Sauf dans de très rares exceptions, la corticothérapie per os est prescrite dans les pathologies ORL de l’adulte selon le principe de la cure courte :
– utilisation d’un corticoïde de brève durée d’action (prednisone, prednisolone, méthylprednisolone) ;
– administré en 1 prise unique le matin au petit déjeuner ;
– pour une durée maximale de 1 semaine ;
– à la dose usuelle de 1 milligramme par kilogramme de poids corporel et par jour d’équivalent prednisone ;
– en respectant les contre-indications classiques (
Il faut limiter le nombre de cures courtes prescrites à un même patient à 3 par an au maximum. Au-delà, les effets secondaires sont ceux de la corticothérapie au long cours, avec notamment un risque d’ostéoporose1 et d’insuffisance surrénalienne biologique.2 De nombreuses publications en attestent. Attention, cette fréquence est atteinte assez facilement : il convient de calculer, lors de chaque prescription, la dose déjà administrée dans l’année passée, que ce soit par le même médecin ou par un confrère. Enfin, la triamcinolone doit être proscrite en ORL, en raison de sa durée d’action prolongée.
Selon une méta-analyse récente, il n’y a pas de preuve d’efficacité de la corticothérapie orale dans les pathologies ORL aiguës, notamment sur les symptômes de la rhinosinusite et du rhume chez l’adulte.3 D’après une autre méta-analyse, fondée sur 5 essais cliniques incluant 1 193 patients,4 l’efficacité n’est pas prouvée dans la sinusite aiguë. Dans l’angine, le bénéfice serait modéré selon une revue de la littérature ; les auteurs suggèrent toutefois de réévaluer les symptômes après la première prise.5 Ainsi, les corticoïdes oraux ont une place limitée dans les affections ORL aiguës de l’adulte. Pourtant, ils sont souvent utilisés !
Dans les affections chroniques de l’adulte, l’approche est différente. Les indications sont essentiellement rhinologiques ; l’utilisation en pathologie chronique cervicale et otologique (rare) est beaucoup moins fréquente. Dans les sinusites localisées de la face, la prescription, qui relève du spécialiste ORL, est indiquée dans des cas très ciblés, notamment en période préopératoire. Dans les rhinites chroniques, elle n’a pas d’intérêt (il faut utiliser essentiellement des formes locales).
La corticothérapie en cure courte a une place essentielle dans les rhinosinusites diffuses, dont la pathologie type est la polypose nasosinusienne (qui représente 40 % des formes chroniques).6 Mais attention : il ne faut pas dépasser les 3 cures annuelles réglementaires ! En l’absence d’amélioration symptomatique, malgré ces dernières et un traitement local bien suivi, il est impératif d’orienter le patient vers un rhinologiste afin de discuter d’une prise en charge chirurgicale.
Ainsi, « OUI », la corticothérapie est trop utilisée dans les pathologies de la sphère ORL si le patient prend plus de 3 cures courtes annuelles, ou si elle est prescrite dans des affections aiguës. Ce n’est pas le cas si les indications sont bien respectées (pathologies chroniques rhinologiques).
Tout état infectieux, à l’exclusion des indications spécifiées dans le RCP.
Certaines viroses en évolution (notamment hépatites, herpès, varicelle, zona).
États psychotiques non contrôlés par un traitement.
Vaccins vivants.
Hypersensibilité à la prednisolone ou à l’un des excipients.
Contre-indications à la corticothérapie
Tout état infectieux, à l’exclusion des indications spécifiées dans le RCP.
Certaines viroses en évolution (notamment hépatites, herpès, varicelle, zona).
États psychotiques non contrôlés par un traitement.
Vaccins vivants.
Hypersensibilité à la prednisolone ou à l’un des excipients.
1. Norès JM, Mutschler C, Malinvaud D, Halimi P, Bonfils P. Bone mineral density after treatment for nasal polyposis. Presse Med 2005;34:1001-4.
2. Bonfils P, Halimi P, Malinvaud D. Adrenal suppression and osteoporosis after treatment of nasal polyposis. Acta Otolaryngol 2006;126:1195-200.
3. Hayward G, Thompson MJ, Perera R, Del Mar CB, Glasziou PP, Heneghan CJ. Corticosteroids for the common cold. Cochrane Database Syst Rev 2015;(10): CD008116.
4. Venekamp RP, Thompson MJ, Hayward G, et al. Systemic corticosteroids for acute sinusitis. Cochrane Database Syst Rev 2014;(3):CD008115.
5. Bird JH, Biggs TC, King EV. Controversies in the management of acute tonsillitis: an evidence-based review. Clin Otolaryngol 2014;39:368-74.
6. Bonfils P. Le livre de l’interne. ORL, 2e éd. Paris. Lavoisier Médecine Sciences; 2017: 809 p.