La prise en charge de l’arthrose du genou repose sur des traitements médicamenteux associés à des mesures non pharmacologiques. Pourtant, ces dernières sont souvent perçues comme inefficaces voire délétères par les soignants. Après analyse de la littérature, la Société française de rhumatologie a fait le point sur les stratégies qui ont fait (ou non) leurs preuves (mesures hygiénodiététiques, orthèses, laser, thérapies électromagnétiques…) afin de guider les médecins dans leur pratique.
Après la publication de nouvelles recommandations fin 2020 sur la prise en charge médicamenteuse de la gonarthrose, la Société française de rhumatologie (SFR) prépare celles sur les traitements non médicamenteux en partenariat avec la Société française de médecine physique et de réadaptation ; non encore publiées, elles ont été présentées au congrès de rhumatologie en 2021, et évoquées également lors de notre congrès de médecine générale en 2022, par le Dr Alice Courties (service de rhumatologie, hôpital Saint-Antoine, Paris).
La prise en charge optimale de la gonarthrose doit en effet toujours associer une prise en charge non médicamenteuse aux mesures pharmacologiques, avec un accompagnement pluridisciplinaire (professionnels de santé et de l’activité physique). Elle doit être conçue de façon personnalisée, en tenant compte des préférences et besoins du patient (douleurs, raideurs, épanchement, évolution aiguë/chronique, localisation mono/polyarticulaire, comorbidités…).
L’adhésion à long terme à ces mesures non pharmacologiques, favorisée par l’éducation du patient et l’acquisition de techniques d’autogestion, est ainsi déterminante pour le succès de la prise en charge, et nécessite des réévaluations régulières.
Perte de poids
La perte pondérale est le traitement essentiel de la gonarthrose (et aussi de la coxarthrose) ; il a été démontré qu’il est le seul capable de protéger l’articulation.
Ainsi, en cas de surpoids ou d’obésité, une perte d’au moins 5 % du poids corporel doit être proposée (supervisée par des professionnels de santé dans un cadre pluriprofessionnel), tout en veillant à éviter la perte de poids rapide (donc les régimes très bas en calories) : c’est le maintien de la perte pondérale dans le temps qu’il faut viser.
Cette mesure doit être couplée à l’activité physique.
Activité physique
Des exercices physiques réguliers, dynamiques et globaux, à « sec » et/ou en milieu aquatique, ciblant les membres inférieurs, sont à proposer systématiquement.
Un programme d’activité physique adaptée (APA) peut être prescrit (se référer aux recommandations de la HAS sur le « sport sur ordonnance ») : une association d’exercices ciblés de renforcement musculaire, de gain de mobilité articulaire et de proprioception à des exercices non spécifiques d’endurance et de renforcement musculaire est proposée en première intention. Les mobilisations articulaires doivent être intégrées au programme d’activité physique, notamment pour lutter contre le raidissement.
L’APA peut ainsi être prescrite sous forme d’un programme structuré – 2 à 3 séances par semaine de 45 à 60 minutes –, dispensé par un professionnel de l’APA (kinésithérapeute, ergothérapeute, psychomotricien…) ; pratiquée initialement sous supervision, elle peut ensuite évoluer vers la pratique en autonomie. La prescription d’activité physique s’accompagne de conseils pour réduire le temps passé en sédentarité.
En particulier, la marche, à raison d’au moins 6 000 pas/jour, est préconisée : il a été montré qu’elle limite l’aggravation fonctionnelle et des symptômes de la gonarthrose à 2 ans.
Pour ce type d’activités – et de façon générale –, des chaussures stables à semelles amortissantes, procurant un bon support de la voûte médiale sont recommandées (éviter les chaussures flexibles à semelles plates). En l’absence de trouble statique du pied, des semelles orthopédiques ne sont pas indiquées.
À noter : la poussée congestive de l’articulation arthrosique est une contre-indication à l’activité physique, car elle peut s’accompagner d’une chondrolyse. Elle nécessite un repos relatif de l’articulation, associé aux autres traitements médicamenteux et non médicamenteux habituels.
Orthèses et aides matérielles
La prescription d’une orthèse articulée de décharge unicompartimentale peut être proposée en cas de douleurs prédominant sur un compartiment fémoro-tibial, avec un suivi de l’observance indispensable (5 h/jour).
En revanche, les bandes adhésives de contention ou les orthèses souples ne doivent pas être proposées (pas de preuve décisive d’efficacité sur la douleur ou la fonction, ni en association aux exercices).
Enfin, le port d’une canne peut être proposé pour soulager les douleurs et/ou améliorer la marche (port du côté controlatéral à la douleur).
Autres mesures encore à évaluer…
Des interventions comme l’acupuncture et les cures thermales pourraient être proposées à visée antalgique non spécifique – lorsque la gonarthrose est associée à des douleurs diffuses chroniques –, comme traitement complémentaire et en association à l’activité physique, mais peu d’études de bonne qualité sont disponibles.
Ne sont pas recommandées, en l’absence de preuves décisives d’efficacité, des mesures de physiothérapie antalgique telles que l’électrothérapie, la thermothérapie, la thérapie par ondes de choc, le laser et les thérapies électromagnétiques.
Nguyen C, Pers YM, Rannou F, et al. Traitement non-pharmacologique dans la gonarthrose. SOFMER et SFR. 16 décembre 2021.
Intervention du Dr Alice Courties aux JNMG 2022 : « Quelles perspectives thérapeutiques dans l’arthrose ? » (à visionner en rediffusion sur ce lien).
HAS. Arthroses périphériques. Prescription d'activité physique. 13 juillet 2022.