Le terme d’urticaire chronique fait l’objet de nombreuses confusions
« Plaques d’urticaire, œdème de Quincke »
L’urticaire chronique n’est pas d’origine allergique
Elle peut ainsi être aggravée par la prise d’aliments ou de médicaments histamino-libérateurs, sans qu’il s’agisse d’allergie : ce n’est ni systématique, ni aggravé à chaque nouvelle prise, ni associé à la survenue d’un choc anaphylactique. Dans l’urticaire chronique, il n’y a pas d’évolution vers un choc anaphylactique, et aucune atteinte laryngée asphyxiante n’a été décrite bien que la région endobuccale puisse être atteinte de façon impressionnante. La recherche des causes de l’urticaire chronique et sa pertinence sont discutées ci-dessous.
L’urticaire chronique n’est pas aussi fréquente que l’urticaire aiguë
L’urticaire chronique altère significativement la qualité de vie, et pour longtemps
L’urticaire chronique se conjugue au pluriel
Urticaire chronique spontanée
Les questions posées sont stéréotypées et désarçonnent volontiers le praticien.
« Pourquoi ça m’arrive à moi ? Que se passe-t-il dans mon corps ? »
La physiopathologie de l’urticaire chronique spontanée est complexe et n’est pas l’objet de cette mise au point. Cependant, la présence d’un terrain atopique dans 40 % des cas et celle d’un terrain auto-immun dans 20 à 40 % des cas lié à des auto-anticorps immunoglobulines (Ig) de type G anti-FcεRI et/ou anti-IgE6 peuvent être facilement expliquées au patient, de même que le concept du mastocyte « fragile » ou « préactivé » à l’aide du document produit par le Groupe urticaire disponible en ligne.**« Vous allez faire des examens pour savoir ce qui provoque mon urticaire ? »
L’interrogatoire détaillé sur les facteurs déclenchants éventuels et l’examen clinique sont la première étape indispensable de la prise en charge. Seuls un hémogramme et le dosage de la protéine C-réactive sont actuellement recommandés en l’absence de point d’appel clinique et en cas de non-réponse aux antihistaminiques.7 Les tests allergologiques ne sont pas nécessaires en l’absence de donnée d’interrogatoire évocatrice. Le rôle supposé des infections chroniques (foyers dentaires et oto-rhino-laryngés, gastrite à Helicobacter pylori, parasitoses, etc.) fait toujours l’objet de publications contradictoires. Souvent allégué par les patients, mais parfois source de frustration quand il est évoqué : le rôle du stress fait également l’objet de nombreuses études, qu’il soit présenté comme facteur déclenchant, d’aggravation ou de pérennisation.« Est-ce que je peux mourir d’un œdème de Quincke ? »
Il ne faut pas alarmer les patients car les données de la littérature sur ce point sont rassurantes dans l’urticaire chronique spontanée.« Le traitement va-t-il me guérir ? Quels en sont les effets indésirables ? »
Le traitement de première intention de l’urticaire chronique spontanée reste symptomatique, avec les antihistaminiques anti-H1 de 2e génération (AH1). Actuellement, la plupart des spécialistes de l’urticaire chronique proposent un traitement par AH1 pendant plusieurs semaines, parfois jusqu’à 6 mois, en continu. Au moins 44 % des patients sont améliorés significativement par ce traitement simple. Certains AH1 peuvent entraîner une somnolence diurne chez certains patients, la prise vespérale est donc à privilégier.« Je ne suis pas soulagé(e) par le traitement, que dois-je faire ? »
En cas d’échec d’AH1 à posologie usuelle, les recommandations françaises sont d’augmenter la posologie jusqu’à 4 doses par jour. L’utilisation d’une même molécule serait préférable à la prise de plusieurs AH1 différents (Urticaires inductibles
L’urticaire cholinergique a un tableau clinique évocateur, sous la forme de petites papules prurigineuses millimétriques diffuses sur le tronc sur un fond érythémateux qui surviennent pendant ou immédiatement après un effort, une émotion intense ou une augmentation de la chaleur corporelle, un bain chaud par exemple, et persistent moins de 30 minutes. Des manifestations systémiques (bronchospasme surtout) ont été décrites, mais elles doivent obligatoirement faire rechercher une anaphylaxie induite par l’effort dépendant ou non de l’alimentation, qui représente le principal diagnostic différentiel.
L’urticaire de contact au froid se manifeste par des plaques d’urticaire superficielle et/ou des angiœdèmes après exposition au froid. Elle peut être secondaire, justifiant un bilan biologique après réalisation du test de provocation diagnostique. La très grande majorité est acquise et primitive, touchant des individus jeunes ou des enfants, et diagnostiquée par un test au glaçon posé 5 à 10 minutes sur l’avant-bras, positif s’il déclenche l’apparition d’urticaire localisée à cette zone. Elle peut durer entre 4 et 10 ans, avec des extrêmes de quelques mois à plus de 20 ans. Des atteintes graves sont cependant possibles avec des angiœdèmes des voies aérodigestives supérieures, notamment lors de l’ingestion d’aliments glacés ou des chocs anaphylactiques lors de baignades en eau froide par exemple : les patients doivent être prévenus de ces dangers. Plus rarement, elle peut être secondaire à une « maladie du froid » (cryoglobulinémie, cryofibrinogénémie, maladies des agglutinines froides) ou à des infections (primo-infection par le virus d’Epstein-Barr, syphilis, etc.). Certains facteurs déclenchants ou précessifs ont été décrits : processus de désensibilisation au venin d’hyménoptères et piqûres d’hyménoptères ou contact avec des méduses, prise médicamenteuse (pénicilline, griséofulvine, estroprogestatifs, sartans, etc.), vaccination.
Les autres formes d’urticaire chronique inductible sont présentées au
Perspectives
Exemple d’ordonnance pour des antihistaminiques de 2 génération à posologie augmentée, dans le cadre d’une urticaire chronique
Les praticiens rencontrent souvent des difficultés dans la prescription des antihistaminiques de 2e génération à posologie augmentée
Sur l’ordonnance, faire apparaître les mentions « je dis bien » devant la posologie en toutes lettres, « hors AMM, en accord avec les recommandations françaises de l’urticaire chronique 2019 ».
Trois notions essentielles concernant l’omalizumab
1. Anticorps monoclonal anti-IgE, de mécanisme d’action mal compris (capacité à inhiber l’activation mastocytaire par les IgE en provoquant l’internalisation de FcεRI)
2. Vérifier l’absence de parasitose digestive
3. Bon profil tolérance/efficacité dans les études pivotales et en vie réelle : l peu d’effets indésirables sévères rapportés (asthénie, troubles musculosquelettiques) l réponse significative partielle dans 51,9 % des cas et complète dans 35,8 % des cas l maintien de l’efficacité en cas de traitements successifs
2. Greaves M. Chronic urticaria. J Allergy Clin Immunol 2000;105:664-72.
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