Affection inflammatoire chronique, polymorphe qui touche 2 à 3 % de la population. Prédisposition génétique dans 30 % des cas.
évolution imprévisible, poussées induites par le stress et l’environnement : infections (surtout streptococciques), médicaments (bêtabloquants, lithium, IEC, interféron, anti-TNFα), traumatismes.
Complications : locales par surinfection, eczématisation, plus ou moins liées au traitement topique.
Entretien par des facteurs de gravité et de résistance au traitement : tabac, alcool, surpoids ou obésité.
Risque cardiovasculaire accru.
Traitement adapté à : forme clinique, étendue, gravité, retentissement, rhumatisme psoriasique associé, comorbidités.

Physiopathologie

Hyperprolifération kératinocytaire par inflammation cutanée chronique, renouvellement épidermique accéléré. Les kératinocytes synthétisent : peptides antimicrobiens, facteurs de croissance, chimiokines qui amplifient la réponse inflammatoire.
Activation des lymphocytes T naïfs (cellules dendritiques) via des cytokines pro-inflammatoires (IL-12, IL-23). Devenus des lymphocytes Th1 et Th17 effecteurs, ils produisent : interféron γ, TNFα, IL-17 et IL-22.

Diagnostic

Classiquement : plaques sèches érythémato- squameuses et symétriques siégeant préférentiellement aux coudes, genoux, région lombo-sacrée et faces d’extension des membres. Lésions uniques ou plus souvent multiples. L’atteinte du cuir chevelu, courante, n’est pas alopéciante. Prurit fréquent mais rarement insomniant.
Formes potentiellement graves : érythrodermique (plus de 90 % de la surface corporelle), pustuleuse (aiguë, aseptique, iatrogène médicamenteuse, avec signes généraux), rhumatismale (arthrite périphérique séronégative – doigts en saucisse évocateurs – ; axiale dans 15 % des psoriasis en plaques).
Examens complémentaires : aucun n’est nécessaire au diagnostic, sauf doute (biopsie cutanée). Utiles à la gradation de l’atteinte articulaire (radiographies) et au bilan préthérapeutique (contre-indications au traitement systémique).

Évaluation de la sévérité

Peut recourir à des échelles : surface corporelle touchée (BSA), intensité des lésions et degré d’infiltration (PGA ou PASI).
Retentissement sur la qualité de vie, non proportionnel à la gravité objective : localisation invalidante (paumes, plantes), vécu personnel et professionnel, etc. Le score DLQI (Dermatology Life Quality Index) s’obtient en 5 minutes de consultation.
Traitement local
Suffisant dans les psoriasis légers à modérés : surface corporelle concernée < 10 %.

Dermocorticoïdes

Molécules de référence, diverses galéniques : crème, pommade, shampooing/lotion, spray.
Préférer les formes à activité forte ou très forte (classes I ou II).
Application : 1 x/j jusqu’à disparition des plaques. En cas de résistance : augmenter la pénétration par pansement occlusif ou film plastique.
Pas d’arrêt brutal, préférer une décroissance lente.

Analogues de la vitamine D

Activité comparable aux corticoïdes locaux (auxquels ils peuvent être associés – Daivobet, Enstilar), plus lente mais sans risque d’atrophie dermo-épidermique : calcipotriol (Daivonex), alcitriol (Silkis).
Application : 1 à 2 x/j selon la molécule ; ne pas dépasser 100 g/semaine.

Autres

émollients : à distance des dermocorticoïdes, contre le prurit.
Acide salicylique : décape l’hyperkératose. Fréquemment associé aux dermocorticoïdes (Diprosalic, Nérisalic).
Inhibiteur de la calcineurine topique (hors AMM) (tacrolimus, Protopic) : immunosupresseur local (visage et plis).
Photothérapie
Indiquée en cas de lésions disséminées.
En cabine : puvathérapie (UVA après prise de psoralène photosensibilisant) ; UVB à spectre étroit (TL01).
Cures d’une vingtaine de séances sous contrôle dermatologique (compte des doses) en raison du risque carcinogène.
Rémission dans 80 % des cas. Effet potentialisé par l’association à l’acitrétine.
Contre-indication : phototype clair, antécédent de cancer cutané, lupus.
Pas de traitement d’entretien.

