262 d’entre eux, ont montré que le score PROMIS moyen dans le groupe « échographie » était non-inférieur à celui du groupe « radiographie » : 36,4 et 36,6 respectivement, soit une différence moyenne de 0,1 point. Les scores à 8 semaines montraient la même différence. L’analyse en intention de traiter a révélé les mêmes résultats. Par ailleurs, aucun diagnostic de fracture importante n’était manqué dans le groupe « échographie ».

Parmi les critères de jugement secondaires, la satisfaction des patients et des parents à 4 et à 8 semaines (évaluée par l’échelle Likert) était supérieure dans le groupe « échographie », et aucune différence n’a été observée entre les groupes concernant la douleur (aux semaines 1, 4 et 8). Enfin, il n’y avait pas de différence significative concernant les consultations ultérieures aux urgences.

Ces résultats montrent que le diagnostic d’une fracture distale de l’avant-bras est aussi précis avec une échographie qu’avec une radiographie, et que la récupération fonctionnelle du bras est identique quelle que soit la technique utilisée. Cet examen non irradiant pourrait donc devenir l’examen diagnostique de référence pour ce type de lésions dans le futur.

Pour en savoir plus
Snelling P, Jones P, Bade D, et al. Ultrasonography or radiography for suspected pediatric distal forearm fractures.  N Engl J Med 2023;388:2049-57.