Les troubles de l’articulé dentaire n’ont pas que des conséquences esthétiques, ils peuvent être aussi à l’origine de nombreux troubles, ce qui justifie un dépistage précoce qui permet généralement une bonne correction.
L’articulé dentaire est le rapport des dents maxillaires et mandibulaires s’affrontant réciproquement au moment de la fermeture de la bouche. Il s’agit d’un état statique qui peut correspondre à un grand nombre de positions mandibulaires d’occlusion.
Les troubles de l’articulé dentaire se caractérisent par un affrontement conflictuel des deux arcades dentaires. Les anomalies peuvent principalement être dentaires, squelettiques et/ou fonctionnelles. Les différents signes sont à analyser dans les trois sens de l’espace : transversal, sagittal et vertical. Dépister tôt les signes cliniques d’un ou plusieurs troubles de l’articulé dentaire permet d’agir pour en supprimer les causes et favoriser une croissance harmonieuse des deux arcades dentaires et de la face plus globalement, facteurs de risque d’apnées du sommeil, de douleurs d’articulations temporo-mandibulaires, de maladies dentaires ou parodontales.
Deux types de traitements sont possibles : le traitement précoce qui débute chez un enfant en denture temporaire (dents de lait) ou mixte généralement avant 12 ans et le traitement tardif en denture permanente lorsque la croissance osseuse est plus avancée.
Les troubles de l’articulé dentaire se caractérisent par un affrontement conflictuel des deux arcades dentaires. Les anomalies peuvent principalement être dentaires, squelettiques et/ou fonctionnelles. Les différents signes sont à analyser dans les trois sens de l’espace : transversal, sagittal et vertical. Dépister tôt les signes cliniques d’un ou plusieurs troubles de l’articulé dentaire permet d’agir pour en supprimer les causes et favoriser une croissance harmonieuse des deux arcades dentaires et de la face plus globalement, facteurs de risque d’apnées du sommeil, de douleurs d’articulations temporo-mandibulaires, de maladies dentaires ou parodontales.
Deux types de traitements sont possibles : le traitement précoce qui débute chez un enfant en denture temporaire (dents de lait) ou mixte généralement avant 12 ans et le traitement tardif en denture permanente lorsque la croissance osseuse est plus avancée.
Signes d’alerte dentaires
Anomalies de forme et de taille
Il peut s’agir de dents de forme atypique (incisive latérale maxillaire en grain de riz), de dents avec une petitesse excessive (microdontie), se traduisant par des espaces entre les dents (diastèmes), ou de dents ayant un volume excessif (macrodontie).
Dents surnuméraires
Il s’agit d’une ou plusieurs dents supplémentaires qu’il faudra extraire ou non.
Malposition
C’est une anomalie de situation d’une dent sur l’arcade. Il peut s’agir de transposition lorsqu’une dent évolue à la place d’une autre, ou d’hétérotypie lorsqu’une dent évolue loin de son site d’éruption normal.
Retard d’éruption dentaire
Un enfant est en denture temporaire jusqu’à l’âge de 6 ans, en denture mixte jusqu’à 11-12 ans, puis en denture permanente. Un retard d’éruption dentaire peut être une simple variante de la normalité, ou révéler des agénésies dentaires ou des dents incluses. Les agénésies dentaires correspondent à l’absence d’une ou plusieurs dents définitives, les plus fréquentes concernent les deuxièmes prémolaires mandibulaires et les incisives latérales maxillaires. Une dent incluse est une dent qui n’a pas fait son éruption après la date normale d’évolution, elle se trouve entièrement dans l’os maxillaire ou mandibulaire. Les plus fréquemment incluses sont les dents de sagesse et les canines maxillaires.1, 2
La découverte de ces différentes anomalies dentaires requiert l’avis d’un chirurgien-dentiste ou d’un orthodontiste, car un traitement peut être proposé. L’orthodontiste peut corriger les espaces entraînés par une microdontie ou au contraire maintenir l’espace d’une dent absente dans l’attente d’une prothèse dentaire ; il peut aussi tracter dans l’os la dent incluse.3
La découverte de ces différentes anomalies dentaires requiert l’avis d’un chirurgien-dentiste ou d’un orthodontiste, car un traitement peut être proposé. L’orthodontiste peut corriger les espaces entraînés par une microdontie ou au contraire maintenir l’espace d’une dent absente dans l’attente d’une prothèse dentaire ; il peut aussi tracter dans l’os la dent incluse.3
