Les troubles cognitifs affecteraient 20 % des personnes ayant eu un Covid, indépendamment de sa gravité. La HAS précise dans de nouvelles recos le bilan à réaliser et la prise en charge, qui est bien différente de celle d’un trouble cognitif lié à une maladie dégénérative.

Après la fatigue, les difficultés cognitives sont une des principales gênes exprimées par les patients. Dans une méta-analyse de 43 études observationnelles portant sur 13 332 patients ayant eu un Covid, 32 % se plaignaient de fatigue et 22 % de troubles cognitifs 12 semaines ou plus après le diagnostic. L’apparition et la sévérité des troubles cognitifs ne semblent pas liées à la gravité de l’infection initiale : ils peuvent exister même après les formes légères.

Quels troubles ?

Les patients, qui ne rencontraient pas forcément de difficultés avant leur infection, décrivent :

  • une sensation de brouillard cérébral, avec une saturation cognitive rapide, des difficultés à maintenir leur attention ;
  • un ralentissement ;
  • des troubles de la concentration et des difficultés à réaliser du multitâche ;
  • des difficultés en mémoire immédiate, avec des oublis, des erreurs ou des confusions, et le besoin de noter les informations ;
  • une difficulté à trouver les mots ou les noms propres, parfois des troubles de la syntaxe et des troubles du langage écrit ;
  • un raisonnement laborieux.

Certains patients sous-estiment voire n’ont pas conscience de leurs troubles mais une personne de l’entourage peut alerter. Ces troubles, très souvent fluctuants, peuvent être associés de façon synergique à d’autres symptômes prolongés : fatigabilité avec un effet de saturation rapide à l’effort, souvent corrélée à la saturation cognitive ; troubles du sommeil (réveils nocturnes et sommeil non récupérateur avec somnolence diurne) ; douleurs chroniques ; irritabilité et émotivité inhabituelles ; troubles anxieux et dépressifs.

Il faut toujours rechercher des symptômes anxiodépressifs.

Quel bilan initial proposer ?

Il est important de repérer les signes et les symptômes permettant d’évoquer le diagnostic de troubles cognitifs, et d’évaluer le retentissement sur les activités de la vie quotidienne (conduite automobile, fonction parentale, activités domestiques) ainsi que sur la sphère professionnelle et sociale.

Un test cognitif de débrouillage est à réserver aux patients dont les troubles ont un retentissement au quotidien. Tests possibles en consultation :


Un bilan neuropsychologique complet, avec des tests standardisés et étalonnés, est indiqué si les troubles cognitifs sont installés ou s’aggravent (à réaliser en consultation hospitalière, en centre de mémoire ou en cabinet libéral) pour explorer au minimum les fonctions de base, l’attention, la mémoire immédiate et de travail, les fonctions exécutives, le rythme de travail, la mémoire à long terme, les fonctions instrumentales et le langage.

Une IRM cérébrale est réalisée après l’objectivation de l’existence de troubles cognitifs pour éliminer une autre pathologie pouvant expliquer les symptômes. De même, le TEP scanner cérébral est réservé après avis spécialisé neurologique ou consultation mémoire dans le cadre du bilan de diagnostic différentiel.

Diagnostics différentiels

Il est indispensable d’éliminer : une maladie neurodégénérative, notamment chez un sujet âgé (maladie d’Alzheimer, etc.) ; une autre pathologie neurologique avec atteinte cérébrale : SEP, trauma crânien, AVC, etc. ; un syndrome d’apnée du sommeil en cas de ronflements.

Une prise en charge spécifique

Si un dysfonctionnement cognitif est objectivé, on propose une rééducation cognitive par un orthophoniste ou une remédiation cognitive par un neuropsychologue. Les séances portent sur l’entraînement des fonctions perturbées conjointement à un apprentissage à une meilleure autogestion du rythme et des activités, les stratégies compensatoires, l’adaptation de l’environnement, la métacognition, la psychoéducation ; des exercices d’auto-rééducation peuvent aussi être proposés.

Ainsi, la rééducation cognitive est différente de celle à appliquer aux patients ayant une maladie neurodégénérative comme la maladie d’Alzheimer. Là où les stimulations cognitives fonctionnent pour la maladie d’Alzheimer, la rééducation pour les patients ayant des symptômes prolongés du Covid s’oriente davantage vers une « éducation », en apprenant aux patients à développer des stratégies cérébrales d’épargne et de compensation et à gérer leurs efforts cognitifs afin d’éviter les rechutes.

D’après
HAS. Symptômes prolongés suite à une Covid-19 de l’adulte – Diagnostic et prise en charge. 22 mars 2024.
Les autres fiches de la HAS sur la prise en charge du Covid long : ici.

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