La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) surveille de près les personnes testées positives pour le SARS-CoV-2 et les personnes hospitalisées pour Covid selon le statut vaccinal. Les premières données sur l’impact de la dose de rappel sont publiées !
Pour rappel, la DRESS réalise de façon hebdomadaire un suivi des personnes âgées de 20 ans et plus testées positives pour le Covid et des personnes hospitalisées selon leur statut vaccinal. Les résultats présentés sont issus de l’exploitation des appariements entre les 3 bases de données Covid : SI-VIC (hospitalisation), SI-DEP (dépistage) et VAC-SI (vaccination).
Effet sur l’incidence des cas à l’hôpital
La comparaison durant les 4 dernières semaines d’observation (du 18 octobre au 14 novembre 2021) des taux d’entrées en soins critiques pour 1 million d’habitants montre une nette réduction de l’incidence hospitalière pour les personnes vaccinées depuis plus de 6 mois ayant eu l’injection de rappel, pour les âges de 60 à 80 ans comme pour les plus de 80 ans (cases orangées du tableau 1). La réduction de l’incidence hospitalière liée au rappel est visible dès le début de la campagne de rappel.
Effet sur le risque d’hospitalisation
Au-delà des statistiques descriptives des tests positifs et des taux d’entrées hospitalières à taille de population comparable, la DRESS a élaboré une régression logistique sur les données agrégées depuis la fin du mois de mai 2021, permettant d’estimer les effets spécifiques de la vaccination sur le risque d’entrée à l’hôpital. Cette modélisation conduit ainsi à estimer la réduction de risque d’hospitalisation qu’apporte chaque statut vaccinal (une première dose récente ou efficace, vaccination complète depuis moins de 3 mois, 3 à 6 mois, plus de 6 mois sans rappel ou rappel après plus de 6 mois) par rapport à l’absence de vaccin.
Cette analyse montre que (graphique ci-dessous) :
La protection initiale du schéma vaccinal complet est élevée pour toutes les classes d’âge contre les entrées en hospitalisation conventionnelle et contre celles en soins critiques. Elle est comprise entre 90 et 95 % (estimation concordante avec les résultats épidémiologiques de l’enquête d’Épi-Phare) ; elle est un peu plus faible, autour de 85 % pour les personnes de 80 ans et plus. Notons que la protection vaccinale pour un statut vaccinal donné est estimée comme la réduction de risque d’hospitalisation par rapport au risque encouru sans injection. Ainsi, une protection de 95 % pour une personne vaccinée signifie que son risque d’être hospitalisé est inférieur de 95 % (soit 1/(1-0,95) = 20 fois moins) au risque encouru en l’absence de vaccination (toutes autres caractéristiques égales par ailleurs).
Après l’obtention du schéma complet, la protection vaccinale semble s’éroder au fil du temps, surtout chez les seniors (mais beaucoup moins pour les sujets de moins de 60 ans). Pour les personnes avec schéma complet depuis 6 mois ou plus, elle diminue à 80 % environ, perdant 10 points environ pour les 60 à 80 ans et entre 5 et 10 points pour les 80 ans et plus par rapport à la protection initiale du schéma complet, en soins critiques comme en hospitalisation conventionnelle. En revanche, elle s’atténue seulement de quelques points pour les moins de 60 ans, en hospitalisation conventionnelle comme en soins critiques.
Enfin, le rappel réduit fortement le risque d’hospitalisation pour les personnes de plus de 60 ans vaccinées depuis plus de 6 mois, avec une protection vaccinale estimée à 95 % environ (versus environ 80 % sans rappel). En raison de l’ouverture jusqu’à présent aux seules personnes de 65 ans et plus du rappel vaccinal, hors situations particulières, les effectifs des personnes de moins de 60 ans avec rappel sont trop peu nombreux pour estimer l’efficacité dans cette population.
Ces données sont cohérentes avec les données israéliennes, que nous avons précédemment analysées, sur l’efficacité du rappel dans la prévention des formes graves surtout chez les personnes âgées.
Questions en suspens
Cette première analyse a certaines limites : elle ne prend en compte ni les comorbidités ni les infections antérieures (Covid). De plus, l’ouverture des rappels étant récente et les entrées hospitalières, notamment en soins critiques, étant peu fréquentes, les résultats doivent être confirmés par l’analyse sur un échantillon plus large. Il manque également, comme nous l’avons dit, les données d’efficacité du rappel chez les moins de 60 ans. Les observations des semaines à venir, notamment avec le contexte de la cinquième vague, apporteront des précisions.
Aujourd’hui, si le rappel est ouvert à tous les adultes, ces résultats incitent fortement – comme le Conseil scientifique l’a souligné dans sa dernière conférence de presse (29 novembre) – à prioriser cette injection chez les plus âgés et les plus fragiles.
Cinzia Nobile, La Revue du Praticien
Pour en savoir plus :
DRESS. Le rappel vaccinal Covid-19 chez les seniors réduit sensiblement le risque d’entrer à l’hôpital. 26 novembre 2021.
Hill C. 3e dose de vaccin anti-Covid : quel intérêt ?Rev Prat (en ligne) 16 novembre 2021.