Dysharmonie dento-maxillaire
La dysharmonie dentomaxillaire correspond à une inadéquation entre la dimension des arcades osseuses et la dimension des dents. Normalement l’arcade dentaire de l’adulte est continue, sans espace entre les dents. Parfois les dents définitives ont trop de place sur les arcades, il existe dans ce cas des espaces visibles entre les dents. Pour d’autres enfants, au contraire, les dents définitives manquent de place pour se loger sur l’arcade, les dents sont contraintes à se chevaucher (fig. 1 ). Cet encombrement s’explique le plus souvent par un maxillaire ou une mandibule étroite, ou par des anomalies de taille ou de nombre des dents.2, 3
Le traitement consiste soit à agrandir l’arcade, par exemple à l’aide d’un disjoncteur comme dans le cas des endomaxillies, ou à réduire le nombre de dents par extractions dentaires.3, 4
Le traitement consiste soit à agrandir l’arcade, par exemple à l’aide d’un disjoncteur comme dans le cas des endomaxillies, ou à réduire le nombre de dents par extractions dentaires.3, 4
Signes d’alerte dans le sens transversal
Il faut s’imaginer que la mandibule est une boîte et que le maxillaire est son couvercle. Lorsque les cuspides dentaires s’affrontent, les prémolaires et molaires maxillaires sont normalement en dehors faisant un surplomb. Chez certains enfants, le couvercle maxillaire est trop large ou trop étroit pour fermer hermétiquement la boîte mandibulaire, qui elle-même peut-être trop large ou trop étroite. L’anomalie la plus fréquente est l’endomaxillie (fig. 2 ), c’est-à-dire un maxillaire trop étroit, insuffisamment développé dans le sens transversal. L’arcade maxillaire peut être trop étroite d’un seul côté ou des deux côtés, pouvant ou non entraîner une non-concordance des milieux incisifs. Cette insuffisance de développement maxillaire est favorisée par une langue basse ne se trouvant pas contre le palais au repos et lors de la déglutition, et ne pouvant pas stimuler la croissance maxillaire. En outre, un palais étroit est lié à des fosses nasales étroites limitant la respiration nasale à la faveur d’une ventilation buccale. Or la ventilation nasale est aussi un facteur de croissance maxillaire, en favorisant l’expansion des fosses nasales et des sinus.2, 3
L’un des traitements possibles est la disjonction intermaxillaire qui peut se faire dès la denture temporaire, et au plus tard avant la synostose de la suture palatine survenant entre 14 et 16 ans. Cette disjonction intermaxillaire a comme autre effet d’élargir les fosses nasales, améliorant ainsi la ventilation nasale et le sommeil de l’enfant. La disjonction est aussi associée à un traitement fonctionnel apprenant à l’enfant à placer sa langue au palais, ainsi qu’à ventiler par le nez au cours de la journée et lors de son sommeil.3, 4
L’un des traitements possibles est la disjonction intermaxillaire qui peut se faire dès la denture temporaire, et au plus tard avant la synostose de la suture palatine survenant entre 14 et 16 ans. Cette disjonction intermaxillaire a comme autre effet d’élargir les fosses nasales, améliorant ainsi la ventilation nasale et le sommeil de l’enfant. La disjonction est aussi associée à un traitement fonctionnel apprenant à l’enfant à placer sa langue au palais, ainsi qu’à ventiler par le nez au cours de la journée et lors de son sommeil.3, 4
Signes d’alerte dans le sens sagittal
Dans le sens sagittal, les dents répondent à une classification des malocclusions : la classification d’Angle. Celle-ci propose 3 classes :
– classe 1 : les dents supérieures et inférieures sont en bonne relation, sans décalage antéro-postérieur (les dents ne sont ni trop avancées ni trop reculées) ;
– classe 2 : les dents supérieures paraissent trop avancées, trop découvertes. Ce sont des dents supérieures trop avancées et/ou des dents inférieures trop reculées. Ce décalage est appelé surplomb. Les dents supérieures sont particulièrement exposées aux chocs et les dents inférieures ont tendance à traumatiser la muqueuse palatine (morsure palatine). Lors de l’examen du visage de profil (fig. 3 ), on note un décalage entre les deux mâchoires avec notamment une rétromandibulie, c’est-à-dire une mandibule trop en arrière, facteur de risque d’apnées du sommeil. Dans les cas de rétromandibulie, le port d’une bielle de Herbst permet le plus souvent de rattraper ce décalage. Cet appareil stimule la croissance mandibulaire en la propulsant vers l’avant ;5-7
