Après les trois confinements mis en place pendant la pandémie, l’activité professionnelle des Français s’est profondément modifiée, avec une augmentation massive du télétravail. Aujourd’hui encore, le télétravail régulier s’inscrit dans la durée, notamment avec le développement du travail « hybride ».
D’après des études récentes, le télétravail peut être à l’origine d’une sédentarité accrue, d’adoption de postures du tronc prolongées et inconfortables ou encore d’une augmentation des risques psychosociaux, comme l’isolement social, qui influencent la survenue et l’évolution de la lombalgie.
Pour mieux comprendre les liens complexes entre les conditions de télétravail, la symptomatologie dépressive et la survenue de lombalgie, Santé publique France a conduit une étude sur la base d’un panel de l’enquête CoviPrev1 menée en population générale entre juin et juillet 2021.
9 % des télétravailleurs à temps plein ont signalé une lombalgie
L’étude a porté sur près de 1 500 travailleurs indemnes de lombalgie au début du 3e confinement. Pour mesurer les conséquences du télétravail sur la santé, plusieurs variables ont été prises en compte, telles que le nombre de jours télétravaillés, le niveau de satisfaction vis-à-vis des conditions de télétravail, le genre, l’âge et la corpulence.
Les résultats montrent que :
- Le nombre de jours par semaine de télétravail (quotité) semble avoir un effet sur la survenue de lombalgie : la prévalence de la survenue de lombalgie passe de 9 % pour le télétravail à temps plein à 5 % pour le travail hybride (télétravail à temps partiel), comme montré dans la figure.
- Les conditions matérielles de télétravail et la quotité de télétravail influencent le niveau de satisfaction vis-à-vis des conditions de travail en télétravail.
- La satisfaction vis-à-vis des conditions de travail en télétravail diminue le risque de symptomatologie dépressive et de survenue de la lombalgie. De plus, la présence d’une symptomatologie dépressive augmente le risque de survenue de la lombalgie.
Ces résultats, obtenus lors du 3e confinement, mettent donc en évidence l’importance des conditions matérielles de télétravail (pièce dédiée, second écran, clavier, chaise de bureau) mais également de certains aspects d’organisation du travail, tels que la quotité de télétravail hebdomadaire, pour réduire les répercussions du télétravail sur la santé.
Quels leviers pour réduire l’impact du télétravail sur la santé ?
Santé publique France propose :
- Encourager les employeurs, en lien avec les services de santé au travail, à prendre des mesures afin de réduire l’effet négatif des nouvelles organisations du travail, en s’appuyant sur les ressources des acteurs de la prévention, nationaux et régionaux (Anact-Aract, INRS, Carsat, MSA…).
- Fournir un matériel adapté pour le domicile (mobilier, écran à hauteur réglable…).
- Diffuser des recommandations ergonomiques pour l’aménagement des postes de travail afin d’améliorer l’ergonomie du poste de travail et la satisfaction des conditions de travail.
- Veiller à la quotité de télétravail mise en œuvre et encourager la prise de pauses régulières pour faciliter le mouvement et lutter contre les postures assises prolongées.