Cette analyse transversale conduite sur plus de 123 000 enfants de 6 à 13 ans a trouvé une hausse considérable de la prévalence de la myopie en 2020, par rapport aux années 2015-2019, où des analyses annuelles avaient été conduites sur cette même population de 10 écoles élémentaires : chez les enfants âgés de 6 ans, elle était 3 fois supérieure, 2 fois chez les enfants âgés de 7 ans, et 1,4 chez les 8 ans. Dans cette tranche d’âge, le shift myopique constaté était en moyenne de – 0,3 dioptries après le confinement (juin 2020). Ainsi, la prévalence de la myopie enregistrée en 2020 était plus importante que les prévalences les plus élevées de la période 2015-2019 : pour les enfants de 6 ans, 22 % contre 6 % ; pour les 7 ans, 26 % contre 16 % ; pour les 8 ans, 37 % contre 28 %.
La réduction des activités en plein air et l’augmentation du temps passé devant les écrans (cours à distance et autres) seraient les principaux facteurs en cause, avec des effets d’autant plus néfastes que l’âge est jeune. En effet, pour les enfants de 9 ans et plus, l’augmentation de la myopie a été moins flagrante, bien que le temps quotidien d’écran fût un peu plus élevé (cours plus longs). Une conséquence logique, d’après les auteurs, qui rappellent que les enfants plus jeunes – en période de plus grande plasticité – sont plus sensibles au développement de ces troubles visuels…
Dès le début de la pandémie, des voix s’étaient élevées pour rappeler que la myopie serait probablement l’un des dégâts collatéraux du confinement, en particulier dans la population infantile, le temps passé dehors ayant un effet protecteur, à la fois grâce à la vision à distance et aux sécrétions biochimiques dues à l’exposition à la lumière naturelle qui peuvent empêcher l’allongement axial pathologique des yeux (une caractéristique de la myopie). Cette étude est l’une des premières à produire des données en ce sens, apportant ainsi des arguments supplémentaires pour favoriser autant que possible le temps passé en plein air des enfants…
Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien
À lire sur ce sujet
Torriglia A, Behar-Cohen F. LED : dangereux pour la santé ? Rev Prat Med Gen 2020;34:122-3.
Bremond-Gignac D. Le dépistage des troubles visuels doit être précoce ! Rev Prat Med Gen 2020;34:546-8.
Delcourt C. Épidémiologie de la vision. Rev Prat Med Gen 2018;32:428-9