– classe 3 : les dents inférieures paraissent trop avancées. Ce sont des dents maxillaires trop reculées et/ou des dents mandibulaires trop avancées. À l’examen du visage de profil on note une mandibule avancée, promandibulie, ou un maxillaire trop reculé, rétromaxillie (fig. 3 ). Dans le cas de maxillaire trop en arrière, la croissance peut être stimulée par le port d’un masque de Delaire.5-7
Ces décalages dans le sens sagittal se corrigent idéalement précocement, dès la denture temporaire ou mixte, afin de profiter au maximum du potentiel de croissance de l’enfant.4
– classe 1 : les dents supérieures et inférieures sont en bonne relation, sans décalage antéro-postérieur (les dents ne sont ni trop avancées ni trop reculées) ;
– classe 2 : les dents supérieures paraissent trop avancées, trop découvertes. Ce sont des dents supérieures trop avancées et/ou des dents inférieures trop reculées. Ce décalage est appelé surplomb. Les dents supérieures sont particulièrement exposées aux chocs et les dents inférieures ont tendance à traumatiser la muqueuse palatine (morsure palatine). Lors de l’examen du visage de profil (
– classe 3 : les dents inférieures paraissent trop avancées. Ce sont des dents maxillaires trop reculées et/ou des dents mandibulaires trop avancées. À l’examen du visage de profil on note une mandibule avancée, promandibulie, ou un maxillaire trop reculé, rétromaxillie (
Ces décalages dans le sens sagittal se corrigent idéalement précocement, dès la denture temporaire ou mixte, afin de profiter au maximum du potentiel de croissance de l’enfant.4
Signes d’alerte dans le sens vertical
Les dents maxillaires antérieures doivent normalement recouvrir les dents antérieures mandibulaires d’environ 2 à 3 mm.
Lorsque les incisives et canines supérieures recouvrent trop les dents inférieures c’est une supraclusion.
Contrairement à la supraclusion, l’infraclusion se définit par des dents supérieures et inférieures qui ne se joignent pas, il existe alors un espace visible entre ces deux arcades appelé béance (fig. 4 ). Cette béance peut être d’origine squelettique, mais est le plus souvent d’origine fonctionnelle. Les facteurs fonctionnels sont la persistance de la succion digitale ou de la tétine, la ventilation buccale associée à une langue basse et la déglutition primaire. Le traitement consiste en premier lieu à supprimer ces parafonctions.2-4
Lorsque les incisives et canines supérieures recouvrent trop les dents inférieures c’est une supraclusion.
Contrairement à la supraclusion, l’infraclusion se définit par des dents supérieures et inférieures qui ne se joignent pas, il existe alors un espace visible entre ces deux arcades appelé béance (
Signes d’alerte fonctionnels
L’examen fonctionnel regroupe les fonctions de ventilation, déglutition, phonation, et mastication (fig. 5 ). Il faut avant tout rechercher la succion digitale ou la tétine persistant après l’âge de 3 ans.
L’examen de la ventilation vérifie la possibilité d’une respiration nasale compétente ou non (respiration nasale ou mixte, ronflements nocturnes, amygdales volumineuses, infections oto-rhino-laryngées répétées, maxillaires étroits, déviation de la cloison nasale).
La déglutition physiologique s’exécute avec la langue au palais et les arcades dentaires serrées. Une interposition de la langue ou des lèvres entre les dents est donc contraire au fonctionnement normal de la langue et doit mener à consulter un spécialiste.
La mastication doit être unilatérale et alternée, afin de permettre une croissance harmonieuse.
Le dépistage précoce de ces troubles fonctionnels est primordial et leur correction permet dans de nombreux cas un rétablissement de la normalité de l’occlusion épargnant à l’enfant un traitement orthodontique plus lourd et récidivant.3, 4
L’examen de la ventilation vérifie la possibilité d’une respiration nasale compétente ou non (respiration nasale ou mixte, ronflements nocturnes, amygdales volumineuses, infections oto-rhino-laryngées répétées, maxillaires étroits, déviation de la cloison nasale).
La déglutition physiologique s’exécute avec la langue au palais et les arcades dentaires serrées. Une interposition de la langue ou des lèvres entre les dents est donc contraire au fonctionnement normal de la langue et doit mener à consulter un spécialiste.
La mastication doit être unilatérale et alternée, afin de permettre une croissance harmonieuse.
