En France, 20 à 25 % de la population gé­nérale souffrent d’une maladie aller­gique. De 20 à 70 % correspondent à un syndrome associé pollen-aliment, majori­tairement dû aux grains de pollen d’arbres et de plantes anémophiles. Les symptômes se manifestent par une atteinte des mu­queuses nasale et orale (3 %), cutanées, gastro-intestinales, respiratoires (bron­chospasme, asthme), voire par des réac­tions systémiques anaphylactiques (1,7 %) en présence de cofacteurs (exercice phy­sique, anti-inflammatoires non stéroïdiens, aspirine, inhibiteurs de la pompe à pro­tons...). Certaines familles de protéines allergisantes sont bien caractérisées sur le plan moléculaire et clinique : la famille des PR-10 (pathogenesis-related proteins) dont le prototype est Bet v 1, allergène du pollen de bouleau, les profilines, les lipotransfé­rases non spécifiques PR-14, et les protéines thaumatin-like PR-5. La mise en évidence dans le pollen de cyprès d’un allergène de la famille des protéines régulées par la gibbérelline (gibberellin-regulated proteins [GRP]) [Cup s 7] est responsable du syn­drome pêche-cyprès par la primo-sensibi­lisation due au cyprès chez des patients allergiques à la pêche. Le premier allergène de la famille des snakin/GRP, la péamacléine ou Pru p 7, a été décrit en 2013 dans la pêche, puis dans d’autres fruits comme l’abricot japonais, l’orange et la grenade. Le réchauffement climatique induit une redistribution des espèces allergisantes comme les cupressacées vers les régions du nord ; en effet, il allonge la période de pollinisation du cyprès et est aussi un fac­teur important favorisant les pollutions atmosphériques, qui augmentent le pou­voir allergisant des pollens et la sensibilité des personnes atopiques.

Rémy Couderc, équipe « Allergie & Environnement », hôpital Armand-Trousseau, Paris

6 octobre 2020