En 2018, la France comptait 13 millions de personnes âgées de plus de 65 ans, population qui a augmenté de 5 % en 10 ans. L’arrivée des baby boomers et l’allongement de l’espérance de vie devraient encore accentuer cette tendance dans les années à venir… On compterait 22 millions de seniors dans 50 ans ! 
Même si leur état de santé s’améliore, on n’évitera pas, pour nombre d’entre eux, l’aggravation de la dépendance, facteur déterminant, à prendre en compte pour proposer des réponses médico-sociales adaptées.
Pour l’Insee
, en 2015, moins de 2 % des 65-74 ans étaient en institution contre 21 % des plus de 85 ans, qui représentent les deux tiers des résidents en Ehpad ou autres établissements pour personnes âgées. Ce désir de rester au domicile le plus longtemps possible, même avec certains handicaps, est parfaitement légitime tant il est difficile de faire le deuil de son cadre de vie, de ses habitudes ou de son cercle d’amis ou d’être éventuellement séparé de son conjoint !
Mais peut-on envisager cette solution dans de bonnes conditions sans des aides adaptées à l’autonomie de la personne concernée ? Ainsi, d’après le volet Ménages de l’enquête CARE (Capacités, Aides et REssources des seniors) publiée récemment par la Drees, seulement un senior sur cinq – soit 3 millions de personnes âgées de plus de 60 ans – déclare être aidé régulièrement pour les tâches du quotidien.
Pour la moitié d’entre eux, l’aidant est un membre de l’entourage, pour 19 % ce sont essentiellement des professionnels ou des paramédicaux tandis que le tiers restant reçoit une aide mixte. Le nombre d’aidants est estimé à plus 4 millions ! En toute logique, l’importance de l’aide apportée augmente avec l’âge et l’ampleur de la perte d’autonomie.
Cette enquête montre le rôle crucial des aidants naturels (conjoints ou enfants) dans le maintien des seniors à leur domicile. Souvent, ils restent fort longtemps les seuls à assumer des tâches très diverses – courses, ménage, gestion administrative – quel que soit le niveau de dépendance de leurs parents. C’est surtout pour les moins autonomes (GIR 1 et 2) que l’intervention des aidants professionnels devient plus importante, essentiellement pour la toilette et l’habillage. Mais l’implication de l’entourage est chronophage, passant de 3 à 5 heures par semaine pour les moins dépendants (GIR 4 à 6) à près de 35 heures hebdomadaires pour la moitié des GIR 1 ! Une telle implication est-elle possible pour toutes les familles ?
Difficulté supplémentaire non abordée par la Drees : celle du coût du maintien à domicile. Même avec certains soutiens financiers comme l’APA (748 000 personnes la touchent fin 2015), de nombreux seniors ne disposent pas de retraites assez confortables pour recourir à davantage d’aides professionnelles ambulatoires. Le manque de disponibilité des proches et de ressources financières explique malheureusement certains placements en institution trop précoces et peu consentis ! La création du 5
risque de protection sociale consacré à l’autonomie (dont on parle depuis des années) serait-elle une solution ?
Autre piste : une deuxième journée de solidarité (travaillée non payée), sur le modèle du lundi de Pentecôte ?
1. Carrère A, Dubost CL. État de santé et dépendance des seniors. Insee, novembre 2018.

https://bit.ly/2Gwi1Uv

2. Brunel M, Latourelle J, Zakri M. Un senior à domicile sur cinq aidé régulièrement pour les tâches du quotidien. Drees, études et Résultats 2019 (n° 1103).

https://bit.ly/2N5GgcA