Le dépistage précoce de ces troubles fonctionnels est primordial et leur correction permet dans de nombreux cas un rétablissement de la normalité de l’occlusion épargnant à l’enfant un traitement orthodontique plus lourd et récidivant.3, 4
À ne pas négliger
Les troubles de l’articulé dentaire chez l’enfant se manifestent par des signes dentaires et squelettiques visibles à l’examen endo- et exobuccal dans les trois sens de l’espace. Ces malocclusions sont très souvent associées à des parafonctions (succion digitale ou de tétine) et/ou à des dysfonctions (déglutition primaire, ventilation buccale).
Ces troubles de l’articulé dentaire ne doivent pas être négligés puisqu’ils peuvent être à l’origine de troubles masticatoires et digestifs, de douleurs des articulations temporomandibulaires, de traumatismes dentaires, de maladies parodontales ou dentaires, et favorisent les apnées obstructives du sommeil. Les malocclusions vont donc bien au-delà d’une gêne esthétique.
Dépistées tôt, ces pathologies, très souvent d’origine fonctionnelle, peuvent être intégralement corrigées par une éducation fonctionnelle (apprentissage d’une ventilation nasale, langue au palais). Quand la cause n’est pas que fonctionnelle, l’orthodontiste intervient à des âges différents selon que le problème est éruptif (guidage de l’éruption par des extractions pilotées, par exemple), squelettique (il choisit alors de profiter du potentiel de croissance), dentaire (encombrement dentaire nécessitant d’attendre la denture permanente).
Ces troubles de l’articulé dentaire ne doivent pas être négligés puisqu’ils peuvent être à l’origine de troubles masticatoires et digestifs, de douleurs des articulations temporomandibulaires, de traumatismes dentaires, de maladies parodontales ou dentaires, et favorisent les apnées obstructives du sommeil. Les malocclusions vont donc bien au-delà d’une gêne esthétique.
Dépistées tôt, ces pathologies, très souvent d’origine fonctionnelle, peuvent être intégralement corrigées par une éducation fonctionnelle (apprentissage d’une ventilation nasale, langue au palais). Quand la cause n’est pas que fonctionnelle, l’orthodontiste intervient à des âges différents selon que le problème est éruptif (guidage de l’éruption par des extractions pilotées, par exemple), squelettique (il choisit alors de profiter du potentiel de croissance), dentaire (encombrement dentaire nécessitant d’attendre la denture permanente).
Références
1. Société Française d’Orthopédie Dento- Faciale, dictionnaire d’orthognathodontie. Les Ulis EDP-Science, 2015.
2. Bassigny F. Signes majeurs et associés des anomalies orthodontiques. Sémiologie orthodontique. EMC Odontologie/Stomatologie /Orthopédie Dentofaciale 2012;7(4):1-16 [Article 23-460-C-10]
3. Bassigny F. Manuel d’orthopédie dentofaciale. Paris : Masson ; 2000.
4. Fédération Française d’Orthodontie, De la naissance à 7 ans : Le rôle clé de la prévention et des traitements orthodontiques précoces. Dossier de presse, 2017
5. Epker BN, Stella JP, Fisch LC. Dentofacial deformities: integrated orthodontic and surgical correction, Vol 1 Saint Louis : Mosby, 1995.
6. Graber LW, Vanarsdall RL, Vig KWL. Orthodontics: current principles and techniques, 5th ed. Philadelphia: Elsevier, 2012.
7. Château M. Orthopédie Dento-Faciale. Tome 2. Paris : Editions CdP, 1993.
2. Bassigny F. Signes majeurs et associés des anomalies orthodontiques. Sémiologie orthodontique. EMC Odontologie/Stomatologie /Orthopédie Dentofaciale 2012;7(4):1-16 [Article 23-460-C-10]
3. Bassigny F. Manuel d’orthopédie dentofaciale. Paris : Masson ; 2000.
4. Fédération Française d’Orthodontie, De la naissance à 7 ans : Le rôle clé de la prévention et des traitements orthodontiques précoces. Dossier de presse, 2017
5. Epker BN, Stella JP, Fisch LC. Dentofacial deformities: integrated orthodontic and surgical correction, Vol 1 Saint Louis : Mosby, 1995.
6. Graber LW, Vanarsdall RL, Vig KWL. Orthodontics: current principles and techniques, 5th ed. Philadelphia: Elsevier, 2012.
7. Château M. Orthopédie Dento-Faciale. Tome 2. Paris : Editions CdP, 1993.