La contraception orale d’urgence reposant sur le lévonorgestrel (dans les 72 heures suivant le rapport sexuel à risque) est efficace surtout si elle est prise avant l’ovulation, mais elle peut échouer lorsqu'elle est administrée après. Un essai randomisé en double aveugle paru dans le Lancet montre qu’il y a moins de grossesses si le piroxicam est associé au lévonorgestrel. Un résultat susceptible de changer les pratiques…

Contraceptif d’urgence standard, le lévonorgestrel agit en bloquant ou en retardant le pic d’hormone lutéinisante (LH) qui précède l’ovulation. Conséquence : ce contraceptif d’urgence agit à condition d’être administré avant le pic de LH, et voit son efficacité diminuer quand il est pris à un stade plus tardif de la phase folliculaire. Des chercheurs chinois de l’université de Hong Kong ont fait l’hypothèse qu’une association de lévonorgestrel avec un inhibiteur de la cyclo-oxygénase – enzyme clé de production de la prostaglandine – pouvait améliorer l’efficacité du contraceptif d’urgence en agissant de manière synergique sur les phases ovulatoire et post-ovulatoire du cycle menstruel.

Pour tester l’efficacité contraceptive d’une telle association médicamenteuse, les auteurs de l’étude publiée en août dans le Lancet ont recruté à Hong Kong 860 femmes adultes en demande du contraceptif d’urgence lévonorgestrel moins de 72 heures après un rapport sexuel non protégé. Ils les ont ensuite randomisées en double aveugle dans deux groupes : un groupe traité par une dose orale de lévonorgestrel 1,5 mg + l’inhibiteur de la cyclo-oxygénase piroxicam 40 mg (N = 430 femmes) et un groupe témoin traité avec une dose orale de lévonorgestrel 1,5 mg + un placebo (N = 430 femmes). Les deux groupes étaient similaires démographiquement. Le critère de jugement principal était le pourcentage de grossesses évitées, en se basant sur le nombre de femmes de chaque groupe finalement tombées enceintes et sur le nombre de grossesses attendu sans contraception par groupe, calculé par le modèle de Trussell.

Dans le groupe traité par l’association médicamenteuse, une seule femme sur les 418 incluses dans l’analyse est tombée enceinte, contre sept des 418 femmes du groupe témoin. L’association lévonorgestrel + piroxicam a empêché 94,7 % des grossesses attendues sans contraception, contre 63,4 % des grossesses attendues pour l’association lévonorgestrel + placebo (p-value < 0,0001). Les auteurs n’ont pas noté de différence significative entre les deux groupes en termes d’effets secondaires ou de décalage du cycle menstruel. Ils en concluent que l’association lévonorgestrel + piroxicam pourrait être considérée comme première option de contraceptif d’urgence.

Pour en savoir plus
Li RHW, Lo SST, Gemzell-Danielsson K, et al. Oral emergency contraception with levonorgestrel plus piroxicam: a randomised double-blind placebo-controlled trial.  Lancet 16 août 2023.