Après cette année de confinements répétés, nombreux sont les Français qui ont décidé de « se mettre au vert » pendant l’été et de s’adonner aux plaisirs du jardinage et des cultures potagères. Mais comme toute activité, elles exposent à certains risques…
Tétanos : encore de cas en France !
Le risque de contracter une maladie infectieuse au cours d’une activité de jardinage est rare mais peut être grave. En effet, le tétanos, dû à un bacille anaérobie, Clostridium tetani, naturellement présent dans le sol, est une infection aiguë et grave nécessitant souvent une prise en charge en service de soins intensifs. La contamination est possible par un objet tranchant (même si la plaie d’entrée est minime), par une épine de plantes (rosiers), par une simple écharde ou encore par une simple égratignure de la main en manipulant de la terre.
En France, en raison de la politique vaccinale, l’incidence et la mortalité baissent régulièrement depuis 1960 (figure ci-dessous). Toutefois, certaines personnes réussissent à « échapper » au vaccin et, ces dix dernières années, entre 1 et 10 cas ont été répertoriés chaque année, soit entre 0,01 et 0,5 cas par million d’habitants par an. Sur 52 cas déclarés pendant cette période, 70 % avaient plus de 70 ans, avec une incidence plus élevée chez la femme (0,33) que chez l’homme (0,06) (tableau ci-dessous). La létalité globale a été de 27 %, mais s’est élevée à 33 % à partir de 70 ans.
Figure. Incidence et mortalité du tétanos en France (Inserm)
Tableau. France : nombre de cas déclarés de tétanos et incidence annuelle (d’après Santé publique France).
Il est donc fondamental de vérifier l’état des vaccinations. En pratique, le vaccin diphtérie-tétanos-poliomyélite-coqueluche doit être effectué, chez l’adulte, tous les 20 ans, à partir de l’âge de 25 ans puis tous les 10 ans à partir de 75 ans.
En cas de blessure suspecte, il faut laver la plaie à grande eau puis la désinfecter à l’alcool à 90° ou à la Bétadine et la couvrir avec une pommade antibiotique. En l’absence de notion de vaccination à jour, une sérovaccination est conseillée. Cette maladie reste encore très fréquente dans les pays tropicaux.
Jardiner dans un potager
Certes, on peut être certain que les légumes de son propre potager sont produits sans pesticides. Mais souvent on travaille dans son potager accompagné de son chien, qui profite de la liberté de la campagne pour émettre ses selles au hasard des rangs de légumes. Si par hasard, le chien est porteur de parasites (ascaris), le sol est contaminé, ce qui peut se retrouver sur les légumes.
Donc, d’une façon générale, les fruits et légumes doivent être bien lavés avant d’être consommés, même provenant de son propre jardin.
Autres risques (non infectieux) : allergique, toxique, traumatique
L’intoxication accidentelle par ingestion de produits phytosanitaires (utilisés pour le traitement des fleurs et des plantes) est souvent source d’appel aux services d’urgences.
Certains de ces produits, comme le Paraquat, sont interdits à la vente (mais il est facile de se les procurer sur internet ou dans les pays voisins), et chaque année des personnes se suicident en avalant ces produits, qui provoquent de graves brûlures de l’œsophage avec une évolution très souvent fatale.
Il y a aussi le risque d’intoxication par ingestion involontaire de plantes toxiques comme le fruit du houx, les feuilles de digitale, de laurier rose ou de rhododendrons. Une réaction allergique étant souvent impliquée, on conseille de prendre un traitement (Aerius, Inorial, Bilaska…) si possible dès le début de la réaction.
Autre source de réaction allergique : un contact avec des chenilles processionnaires du pin (en hiver) ou du chêne (au printemps). Les poils microscopiques de ces animaux contiennent des protéines urticantes, même si la chenille est morte, responsables de conjonctivite, d’urticaire (figure ci-dessous) ou de toux, survenant dans les 2 heures suivant une exposition. Il faut donc éviter de s’approcher d’un arbre contenant de telles chenilles. En cas de contact avec ces dernières, il faut éviter de se frotter les yeux ; le traitement de la réaction allergique est classique : antihistaminiques en cas de prurit, corticoïdes et éventuellement β2-mimétiques de courte durée d’action en cas d’atteinte respiratoire.
Enfin, il ne faut pas oublier le risque traumatique (le plus fréquent) : tondeuse, tronçonneuse, doivent être manipulées uniquement par des adultes. Avant tout geste de vérification ou d’entretien, ces engins doivent être mis en arrêt complet. En cas de matériel électrique, attention aux rallonges qui traînent sur le sol. Comme le matériel coupant (sécateur, cisaille) ou éventuellement traumatisant (fourche, râteau), ils doivent être rangés hors de portée des enfants.
Pr Patrice Bourée, Institut Alfred-Fournier, 75014 Paris.
Pour en savoir plus :
Soula M. Un poil urticant… Réaction urticante aux chenilles processionnaires.Rev Prat Med Gen 2010;24(849);758.