La transformation de notre système de santé justifie des réformes, parmi lesquelles celle de la certification. Cette procédure est une « pièce » importante d’une stratégie dont l’objectif est d’améliorer la qualité des soins mais aussi de redonner du sens et du « bonheur » à soigner.
La médecine évolue dans toutes ses dimensions à une vitesse vertigineuse sous la pression de connaissances scientifiques et technologiques sans précédents, mais aussi de contraintes « exogènes » sociétales et environnementales nouvelles. Cette médecine qui sera, et qui est déjà « 6P » (prédictive, préventive, personnalisée, participative, pluri-professionnelle et pertinente), va transformer profondément non seulement la pratique médicale mais aussi la formation, et, au-delà, influencer nos valeurs éthiques et déontologiques. Nos pratiques vont être significativement impactées par des outils nouveaux, comme les objets connectés et des « robots algorithmiques » d’aide à la décision ! L’avenir est tracé même s’il existe une imprévisibilité « quantique » qui déterminera le ou les scénarios d’application.
En réalité, la question la plus importante est de savoir comment nous allons nous y préparer, par une formation initiale et surtout continue qui doit intégrer ces évolutions avec beaucoup plus de réactivité. Force est de constater que notre formation médicale initiale longue et « normative » répond de moins en moins pertinemment aux enjeux de demain qui sont puissamment évolutifs. Une réforme globale et cohérente est nécessaire pour avoir une capacité de « mise à jour » adaptée et évolutive intégrant les actualités scientifiques et technologiques mais aussi l’actualisation permanente de la pertinence et des notions d’éthique et de déontologie. Il faut être capable « au cours de la vie » de faire évoluer ses compétences et son parcours de manière plus flexible et plus en phase avec le concept d’une vie professionnelle plus heureuse et plus sereine, tout en conservant le sens et la passion du métier de soignant. Dans cette stratégie de formation « tout au long de la vie », incluant le développement professionnel continu (DPC), les acteurs que sont l’université (pour les connaissances scientifiques et techniques et les nouveaux « outils »), les collèges nationaux (pour les compétences et les « éléments métiers ») et les autres acteurs comme le Conseil de l’Ordre et nos institutions ont une légitimité qu’il faut mettre en résonnance collaborative.
Ainsi, la prolongation logique de cette démarche de formation est d’aller jusqu’à une procédure de certification périodique en s’y projetant avec une vision incitative et formative, comme cela est le cas dans un nombre croissant de pays, qui abandonnent une vision sanctionnante dépassée. Cette procédure qui sera guidée par nos collèges nationaux professionnels (CNP) et le Collège de la médecine générale (CMG) est de notre responsabilité collective car elle est non seulement un élément renforçant la qualité, mais elle est surtout un outil important pour chaque praticien, lui permettant de tracer son engagement et de faire évoluer son parcours professionnel. Cette procédure qui a été construite pour être la plus simple et la plus opérationnelle possible doit être un élément clé d’une nouvelle culture de développement professionnel per- sonnalisé. Un juste équilibre entre prescription et autodétermination est indispensable pour que cette démarche ne soit pas une simple surcharge administrative supplémentaire mais un outil au service de la qualité. Cette certification périodique doit permettre de (re)donner une confiance et un élan à chaque soignant dont la complexité majeure de son exercice résulte d’un difficile équilibre entre technicité et humanisme. Ainsi il est intéressant d’observer que parmi les cinq items retenus dans la procédure, l’un sera consacré à la relation médecin-patient et l’autre à la qualité de vie et à la santé du médecin, qui sont des éléments qualitatifs très importants.
La certification des médecins, comme celle d’autres métiers à forte responsabilité, doit évoluer en utilisant des outils qui pourraient la simplifier en allant jusqu’à s’intégrer à terme à l’exercice clinique. Ainsi, la convivialité de l’environnement numérique que nous construisons en formation initiale avec la plateforme SIDES-UNESS* pourrait faciliter un continuum logique avec la formation au cours de la vie.

Rôle de l’université

La démarche de certification doit se faire en impliquant dans un premier temps les jeunes médecins nouvellement diplômés de 3e cycle puis, à terme, tous les médecins qui le souhaiteront. Cela fait partie d’une démarche d’accompagnement professionnel, garant d’une qualité et d’un pacte de confiance renouvelé avec les patients et les acteurs de la santé.
L’université, par ses facultés de médecine et de santé, souhaite accompagner, avec conviction, cette démarche en mettant à disposition ses moyens et ses outils, forte de sa légitimité de formateur. L’université doit être de plus en plus présente aux côtés de ses médecins pour une formation qui sera de plus en plus ambulatoire dans nos territoires. La certification doit être l’opportunité de construire ensemble un projet de formation cohérent pour tous nos médecins que nous souhaitons soutenir dans leur formation « tout au long de la vie » comme l’exige l’évolution accélérée des connaissances et des compétences. Ainsi nous espérons démontrer que nous sommes capables de réussir ensemble cette évolution « historique » de la formation et de la pratique médicale française. V
* Le Système inter-universitaire dématérialisé d’évaluation en santé (SIDES) est une plate-forme informatique partagée par toutes les facultés de médecine françaises autorisant à chacune d’elles, en complète autonomie, la réalisation de leurs examens sur tablettes numériques. Il s’adresse actuellement aux étudiants du 2e cycle allant de la 4e à la 6e année incluse. La plateforme offre un environnement personnalisé permettant à chaque étudiant de s’entraîner librement sur le contenu docimologique mis à sa disposition dans le cadre de sa préparation aux examens facultaires (banques locales) et aux ECN informatisées (banque nationale). L’Université numérique en santé et sport (UNESS) est une structure de mutualisation nationale pour la pédagogie dans les domaines de la santé et du sport. L’UNESS.fr concourt à la transformation pédagogique des professions de santé et du sport par le numérique dans le cadre de la formation initiale et tout au long de la vie.

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