Les tiques évoluent en trois phases : larve, nymphe et adulte, le passage à chaque stade nécessitant un repas sanguin. En pays tropical, les tiques sont porteuses de nombreuses agents pathogènes (bactéries telles Borrelia, Anaplasma, Rickettsia, parasites comme Babesia et Theileria, virus causant la fièvre de Crimée-Congo, l’encéphalite à tiques...). En Europe, les risques sont surtout la fièvre pourprée méditerranéenne, la babésiose, ou encore la borréliose de Lyme.
Principaux risques infectieux liés aux piqûres de tiques en France
La fièvre boutonneuse méditerranéenne, rencontrée dans le sud de la France et due à Rickettsia conorii, se manifeste par un syndrome grippal associé à une fièvre éruptive. La confirmation est apportée par le sérodiagnostic ; les cyclines sont efficaces dans cette indication.
La babésiose, due à Babesia microti, rare et observée essentiellement chez les sujets splénectomisés, provoque un syndrome pseudopalustre avec des pics fébriles à 40 °C et une anémie hémolytique. Le diagnostic est établi sur le frottis sanguin, qui retrouve les parasites intra-érythrocytaires en « croix de Malte », et par la PCR. Le traitement repose sur l’atovaquone et l’azithromycine.
La borréliose de Lyme, due à Borrelia burgdorferi, se manifeste par une large plaque érythémateuse(fig. 1) à l’endroit de l’implantation de la tique, qui apparaît dans les jours suivant la morsure. Le diagnostic est essentiellement clinique, la sérologie étant encore négative à ce stade. Un traitement par cyclines pendant 3 semaines est nécessaire et suffisant. La confirmation est apportée par la sérologie au bout de 1 mois ; celle-ci reste positive, comme cicatrice sérologique, pendant plusieurs mois ou années, sans justifier un nouveau traitement. La maladie de Lyme « chronique » est très discutée et est surtout le prétexte à des associations thérapeutiques longues, diverses et coûteuses, qui n’ont pas montré de résultats très probants.
Comment prévenir les piqûres ?
Bien que le risque de piqûre de tiques soit souvent associé aux promenades en forêt, il existe également dans les jardins, où auraient lieu un quart des piqûres selon l’Anses.
Si, lors des promenades, il faut donc éviter de marcher au milieu des herbes hautes, des buissons et des branches basses (et privilégier les chemins balisés), dans les jardins il est utile de couper l’herbe autour des habitations et de supprimer tas de branches et bois mort pour limiter les populations de rongeurs, ainsi que d’implanter des barrières efficaces (pour maintenir le grand gibier à distance, notamment les cervidés qui sont les hôtes privilégiés des tiques femelles adultes).
En prévention primaire, le port de vêtements couvrants est la meilleure protection, de couleur claire de préférence (pour mieux repérer les tiques sur la surface du tissu) : chemise, pantalon long mis dans les chaussettes, voire guêtres, et chaussures fermées.
Que faire en cas de piqûre ?
L’inspection du corps doit être minutieuse au retour d’une activité à risque, car la douche n’élimine pas les tiques : bien examiner le cuir chevelu et les oreilles, surtout chez les enfants.
En cas de piqûre, pratiquer une extraction mécanique, à la pince fine ou au tire-tique (fig. 2) ; pas d’éther, huile ou vernis qui, en étouffant la tique, risquent de provoquer une régurgitation du contenu digestif, donc de favoriser la transmission de maladies infectieuses, notamment la borréliose. Si la fixation est récente, l’extraction est aisée ; elle doit être la plus précoce possible. Les bactéries et les parasites sont en effet transmis dans un délai de 12-24 heures (temps de migration vers les glandes salivaires ou temps de maturation), mais les virus le sont immédiatement.
Après extraction, bien désinfecter la plaie, s’assurer que la vaccination antitétanique est à jour, se laver les mains et surveiller la zone piquée pendant plusieurs semaines afin de détecter un érythème migrant, signe de borréliose de Lyme. Tout syndrome fébrile après piqûre doit faire consulter.
Après une piqûre de tique, il n’y a pas d’indication de sérodiagnostic de Lyme ni d’antibiothérapie. Aucune vaccination n’existe contre les « maladies à tiques », sauf contre l’encéphalite à tiques (très rare en France : incidence moyenne de 20 cas par an).
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