La dernière analyse de Santé publique France (SPF) révèle des résultats intéressants sur les réinfections Covid observées actuellement.
Pour rappel, les cas de réinfections sont définis comme les personnes ayant eu un 2e test positif PCR ou antigénique enregistré dans la base de données SIDEP, à au moins 2 mois d’intervalle d’une primo-infection survenue en 2021 ou 2022 (les personnes testées positives en 2020 ne sont donc pas inclues).
Au total, depuis le 2 mars 2021, 1 105 846 cas possibles de réinfection ont été identifiés.
La très grande majorité (97,2 %) des réinfections sont survenues à partir du 6 décembre 2021, soit à partir de l’introduction du variant omicron en France. La proportion des réinfections est en forte augmentation depuis décembre 2021 : elle est passé de 0,7 % avant le 5 décembre 2021, à 4,8 % après le 6 décembre 2021, et est encore augmentée depuis l’arrivée d’omicron BA.5 (12 % en juin 2022).
SPF a ensuite réalisé une analyse détaillée des 25 934 personnes réinfectées dans la semaine du 6 au 12 juin. Pour 44 % d'entre elles, la première infection a eu lieu lorsque omicron BA.1 était majoritaire, tout début janvier. Ces personnes ont donc été infectées deux fois par ce variant.
Cependant, il faut prendre en compte qu’omicron a entraîné énormément d'infections détectées depuis fin 2021 (beaucoup plus que les variants antérieurs). Les personnes ayant eu une première infection par omicron représentent donc une proportion importante de la population susceptible d’être réinfectée actuellement ! La figure ci-contre permet de visualiser le risque de réinfection en semaine 2022-S23 (du 6 au 12 juin) en fonction de la semaine de survenue du premier épisode. Elle montre par exemple que seulement 0,1 % des personnes infectées début janvier ont été réinfectées en juin. Le risque d’être réinfecté en semaine 2022-S23 après une première infection omicron demeure donc faible. On constate en revanche que la probabilité de réinfection augmente avec l’ancienneté de la première infection pour atteindre un plateau environ 6 mois après.
Ainsi, malgré un nombre élevé de réinfections par omicron en juin, la probabilité pour qu’une réinfection survienne actuellement après une première infection par un autre variant (alpha, delta ou autre) reste nettement plus élevée. Des investigations complémentaires sont nécessaires pour déterminer la part relative, pour le risque de réinfection, du délai passé depuis le premier épisode, de la nature des variants impliqués, ainsi que du statut vaccinal.
Par ailleurs, les projections sur l’évolution épidémique de l’Institut Pasteur (publiées le 5 juillet 2022) sont plutôt rassurantes : si, au niveau national et dans les régions métropolitaines, le modèle d’ensemble anticipe une hausse des admissions à l’hôpital dans les jours qui viennent, celle-ci reste relativement modeste : au 18 juillet, les chercheurs tablent sur environ 1 700 admissions quotidiennes à l'hôpital, contre un millier aujourd’hui. En soins critiques, les admissions grimperaient jusqu'à 160 par jour environ (versus une centaine actuellement). Ces chiffres sont donc bien en dessous du pic de janvier et sans comparaison avec les vagues précédentes. De plus, selon les chercheurs, ce modèle surestime probablement les admissions en soins critiques.
Autre bonne nouvelle : dans certaines régions comme l’Île-de-France, on note déjà un ralentissement de la croissance des hospitalisations et du nombre de cas, ce qui pourrait indiquer que le pic de l’épidémie s’approche…
Des données plutôt rassurantes donc sur l’immunité globale de la population face à cette 7e vague, mais qui ne nous dispensent pas d’appliquer les gestes barrières – notamment le port du masque dans les lieux clos très fréquentés – pour protéger les plus fragiles, âgés ou immunodéprimés, qui sont encore à risque de forme grave malgré la vaccination.
Institut Pasteur. Projection à court terme des besoins hospitaliers pour les patients Covid-19. 7 juillet 2022.
Santé publique France. Les risques de réinfections par le SARS-CoV-2. 7 juillet 2022.