Le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) a une forte prévalence : il concernerait 30 % des plus de 65 ans ; chez les patients ayant des pathologies cardiométaboliques, sa fréquence dépasse 50 %. Il est associé à un risque cardiovasculaire accru.
Indiqué notamment dans les cas sévères, le traitement par ventilation à pression positive continue (PPC) est contraignant. La mise au point d’un traitement pharmacologique est donc très attendue.
De récentes études chez l’humain ont suggéré l’efficacité de l’association d’un inhibiteur sélectif de la recapture de la noradrénaline comme l’atomoxétine et d’un antimuscarinique comme l’oxybutynine ou la R-oxybutynine (énantiomère pur supposé avoir un meilleur profil de sécurité que l’oxybutynine) pour diminuer la sévérité de l’apnée du sommeil. Pour en savoir plus, des chercheurs américains ont réalisé une étude comparant le placebo au traitement oral AD109 (R-oxybutynine 2,5 mg ou 5 mg et atomoxétine 75 mg), l’essai MARIPOSA.
Des résultats encourageants…
Cet essai de phase II contre placebo en double aveugle a inclus 211 patients adultes (18 - 65 ans) ayant un IMC ≤ 38 pour les hommes et ≤ 40 pour les femmes, avec un indice d’apnées hypopnées (IAH) de 10 à 45 d’après deux polysomnographies, ne travaillant pas de nuit, sans autre trouble du sommeil ni maladie cardiaque active connue.
Les participants ont été randomisés suivant un ratio 2 :2 :3 :3 dans quatre groupes pour recevoir chaque soir pendant 4 semaines : un comprimé d’AD109 2,5 - 75 mg (N = 42 patients), ou d’AD109 5 - 75 mg (N = 41), ou d’atomoxétine 75 mg seule (N = 64) ou de placebo (N = 64). Les groupes étaient similaires en termes d’âge, IMC moyen et proportion d’utilisation de PPC. Le critère de jugement principal était le changement d’IAH entre le début de l’étude et les semaines 3 à 4 de traitement dans les groupes AD109 et par rapport au placebo.
Les résultats de l’essai sont parus dans la revue AJRCCM. Ils montrent un IAH médian divisé par deux dans les groupes traités par AD109 : il passe de 20,5 à 10,8 dans le groupe AD109 2,5 - 75 mg, et de 19,4 à 9,5 dans le groupe AD109 5 - 75 mg (si les écarts interquartiles se chevauchent entre les valeurs pré- et post-traitement, il y a une amélioration significative par rapport au placebo, avec une p-value < 0,0001).
L’amélioration par rapport au placebo est moins nette mais reste significative pour le groupe traité par atomoxétine seule (p-value < 0,01). Les événements indésirables les plus fréquents de l’AD109 étaient une sensation de bouche sèche, une insomnie et une rétention urinaire. Pour les auteurs, ces résultats montrent l’intérêt clinique de l’AD109 dans le traitement du SAHOS et justifient la mise en place d’études de phase III pour confirmer son efficacité.