Le vaccin actuellement utilisé contre la fièvre jaune est le vaccin vivant atténué 17D Rockefeller. Le virus est cultivé sur embryon de poulet et présenté sous forme lyophilisée thermostable à 4 °C, pouvant être conservée au réfrigérateur. Il s’injecte habituellement en intramusculaire (0,5 mL).
Depuis 2016, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis à jour ses recommandations dans un contexte de pénurie vaccinale où il est important d’assurer une bonne couverture vaccinale en primo-vaccination dans les pays d’endémie.1 L’OMS considère qu’une seule dose de vaccin est suffisante pour conférer une protection à vie chez une personne immunocompétente vaccinée avec une dose entière de vaccin. Cependant, cette position de l’OMS est discutée pour différentes raisons. Des cas de fièvre jaune ont été rapportés chez des personnes ayant déjà reçu une vaccination antiamarile.Dans une étude brésilienne, 3,24 % (27/832) des patients avec une fièvre jaune avaient déjà reçu une vaccination moins de 10 ans auparavant, et 52 % (432/832) avaient été vaccinés plus de 10 ans auparavant.2 Les données de la littérature concernant les taux d’anticorps supposés protecteurs sont plutôt concordantes et montrent une diminution du titre des anticorps et de la séroprotection avec le temps.3, 4 Dans l’étude la plus aboutie des vétérans de l’armée américaine, la plus large étude encore à ce jour, le taux de personnes encore protégées est de 80 % à 30 ans chez 103 vétérans.3 De ce fait, de nombreux pays dont la France continuent de conseiller une dose de rappel en cas de séjour en zone épidémique.5
Toutefois, une étude néerlandaise4 montre la présence de lymphocytes CD8+ mémoires et un taux d’anticorps neutralisants à des titres suffisamment élevés mais chez seulement six personnes vaccinées depuis plus de 35 ans, ce qui serait en faveur d’une protection durable. Il s’agit pourtant d’un effectif très limité. À l’inverse, chez 99 personnes vaccinées avec un recul de plus de 10 ans après la vaccination (médiane 16 ans), 89 (89 %) avaient un taux protecteur. La séroprotection n’est donc pas suffisante. Par ailleurs, d’après ces données immunologiques, l’administration d’un booster ne semble pas améliorer la réponse immunitaire en termes de titre d’anticorps et de cellules mémoires.
Ces doutes quant à la durée de protection conférée par une seule injection sont valables pour des patients en bonne santé ne vivant pas en zone d’endémie, et vaccinées dans un contexte de voyage. La problématique est différente pour les patients vivant en zone d’endémie car leur immunité peut être boostée de façon naturelle à la suite de l’exposition au virus sauvage. Mais l’expérience brésilienne remet en cause ce dernier dogme.2, 6 De plus, l’utilisation de doses fractionnées dans des contextes d’urgence sanitaire et de pénurie vaccinale, lors d’épidémies, a été validée pour conférer une protection à court terme, mais peu de données existent sur la durée de protection. Enfin, la réponse vaccinale semble diminuée chez les enfants, avec des taux de non-réponse de 10 % et une moins bonne immunogénicité.5
Au total, les données actuelles de la littérature ne semblent pas suffisantes pour supporter les recommandations de l’OMS en toutes circonstances.7 Une seule dose de vaccin antiamarile confère probablement une protection à vie chez des adultes en bonne santé vivant en zone d’endémie du fait des expositions naturelles répétées au virus sauvage. Mais pour les voyageurs, et a fortiori les enfants ou les personnes ayant reçu des doses fractionnées, une seconde dose au-delà de 10 ans après la primo-vaccination semble nécessaire en cas de voyage en zone d’endémie.
Depuis 2016, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis à jour ses recommandations dans un contexte de pénurie vaccinale où il est important d’assurer une bonne couverture vaccinale en primo-vaccination dans les pays d’endémie.1 L’OMS considère qu’une seule dose de vaccin est suffisante pour conférer une protection à vie chez une personne immunocompétente vaccinée avec une dose entière de vaccin. Cependant, cette position de l’OMS est discutée pour différentes raisons. Des cas de fièvre jaune ont été rapportés chez des personnes ayant déjà reçu une vaccination antiamarile.Dans une étude brésilienne, 3,24 % (27/832) des patients avec une fièvre jaune avaient déjà reçu une vaccination moins de 10 ans auparavant, et 52 % (432/832) avaient été vaccinés plus de 10 ans auparavant.2 Les données de la littérature concernant les taux d’anticorps supposés protecteurs sont plutôt concordantes et montrent une diminution du titre des anticorps et de la séroprotection avec le temps.3, 4 Dans l’étude la plus aboutie des vétérans de l’armée américaine, la plus large étude encore à ce jour, le taux de personnes encore protégées est de 80 % à 30 ans chez 103 vétérans.3 De ce fait, de nombreux pays dont la France continuent de conseiller une dose de rappel en cas de séjour en zone épidémique.5
Toutefois, une étude néerlandaise4 montre la présence de lymphocytes CD8+ mémoires et un taux d’anticorps neutralisants à des titres suffisamment élevés mais chez seulement six personnes vaccinées depuis plus de 35 ans, ce qui serait en faveur d’une protection durable. Il s’agit pourtant d’un effectif très limité. À l’inverse, chez 99 personnes vaccinées avec un recul de plus de 10 ans après la vaccination (médiane 16 ans), 89 (89 %) avaient un taux protecteur. La séroprotection n’est donc pas suffisante. Par ailleurs, d’après ces données immunologiques, l’administration d’un booster ne semble pas améliorer la réponse immunitaire en termes de titre d’anticorps et de cellules mémoires.
