Environ 4 % de la population générale serait concernée par des cauchemars récurrents, avec un impact sur le fonctionnement social ou professionnel. Pour lutter contre cette « maladie des cauchemars », des chercheurs suisses ont développé une technique prometteuse, dont les résultats sont parus fin octobre dans Current Biology.

Les cauchemars fréquents – plus d’un par semaine – peuvent perturber le bon fonctionnement social ou professionnel à l’état de veille : fatigue, anxiété, flashbacks... Pour lutter contre cette « maladie des cauchemars », la thérapie par répétition d’imagerie mentale (RIM) propose d’imaginer quotidiennement des issues alternatives et positives aux scénarios des cauchemars avant de se coucher. Cependant, cette méthode ne marche pas avec tous les patients.

Des chercheurs des hôpitaux universitaires de Genève ont donc évalué l’efficacité de laréactivation de mémoire ciblée (RMC), qui associe un signal sensoriel à l’issue positive imaginée pour les cauchemars. Pour cela, ils ont recruté 36 patients souffrant de maladie des cauchemars non traumatiques, et les ont séparés en deux groupes : un groupe suivant la thérapie RIM (N = 18), l’autre la RIM couplée à la RMC (N = 18). Les patients du groupe RIM + RMC étaient soumis pendant leur sommeil paradoxal à un son qui avait été associé au scénario alternatif au cauchemar.

« Nous avons demandé aux malades d’imaginer des scénarios alternatifs positifs à leurs cauchemars. Un des deux groupes de patients a fait cet exercice alors qu’un son – un accord de piano majeur – était joué toutes les dix secondes. L’objectif était que ce son soit associé au scénario positif imaginé. De cette manière, lorsque le son était ensuite rejoué pendant le sommeil, il était plus susceptible de réactiver un souvenir positif dans les rêves », explique Sophie Schwartz, professeure de la faculté de médecine de l’université de Genève.

Les chercheurs ont analysé le sommeil des membres des deux groupes pendant 2 semaines, puis 3 mois après la première intervention de RIM ou RIM + RMC. Les résultats ont été publiés fin octobre dans Current Biology. Conclusion ? La fréquence des cauchemars a diminué dans les deux groupes, mais significativement plus dans le groupe traité par RMC (nombre de cauchemars par semaine : 0,19versus 1). De plus, cette association a entraîné une augmentation des rêves positifs. L’effet est durable car, 3 mois après l’expérience, les patients du groupe RMC faisaient toujours moins de cauchemars par semaine que ceux du groupe sans (0,33 versus 1,48).

Les auteurs souhaitent maintenant tester cette méthode dans les cauchemars liés à un stress post-traumatique, ainsi que dans le traitement d’autres troubles tels que l’insomnie et les symptômes plus larges du stress post-traumatique, comme les flashbacks et l’anxiété.

Pour en savoir plus

Schwartz S, Clerget A, Perogamvros L. Enhancing imagery rehearsal therapy for nightmares with targeted memory reactivation.  Current Biology 2022;32(22):4808-16.
Communiqué de presse des hôpitaux universitaires de Genève. L’accord majeur qui soigne les cauchemars. HUG 27 octobre 2022.
Nobile C. Cauchemars récurrents : que peut faire le généraliste ?  Rev Prat (en ligne) 17 décembre 2021.