Thérapie systémique conventionnelle

Seulement en cas d’échec des interventions locales, pour les formes modérées à sévères et si atteinte rhumatismale.

Acitrétine (Soriatane)

Rétinoïde per os contre-indiqué chez la femme enceinte (tératogène).
Si en âge de procréer : test de grossesse négatif avant traitement (répété tous les mois), contraception efficace.
éviter une grossesse pendant 2 ans après la fin du traitement.
Autre effet indésirable : sécheresse cutanéo- muqueuse (corrigée par sticks, larmes artificielles).

Méthotrexate

Traitement de référence du psoriasis en plaques sévère et du rhumatisme psoriasique.
Voies orale (Novatrex, Imeth) ou sous-cutanée (Metoject, Nordimet) : 1 fois par semaine.
Rémission obtenue en 3 mois pour 30 à 40 % des patients.
Tératogène : contraception efficace avant, pendant et 3 mois après l’arrêt.
Ajouter de l’acide folique pour diminuer les effets secondaires.
Surveillance biologique régulière : NFS, bilan hépatique.

Ciclosporine (Neoral)

Immunosuppresseur, prescription limitée à 2 ans : traitement d’induction à toxicité rénale (baisse du débit de filtration) et vasculaire (HTA).
Privilégier l’administration séquentielle : 6 mois.
Contre-indications : HTA non contrôlée, insuffisance rénale, infection chronique, néoplasie.
Efficace dès le premier mois pour deux tiers des patients (blanchiment à 75 % en 3 mois).
Immunomodulateurs oraux

Aprémilast (Otezla)

Inhibiteur de la phosphodiestérase 4 : indiqué chez l’adulte en 2e intention si échec, intolérance ou contre-indication des thérapies conventionnelles : ciclosporine, méthotrexate, puvathérapie.
Prescrit par un dermatologue, rhumatologue ou interniste.
Efficacité modeste, équivalente à l’acitrétine, inférieure au méthotrexate. Voie orale.
Toxicité : diarrhée ++ ; alerte de pharmacovigilance pour aggravation de dépression.

Biothérapies

Pour les formes modérées à sévères avec altération de la qualité de vie, quand la stratégie conventionnelle bien conduite a échoué.
Prescription initiale hospitalière, renouvelée par un dermatologue, rhumatologue ou interniste.
Ciblent les différentes voies d’activation inflammatoire cellulaire.

Anti-TNFα

Blanchiment à 75 % pour les trois quarts des patients. Très efficaces contre un rhumatisme psoriasique associé.
étanercept (Enbrel, Benepali) : sous-cutané, inhibiteur du récepteur du TNFα.
Infliximab (Remicade, Remsima, Inflectra) : intraveineux, inhibiteur direct du TNFα.
Adalimumab (Humira) : sous-cutané, inhibiteur direct du TNFα.
Effets indésirables : infections sévères bactériennes (tuberculose réactivée ++) ou virales (hépatites), risque néoplasique discuté. à prévenir par un bilan préthérapeutique (germes latents, vaccins).

Anti-interleukines

Efficacité proche des anti-TNFα, risque tuberculeux moindre.
IL-12 et IL-23 : ustékinumab (Stelara). Efficacité supérieure à celle de l’étanercept.
IL-17 : sécukinumab (Cosentyx) et ixékizumab (Taltz). Efficacité de blanchiment supérieure à celles des autres biothérapies. Indiqués en cas d’échec à au moins 2 traitements conventionnels parmi lesquels : méthotrexate, ciclosporine, acitrétine, photothérapie.
Sous surveillance pharmacologique accrue. Prudence en cas de pathologie ou facteurs de risque cardiovasculaires.
Inhibiteur sélectif de l’IL-23 : innovation prochaine.

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