Les uvéites cliniques et histologiques sont une complication spécifique des tatouages survenant dans le cadre d’une réaction d’hypersensibilité retardée et/ou d’une réaction granulomateuse ; la symptomatologie est fonction de la localisation de l’uvéite, le plus souvent antérieure. Trois tableaux cliniques peuvent être observés : sarcoïdose avec granulome sur tatouage et uvéite, uvéite isolée avec granulome sur tatouage, uvéite après tatouage sans granulome sur le tatouage. La prévention des uvéites est mal connue. Il faut réaliser chez chaque sujet tatoué une enquête ophtalmologique, avec examen histologique du tatouage, à la recherche d’une réaction granulomateuse autour des pigments déposés. Si l’uvéite se confirme, des mesures doivent être prises en urgence afin d’éviter une cécité, en priorité une corticothérapie générale à posologie élevée et prolongée ; si nécessaire, l’élimination chirurgicale du tatouage ou le recours aux thérapeutiques majeures : immunosuppresseurs, ciclosporine, azathioprine, méthotrexate. Plusieurs arguments suggèrent que tatouage-uvéite et maladie de Vogt-Koyanagi-Harada (VKH) appartiennent au même groupe d’affections se développant sur un même terrain prédisposant, immunologique et génétique. De même, il semble que vitiligo et VKH partagent un même contexte génétique et dysimmunitaire, ces deux affections étant très proches. Ces complications nouvelles confirment les dangers des encres non contrôlées, mélanges toxiques et sensibilisants, en particulier lors de tatouages colorés étendus.Jacques Bazex, Académie nationale de médecine
16 mars 2021