Auparavant réservée aux médecins hospitaliers, la prescription de spécialités à base de méthylphénidate est, depuis le 13 septembre, ouverte à certains spécialistes exerçant en ville. Ce qu’il faut savoir, en pratique : rôle du MG, surveillance, contre-indications…

 

Afin d’améliorer la prise en charge précoce du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), la prescription initiale de méthylphénidate (Médikinet, Quasym, Ritaline, Ritaline LP, Concerta et génériques) n’est plus réservée aux praticiens hospitaliers.

Modalités de prescription

– Désormais possible par des médecins spécialistes en ville : neurologues, psychiatres ou pédiatres.

– Prescription initiale annuelle.

– En conformité avec la réglementation des stupéfiants : sur ordonnance sécurisée, manuscrite, en toutes lettres, mentionnant la pharmacie qui dispensera le traitement (condition pour la prise en charge par l’Assurance maladie), précisant une durée maximale de 28 jours par renouvellement.

– Renouvellement possible par tout médecin au cours de l’année.

Quand envisager le traitement médicamenteux ?

Le TDAH est l’un des troubles mentaux les plus fréquents chez les enfants et adolescents. Le diagnostic est clinique, fondé sur l’entretien et l’observation, en tenant compte de plusieurs sources (patient, famille, école...). Ses tableaux cliniques peuvent être dominés par une hyperactivité et une impulsivité, ou une inattention, ou une combinaison des deux. Ses conséquences sont multiples : échec scolaire, isolement social, dommages corporels, comportements oppositionnels/agressifs... Pour que le diagnostic soit retenu, les symptômes doivent être suffisamment nombreux, observés dans différentes situations (domicile, école…) et avoir un retentissement fonctionnel. Il doit être établi sur les critères du DSM-V (v. tableau).

Tableau

La psychoéducation de l’enfant et des parents et les interventions environnementales visant à limiter ce retentissement sont à envisager de façon systématique. Lorsque celui-ci est modéré à sévère, ou persistant malgré ces mesures, le méthylphénidate est le traitement médicamenteux de première intention, indiqué à partir de l’âge de 6 ans, dans une prise en charge globale (incluant donc des mesures psychologiques, éducatives et sociales).

Quelle surveillance ?

L’introduction du traitement doit être progressive, afin d’améliorer la tolérance et de trouver la dose minimale efficace. L’augmentation de dose se fait tous les 4 à 7 jours, si la tolérance est bonne et l’efficacité insuffisante (les doses efficaces se situent entre 0,3 et 1,5 mg/kg/j). Tolérance et efficacité sont évaluées à chaque adaptation de dose, puis à intervalles réguliers.

En raison de ses nombreux effets secondaires, le traitement par méthylphénidate impose une surveillance clinique régulière (poids, tous les 3 mois ; taille, fréquence cardiaque, pression artérielle, tous les 6 mois...).

Attention aux contre-indications chez l’enfant : HTA modérée à sévère, pathologies cardiaques symptomatiques, troubles cérébrovasculaires (dont AVC, anomalies vasculaires…), hyperthyroïdie, phéochromocytome. En cas d’antécédents psychiatriques personnels ou familiaux, le rapport bénéfice-risque doit être attentivement évalué initialement et au cours des consultations de suivi. L’indication du traitement par psychostimulants doit être réévaluée au moins une fois par an.

Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien

Pour en savoir plus :

Amiel C, Purper-Ouakil D. Quelle prescription des psychostimulants chez l’enfant ? Rev Prat 2020;70(5);509-13.

Paitraud D. TDAH : la prescription de méthylphénidate peut désormais être initée en ville.Vidal 23 septembre 2021.

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