La composition de notre microbiote – cutané et intestinal – pourrait-elle influencer la qualité de la réponse immunitaire humorale aux vaccins ? C’est ce que suggère une nouvelle étude de l’Inserm publiée dans Frontiers in Immunology… 

 

Au sein d’une étude de phase I évaluant la sécurité et l’immunogénicité d’un candidat-vaccin contre le VIH (MVA-VIH clade B), mené sur 20 volontaires au Pérou (âgés de 18 à 45 ans), les auteurs ont étudié chez les 10 participants (5 hommes et 5 femmes) ayant reçu le vaccin par voie intramusculaire la réponse humorale et la composition des microbiotes cutané (au niveau de site de l’injection) et intestinal, ainsi que l’expression d’un certain nombre de gènes dans les cellules sanguines. Les échantillons cutanés et fécaux ont été prélevés avant et après la vaccination.

Ils ont observé qu’une bonne réponse vaccinale, dont l’amplitude a été évaluée en mesurant les anticorps neutralisants spécifiques au vecteur MVA, était associée à l’abondance de deux bactéries en particulier : Prevotella sur la peau et Eubacterium dans les intestins. La première est en effet connue pour son rôle dans l’inflammation des muqueuses et la stimulation de la production de cytokines des cellules épithéliales. Quant à la seconde, son association positive à une bonne santé intestinale est également connue.

Ensuite, à partir des échantillons sanguins collectés avant la vaccination, ils ont étudié l’expression de 40 000 gènes dans les cellules sanguines (étude transcriptomique) : cette analyse a révélé une association entre une bonne réponse vaccinale et un niveau élevé d’expression de 154 gènes, dont 41 sont liés à une grande diversité du microbiote. Behazine Combadière, coordinatrice de l’étude, explique que « tous ces gènes sont impliqués dans des mécanismes cellulaires qui traduisent une forte activité : divisions, expression de protéines de surface… ».

Par ailleurs, parmi ces gènes, 3 sont impliqués dans l’activation des lymphocytes B, les cellules productrices d’anticorps neutralisants : « Le haut niveau d’expression de ces trois gènes semble prédictif d’une bonne réponse vaccinale, quelle que soit l’abondance de Prevotella et d'Eubacterium dans le microbiote », explique-t-elle, « nous allons maintenant le vérifier avec d’autres vaccins, un second développé contre le VIH, et d’autres contre le Covid-19. »

Ces découvertes pourraient non seulement conduire au développement d’un biomarqueur prédictif de la réponse vaccinale, mais aussi, peut-être, à des mécanismes permettant d’améliorer l’efficacité de certain vaccins…

Pour en savoir plus :

Le microbiote influencerait la réponse vaccinale. Inserm 24 juin 2021.

Gonçalves E, Guillén Y, Lama JR, et al. Host Transcriptome and Microbiota Signatures Prior to Immunization Profile Vaccine Humoral Responsiveness.Front Immunol 2021;12:657162.