La prévalence du syndrome post-réanimation ayant augmenté pendant la pandémie de Covid, la HAS a élaboré des recommandations pour sa prévention, son dépistage et sa prise en charge, donnant un rôle central au médecin traitant.

Le syndrome post-réanimation (post-intensive care syndrome, PICS) correspond à la persistance de symptômes pendant plusieurs mois voire années après une hospitalisation en réanimation : physiques (environ 40 % des patients), psychologiques ou psychiatriques (20 à 35 %), cognitifs (20 à 50 %).

Fréquent (plus de la moitié des patients à 3 mois), ce syndrome a des répercussions significatives sur la qualité de vie, l’autonomie et la réinsertion socioprofessionnelle : 12 mois après leur sortie de réanimation, entre 30 et 45 % des patients atteints ne sont pas en mesure de reprendre leur activité professionnelle.

Par ailleurs, les proches de ces patients peuvent également avoir des symptômes, principalement d’ordre psychologique et psychiatrique : on parle de PICS Family.

La HAS vient de publier des recommandations pour la prévention, le dépistage et la prise en charge des patients atteints de PICS et de leurs proches. Au-delà de la prévention du PICS et de l’identification des patients les plus à risque avant et pendant le séjour en réanimation, le médecin traitant a un rôle à jouer dans le repérage des patients atteints de PICS dans les mois suivant la sortie de l’hôpital.

Repérer un PICS en médecine de ville

Le dépistage du PICS chez les patients à risque concerne tous les professionnels de santé amenés à voir le patient dans l’année qui suit l’admission en réanimation. Une évaluation clinique structurée et répétée dans le temps est recommandée, tout d’abord à l’hôpital (avant la sortie de réanimation puis au moment de périodes clés de transition et avant le retour à domicile) puis en ville dans les 3 mois à 6 mois qui suivent le retour à domicile (en présentiel ou par téléconsultation).

Le diagnostic de PICS est évoqué devant l’apparition de novo ou l’aggravation d’un ou plusieurs des symptômes ci-dessous, au décours de l’hospitalisation en réanimation ou jusqu’à 12 mois après, voire au-delà :

  • symptômes physiques en rapport avec des atteintes musculaires, neurologiques, ostéoarticulaires, cutanées, ORL, respiratoires, cardiovasculaires, rénales et des atteintes d’ordre général (dénutrition, dyspnée, asthénie, douleur) pouvant aboutir à un déconditionnement, une diminution des capacités à l’effort et/ou à une fatigabilité ;
  • symptômes psychologiques et/ou psychiatriques : troubles anxieux, dépressifs, de stress post-traumatique ;
  • symptômes cognitifs : des difficultés de mémoire, d’attention, de compréhension et des troubles des fonctions exécutives…

Outre l’interrogatoire et l’examen clinique, les praticiens peuvent s’aider de plusieurs scores et échelles pour le dépistage du PICS, notamment en médecine générale (v. tableau).

Le PICS Family est évoqué en cas d’apparition ou d’aggravation de symptômes psychologiques et/ou psychiatriques (troubles anxieux, dépressifs ou de stress post-traumatique) chez les proches et les aidants, selon les mêmes temporalités que le PICS. Ces symptômes peuvent entraîner des conséquences familiales, sociales et professionnelles.

Quel suivi ?

En fonction de la nature et de la gravité des symptômes, les patients sont orientés vers les filières de prise en charge adéquates : psychologues, psychiatres, kinésithérapeutes, spécialistes d’organe, orthophonistes, etc. Le suivi ambulatoire peut être coordonné autour du médecin traitant pour la plupart des patients.

Si la HAS recommande que le dépistage et le suivi soient initiés et coordonnés dès l’hospitalisation en réanimation ou au plus tard avant la sortie à domicile par un professionnel de santé hospitalier désigné (médecin réanimateur ou de MPR sensibilisé aux PICS et disposant des informations sur le patient et son séjour en réanimation), l’objectif est toutefois de transférer la coordination vers le médecin traitant dès que possible : ainsi, la bonne transmission des informations au cours du parcours de soins est indispensable (courrier de sortie systématiquement adressé au médecin traitant et à tout autre professionnel concerné, avec copie remise au patient ; prise de contact entre le médecin traitant et le coordonnateur hospitalier…).

Le retour à l’état d’autonomie antérieur et la réinsertion socioprofessionnelle, lorsqu’ils sont possibles, sont les objectifs clés de la prise en charge. Cette réinsertion socioprofessionnelle est gérée, le cas échéant, par une mise en relation avec les services sociaux et/ou la médecine du travail (visite de pré-reprise) et/ou une orientation vers la MDPH le cas échéant.

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