Ces doutes quant à la durée de protection conférée par une seule injection sont valables pour des patients en bonne santé ne vivant pas en zone d’endémie, et vaccinées dans un contexte de voyage. La problématique est différente pour les patients vivant en zone d’endémie car leur immunité peut être boostée de façon naturelle à la suite de l’exposition au virus sauvage. Mais l’expérience brésilienne remet en cause ce dernier dogme.2, 6 De plus, l’utilisation de doses fractionnées dans des contextes d’urgence sanitaire et de pénurie vaccinale, lors d’épidémies, a été validée pour conférer une protection à court terme, mais peu de données existent sur la durée de protection. Enfin, la réponse vaccinale semble diminuée chez les enfants, avec des taux de non-réponse de 10 % et une moins bonne immunogénicité.5
Au total, les données actuelles de la littérature ne semblent pas suffisantes pour supporter les recommandations de l’OMS en toutes circonstances.7 Une seule dose de vaccin antiamarile confère probablement une protection à vie chez des adultes en bonne santé vivant en zone d’endémie du fait des expositions naturelles répétées au virus sauvage. Mais pour les voyageurs, et a fortiori les enfants ou les personnes ayant reçu des doses fractionnées, une seconde dose au-delà de 10 ans après la primo-vaccination semble nécessaire en cas de voyage en zone d’endémie.
Références
1. World Health Organization. Meeting of the strategic advisory group of experts on immunization, April 2013 conclusions and recommendations. Wkly Epidemiol Rec 2013;88:201e16.
2. Câmara FP, de Carvalho LM, Gomes AL. Demographic profile of sylvatic yellow fever in Brazil from 1973 to 2008. Trans R Soc Trop Med Hyg 2013;107:324-7.
3. Poland JD, et al. Persistence of neutralizing antibody 30-35 years after immunization with 17D yellow fever vaccine. Bull WHO 1981;59:895-900.
4. Wieten RW, Jonker EFF, van Leeuwen EMM, et al. A single 17D yellow fever vaccination provides lifelong immunity; characterization of yellow-fever-specific neutralizing antibody and T-cell responses after vaccination. PLoS One 2016;11:e0149871.
5. Haut Conseil de santé publique. Recommandations sanitaires pour les voyageurs, 2018 (à l’attention des professionnels de santé). Bull Epidemiol Hebd 2018; hors-série (mai 2018):7-10.
6. Estofolete CF, Nogueira ML. Is a dose f 17D vaccine in the current context of Yellow Fever enough? Braz J Microbiol 2018;49:683-4.
7. Plotkin SA. Ten yearly yellow fever booster vaccinations may still be justified. J Travel Med 2018;25. doi: 10.1093/jtm/tay130. http://bit.ly/2SDKYRT
2. Câmara FP, de Carvalho LM, Gomes AL. Demographic profile of sylvatic yellow fever in Brazil from 1973 to 2008. Trans R Soc Trop Med Hyg 2013;107:324-7.
3. Poland JD, et al. Persistence of neutralizing antibody 30-35 years after immunization with 17D yellow fever vaccine. Bull WHO 1981;59:895-900.
4. Wieten RW, Jonker EFF, van Leeuwen EMM, et al. A single 17D yellow fever vaccination provides lifelong immunity; characterization of yellow-fever-specific neutralizing antibody and T-cell responses after vaccination. PLoS One 2016;11:e0149871.
5. Haut Conseil de santé publique. Recommandations sanitaires pour les voyageurs, 2018 (à l’attention des professionnels de santé). Bull Epidemiol Hebd 2018; hors-série (mai 2018):7-10.
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7. Plotkin SA. Ten yearly yellow fever booster vaccinations may still be justified. J Travel Med 2018;25. doi: 10.1093/jtm/tay130. http://bit.ly/2SDKYRT