Un homme de 50 ans, non fumeur, consulte pour une odynophagie intense, avec sensation d’avoir « quelque chose qui frotte au fond de la gorge ». Il a pour antécédent une amygdalectomie réalisée dans l’enfance. L’examen clinique met en évidence une luette inflammatoire, très augmentée de volume, sans élément purpurique ou pultacé, et l’absence d’amygdale (figure). L’état général n’est pas altéré, et le patient n’a ni fièvre ni dyspnée. Un streptotest (test de diagnostic rapide [TDR]) est réalisé et se révèle positif. Une uvulite infectieuse à streptocoque bêta-hémolytique de groupe A est diagnostiquée. Le patient est traité par amoxicilline pendant cinq jours, associée à une corticothérapie orale le premier jour devant la gêne pharyngée importante. L’évolution a été favorable, avec diminution partielle du volume  de la luette en douze  heures et résolution totale en cinq jours.

L’uvulite est une inflammation isolée de la luette.

Plusieurs causes sont décrites :1 infectieuse, traumatique (après intubation ou fibroscopie), toxique (fumées d’incendie, cannabis…), dans le cadre d’une vascularite (notamment maladie de Kawasaki), angiœdème bradykinique (héréditaire ou acquis) ou allergique. Les causes infectieuses sont majoritairement représentées par Streptococcus pyogenes et Haemophilus influenzae de type b.

Cliniquement, les patients ont une odynophagie, une fièvre modérée, une sensation de corps étranger dans la gorge, avec parfois un réflexe nauséeux induisant une toux. Ce tableau peut être associé à une épiglottite (H. influenzae), avec un tableau clinique typiquement plus sévère : forte fièvre d’apparition brutale, dysphagie et détresse respiratoire croissante.2

Le traitement, en cas de cause infectieuse, repose sur une antibiothérapie adaptée : active sur Streptococcus pyogenes en cas de TDR positif ; active sur Haemophilus influenzae en cas de TDR négatif. Si une épiglottite est associée, c’est la libération des voies aériennes qui est prioritaire.

Certains cas d’uvulite vibratoire ont été décrits ; il s’agit d’une forme d’urticaire chronique, chez des patients ronfleurs chroniques, associée le plus souvent à un reflux gastro-œsophagien, qui semblerait jouer le rôle de cofacteur. Une uvulectomie peut alors être proposée.3,4 

Références
1. Derkenne C, De Charry F, Lamblin A. Uvulite : un diagnostic rare mais simple. Presse Médicale 2018;47(11‑12):1033‑4.
2. Cherry JD, Harrison GJ, Kaplan SK, et al. Feigin and Cherry's Textbook of Pediatric Infectious Diseases. Chapter 10 - Uvulitis. 8e édition. Elsevier 2019.
3. Acher G, Nosbaum A, Berard F, et al. Uvulite vibratoire. Quelle prise en charge thérapeutique proposer devant des angiœdèmes récidivants de la luette ? Rev Fr Allergol 2020;60(3):162‑4.
4. Van Der Brempt X, Vandezande L, Frognier R. Uvulite vibratoire mimant un angiœdème : à propos de 5 cas. Rev Fr Allergol 2015;55(3):274.

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