« Les syndicats, c’est fait pour donner raison à des gens qui ont tort », disait Coluche. Corporatisme, divisions, manque de représentativité, liens d’intérêts, détachement de la « base » : les critiques ne manquent pas et résonnent dans l’actualité politique ; en ce qui concerne les médecins, 85 % des libéraux ne s’estimeraient pas correctement défendus par les structures actuelles, selon un sondage de décembre 2019.1

Qu’est-ce qu’un syndicat ?

Par définition, c’est une association de personnes qui travaillent pour représenter et défendre des intérêts professionnels communs.
Les précurseurs des syndicats locaux de médecins, dans les années 1830, avaient pour objectif d’instaurer une prévoyance mutuelle solidaire (en cas de maladie ou d’invalidité) mais aussi de lutter contre le charlatanisme, attribution confiée plus tard avec plus ou moins de succès à l’Ordre des médecins, créé en 1940. À la même période, la dissolution des syndicats médicaux fut annoncée, dans une certaine consternation.
Depuis la naissance du syndicalisme médical français en passant par sa renaissance après-guerre et jusqu’à aujourd’hui, revendications et idéologies ont évolué, dessinant une riche histoire, qui pourrait vraisemblablement inspirer une série télévisée divertissante.2 La défense des intérêts économiques, de l’identité libérale et de l’organisation des soins est venue s’ajouter aux objectifs initiaux des syndicats représentant les libéraux. Au travers de la convention médicale, les négociations des relations avec l’Assurance maladie ont pris une place importante dans les missions des structures représentatives au sens du code du travail (élues lors des élections aux unions régionales des professionnels de santé), avec pour ces syndicats des contreparties financières non négligeables selon leur participation (chaque année les syndicats signataires se partagent des fonds conventionnels, ≈ 2,7 millions versés par l’Assurance maladie pour ce travail).

Que leur reproche-t-on ?

Despotisme, autocratie, opacité, subordination politique, absence de représentativité : certaines critiques sont à déconstruire. La constitution et l’encadrement d’un syndicat et d’une intersyndicale sont régis par le code du travail, qui stipule notamment la libre constitution et la liberté d’adhésion.3 Le dépôt des statuts actualisés est obligatoire. Le code de la Sécurité sociale précise les modalités de représentativité des syndicats de médecins.4 Ces règles démocratiques fixées et transparentes appuient la légitimité des structures concernées, et dans l’idéal se veulent un terreau propice à l’expression des adhérents et à un dialogue fédérateur et constructif.
Rappeler ces éléments peut aider à mettre en perspective la dissonance entre la valeur d’une expression syndicale, collective et solide, et celle d’un individu ou groupe tiers, non moins utile ou pertinente en soi, mais dont la maturation (dans un esprit d’émulation) et le poids sont différents.
Enfin, il est impossible de parler pour celui qui ne s’engage pas à se faire entendre ou à participer… Les syndicats sont faits pour représenter et défendre les intérêts professionnels communs qui sont exprimés.
Encadre

ReAGJIR : représentatif des MG remplaçants et jeunes installés

Le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants est une intersyndicale fédérant 14 structures régionales créée en 2008, initialement pour apporter une réponse à la précarité de la prévoyance des jeunes professionnels.

ReAGJIR représente les remplaçants, les généralistes installés depuis moins de 5 ans (quel que soit leur mode d’exercice en soins primaires) et les jeunes universitaires de médecine générale. Son but est l’étude et la défense de leurs intérêts économiques, matériels et moraux, auprès de tous leurs interlocuteurs, et la promotion d’une dicipline indépendante et de qualité. Ses représentants sont bénévoles ; seule une indemnité de fonction est prévue dans les statuts pour le poste de président(e).

Reconnu représentatif des médecins généralistes remplaçants et jeunes diplômés en 2018, ReAGJIR participe en tant qu’observateur aux négociations conventionnelles, sans percevoir de subvention pour cela. Les statuts et la liste des structures adhérentes sont disponibles sur www.reagjir.fr.

Références
1. Le Quotidien du Médecin. Syndicats médicaux : trop nombreux, trop divisés !, jugent les lecteurs du « Quotidien ». https://bit.ly/31ijQfh
2. m-soigner.com. Le syndicalisme médical français : un paysage éclaté. https://bit.ly/2RTn7OR
3. Article L2131-1 et suivants du Code du travail (et dispositions antérieures du Livre IV).
4. Article R162-54 et suivants du code de la Sécurité sociale.

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