Depuis la découverte du caractère transmissible des maladies à prions (maladie de Creutzfeldt-Jakob, maladie de la vache folle, encéphalopathie spongiforme, par greffe de dure-mère, utilisation en France d’hormone de croissance extraite du cerveau du cadavre de personnes âgées, « kuru », encéphalopathie dégénérative chez les aborigènes de Nouvelle-Guinée après des rites anthropophagiques mortuaires), on soupçonne d’autres maladies neurodégénératives d’être transmissibles. La maladie d’Alzheimer est caractérisée par des dépôts cérébraux de peptide β-amyloïde (Aβ, sous la forme de plaques et angiopathie amyloïdes) et de protéines tau hyperphosphorylées (dégénérescences neurofibrillaires, fibres tortueuses, couronnes de prolongements cellulaires dilatés autour des plaques amyloïdes neuritiques). Plusieurs études épidémiologiques suggèrent 76 cas de transmission iatrogène des dépôts β-amyloïdes chez l’homme à la suite de différentes procédures médico-chirurgicales, sans transmission de protéine Tau. Cette transmission aurait dans certains cas un impact clinique majeur pouvant entraîner la mort par hémorragie cérébrale. Au-delà de cette importance clinique, la transmission des protéines β-amyloïde et tau a permis de créer des nouveaux modèles animaux (souris transgéniques, primate non humain : le microcèbe, Microcebus murinus) afin d’explorer les mécanismes fondamentaux associés à cette maladie. L’inflammation déclenchée par l’extension des plaques amyloïdes active la microglie (mastocytes du tissu cérébral glial) qui phagocyte les plaques. Ces modèles sont en train de révolutionner la recherche sur les maladies neurodégénératives.Marc Dhenain, Laboratoire des maladies neurodégénératives UMR9199 CEA, CNRS, Université Paris Saclay – MIRCen, Fontenay-aux-Roses
13 avril 2021