Une étude menée chez les Britanniques conclut que l’adoption d’une alimentation suivant les recommandations nationales augmente l’espérance de vie de plusieurs années, même chez les personnes d’âge moyen. Elle est parue dans Nature Food.

Au Royaume-Uni, l’alimentation déséquilibrée serait responsable de 75 000 décès prématurés par an, dont 17 000 concernant les personnes de 15 à 70 ans. Le pays a donc émis des recommandations (Eatwell Guide), qui se rapprochent de celles élaborées en France dans le cadre du Programme national nutrition santé (PNNS) 2019 - 2023. Mais ces dernières sont loin d’avoir conquis la population d’outre-Manche : 0,1 % des Britanniques adhèrent à l’ensemble des recommandations, tandis que 30,6 % y adhèrent modérément (respect d’au moins cinq des neuf grandes recommandations).

Pour déterminer l’impact que pourrait avoir la mise en œuvre de ces recommandations, une équipe internationale de chercheurs a utilisé un modèle qu’ils avaient préalablement développé pour estimer les gains en espérance de vie selon l’âge et le sexe en fonction de changements durables des habitudes alimentaires. Ce modèle utilise le niveau de consommation des différentes catégories d’aliments (céréales complètes, produits laitiers, fruits, légumes, viande rouge, viande blanche, poisson, boissons sucrées, etc.). Il a été appliqué à la population britannique pour déterminer d’abord son espérance de vie selon ses habitudes plus ou moins en accord avec les recommandations, et ensuite le gain attendu d’espérance de vie en cas de changement durable vers une alimentation suivant les recommandations à 40 ans ou à 70 ans.

Les résultats de ces analyses ont été publiés fin novembre 2023 sous la forme d’une communication dans Nature Food. Ils permettent d’établir que le quintile des Britanniques à l’alimentation la moins saine pourrait obtenir un gain d’espérance de vie de plus de 10 ans en optant à 40 ans pour une alimentation suivant les recommandations nationales. Même à 70 ans, le gain d’espérance de vie serait de 5 ans dans ces conditions.

En s’intéressant aux personnes qui suivent déjà modérément les recommandations alimentaires britanniques, le gain d’espérance de vie atteint encore 3 ans pour une amélioration de l’alimentation à 40 ans, et un an et demi pour une amélioration de l’alimentation à 70 ans.

Les auteurs remarquent en conclusion que l’impact le plus important sur l’espérance de vie est attendu de l’augmentation de la consommation des céréales complètes et des fruits à coques et de la diminution de l’apport en boissons sucrées et en viande transformée, suggérant selon eux des pistes d’action pour les cliniciens et les pouvoirs publics.

Pour en savoir plus
Fadnes LT, Celis-Morales C, Økland JM, et al. Life expectancy can increase by up to 10 years following sustained shifts towards healthier diets in the United Kingdom.  Nature Food 2023;4:961-5.