«Le vin, un alcool pas comme les autres », cette déclaration récente du ministre de l’Agriculture fait écho à celle d’Emmanuel Macron qui l’an dernier confiait qu’il « buvait du vin, midi et soir » ajoutant « tant que je serai président, il n’y aura pas d’amendement pour durcir la loi Évin. » Certes, la ministre de la Santé a tenté de recadrer ces propos consternants : «En termes de santé publique, c’est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky… ».
En France, le vin fait partie de notre patrimoine et de notre culture. Un anniversaire sans bulles ? Un bon repas sans un bon cru ? Un départ en retraite sans verre de l’amitié ? Un mariage sans vin d’honneur ? Autant de traditions bien ancrées. Mais au-delà de ces usages festifs et occasionnels, le vin s’invite trop souvent à nos tables et, même en petite quantité, il fait bien des dégâts.
Santé publique France
estime qu’en 2015, 41 000 décès sont dus à une consommation excessive d’alcool (30 000 chez l’homme, 11 000 chez la femme), soit 7 % de la mortalité des adultes de 15 ans et plus (2
cause de mortalité évitable après le tabagisme). Fibroses hépatiques ou cirrhoses sont loin d’en être les principales causes, d’autres lui sont partiellement attribuables : 16 000 décès par cancers, 9 900 par maladies cardiovasculaires, 5 400 par accidents de la circulation ou suicides, environ 3 000 pour diverses autres maladies (psychiatriques, troubles du comportement, etc.) et seulement 6 800 par pathologies strictement digestives ! 90 % de ces décès sont liés à des alcoolisations de plus de 5 verres par jour. En 2015, la France avait une des consommations d’alcool parmi les plus élevées en Europe.
En outre, la consommation explose chez les femmes et l’enquête Escapad
montre la très grande diffusion de l’alcool chez les ados. Près de 90 % d’entre eux ont déclaré avoir déjà bu de l’alcool au cours de leur vie, environ 10 % en auraient un usage régulier et près de la moitié auraient eu une alcoolisation ponctuelle importante au cours du mois précédent. Sept ans après la loi HPST, l’interdiction de vente de boissons alcoolisées aux mineurs semble largement contournée : 90 % des ados interrogés disent en avoir acheté en magasin et 80 % en avoir consommé dans un débit de boissons sans aucun problème !
Face à ses conséquences sanitaires et sociales, banaliser la consommation d’alcool, vins ou autres, est en matière de santé publique une erreur gravissime. Comme pour le tabac, il est au contraire important de développer l’information sur les risques et de mieux faire respecter la législation. Une autre mesure – certainement peu populaire – serait d’augmenter sensiblement les taxes comme le préconise l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), quitte à froisser la puissante filière viticole !
Les autorités sanitaires et les responsable politiques doivent prendre leurs responsabilités et sortir du déni vis-à-vis des dégats de l’alcool. En tant que généralistes nous avons aussi notre rôle à jouer pour modifier les comportements de nos patients, en particulier les adolescents et les gros buveurs, en questionnant notre patientèle sur sa consommation mais aussi sur ce qu’elle sait des risques potentiels, sa motivation à poursuivre ou ses difficultés à arrêter. Le repérage précoce et intervention brève (RPIB),
le questionnaire FACE
ou l’entretien motivationnel
sont autant d’outils qui peuvent nous aider…
En France, le vin fait partie de notre patrimoine et de notre culture. Un anniversaire sans bulles ? Un bon repas sans un bon cru ? Un départ en retraite sans verre de l’amitié ? Un mariage sans vin d’honneur ? Autant de traditions bien ancrées. Mais au-delà de ces usages festifs et occasionnels, le vin s’invite trop souvent à nos tables et, même en petite quantité, il fait bien des dégâts.
Santé publique France
estime qu’en 2015, 41 000 décès sont dus à une consommation excessive d’alcool (30 000 chez l’homme, 11 000 chez la femme), soit 7 % de la mortalité des adultes de 15 ans et plus (2
cause de mortalité évitable après le tabagisme). Fibroses hépatiques ou cirrhoses sont loin d’en être les principales causes, d’autres lui sont partiellement attribuables : 16 000 décès par cancers, 9 900 par maladies cardiovasculaires, 5 400 par accidents de la circulation ou suicides, environ 3 000 pour diverses autres maladies (psychiatriques, troubles du comportement, etc.) et seulement 6 800 par pathologies strictement digestives ! 90 % de ces décès sont liés à des alcoolisations de plus de 5 verres par jour. En 2015, la France avait une des consommations d’alcool parmi les plus élevées en Europe.
En outre, la consommation explose chez les femmes et l’enquête Escapad
montre la très grande diffusion de l’alcool chez les ados. Près de 90 % d’entre eux ont déclaré avoir déjà bu de l’alcool au cours de leur vie, environ 10 % en auraient un usage régulier et près de la moitié auraient eu une alcoolisation ponctuelle importante au cours du mois précédent. Sept ans après la loi HPST, l’interdiction de vente de boissons alcoolisées aux mineurs semble largement contournée : 90 % des ados interrogés disent en avoir acheté en magasin et 80 % en avoir consommé dans un débit de boissons sans aucun problème !
Face à ses conséquences sanitaires et sociales, banaliser la consommation d’alcool, vins ou autres, est en matière de santé publique une erreur gravissime. Comme pour le tabac, il est au contraire important de développer l’information sur les risques et de mieux faire respecter la législation. Une autre mesure – certainement peu populaire – serait d’augmenter sensiblement les taxes comme le préconise l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), quitte à froisser la puissante filière viticole !
Les autorités sanitaires et les responsable politiques doivent prendre leurs responsabilités et sortir du déni vis-à-vis des dégats de l’alcool. En tant que généralistes nous avons aussi notre rôle à jouer pour modifier les comportements de nos patients, en particulier les adolescents et les gros buveurs, en questionnant notre patientèle sur sa consommation mais aussi sur ce qu’elle sait des risques potentiels, sa motivation à poursuivre ou ses difficultés à arrêter. Le repérage précoce et intervention brève (RPIB),
le questionnaire FACE
ou l’entretien motivationnel
sont autant d’outils qui peuvent nous aider…
1. Consommation d’alcool, comportements et conséquences pour la santé. BEH 2019;(5-6). https://bit.ly/2U8VEaS
2. Spilka S, et al. Les drogues à 17 ans : analyse de l’enquête ESCAPAD 2017. OFDT. Tendances n° 123, 2018. https://bit.ly/2xTw9QF
3. HAS. Outil d’aide au repérage précoce et intervention brève : alcool, cannabis, tabac chez l’adulte. Novembre 2014. https://bit.ly/2EAcNUb
4. HAS, Becchio M. L’entretien motivationnel. 2008. https://bit.ly/2GYeqi0
2. Spilka S, et al. Les drogues à 17 ans : analyse de l’enquête ESCAPAD 2017. OFDT. Tendances n° 123, 2018. https://bit.ly/2xTw9QF
3. HAS. Outil d’aide au repérage précoce et intervention brève : alcool, cannabis, tabac chez l’adulte. Novembre 2014. https://bit.ly/2EAcNUb
4. HAS, Becchio M. L’entretien motivationnel. 2008. https://bit.ly/2GYeqi0