Bien que la vaccination anti-HPV ait fait ses preuves dans la prévention du cancer du col de l’utérus, la couverture vaccinale pour les deux doses reste faible dans de nombreux pays. Les dernières données montrent qu’un schéma monodose serait aussi efficace, ce qui pourrait faciliter les campagnes de rattrapage pour plusieurs groupes d’âge. Ces données ont conduit l’OMS à modifier ses recommandations…

Après une recommandation émise en avril 2022 par les membres du Groupe consultatif stratégique d’experts en vaccination (SAGE), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé officiellement fin décembre qu’une dose unique du vaccin contre les papillomavirus humain (HPV) confère déjà une solide protection contre le cancer du col de l’utérus, le quatrième le plus fréquent chez les femmes.

Nouvelles recos de l’OMS

Début avril, les membres du SAGE de l’OMS ont conclu qu’un schéma à une dose unique du vaccin contre les HPV engendre une protection solide, comparable à celle des schémas classiques. Diverses études1 (avec les vaccins bi-, tétra- ou nonavalents) ont en effet montré une non-infériorité d’un schéma à dose unique par rapport aux protocoles multidoses (deux ou trois doses) dans la protection contre l’infection, et ce jusqu’à 10 ans après la vaccination.2,3 Cette stratégie resterait « très efficace dans la prévention de l’infection par les sérotypes 16 et 18, responsables de 70 % des cancers du col de l’utérus », explique le Dr Alejandro Cravioto, membre du SAGE. 

Dans un nouveau document de synthèse publié en décembre 2022, l’OMS a donc mis à jour ses recommandations. Le document indique qu’un calendrier à dose unique, appelé calendrier alternatif à dose unique non homologué, peut offrir une efficacité et une durabilité de la protection comparables à celles d’un régime à deux doses. Elle recommande ainsi un schéma à une dose (ou deux doses) aussi bien chez les 9-14 ans que chez les 15-20 ans. Pour les plus de 21 ans, deux doses sont recommandées avec un intervalle de 6 mois (v. ci-dessous).

Selon l’OMS, ce schéma simplifié permettra d’atteindre plus facilement l’objectif de vacciner, d’ici à 2030, 90 % des filles âgées de moins de 15 ans dans le monde (en 2020, la couverture vaccinale au niveau mondial dans cette population était de 13 % pour les deux doses). Si elle s’adresse donc tout particulièrement aux pays à revenu faible ou intermédiaire, elle pourrait faciliter l’acceptation de la vaccination dans des pays comme la France, où la couverture vaccinale anti-HPV reste encore très insuffisante : chez les jeunes filles, en 2020, elle était de 41 % pour une dose à 15 ans et seulement 33 % pour le schéma complet à 16 ans.

Aujourd’hui en France, la vaccination contre les papillomavirus (HPV) est recommandée chez toutes les filles et tous les garçons de 11 à 14 ans révolus (schéma vaccinal à deux doses à 6 mois d’intervalle), mais aussi en rattrapage chez tous les adolescents (hommes et femmes) de 15 à 19 ans révolus (avec un schéma à trois doses à M0, M2, M6) et chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à l’âge de 26 ans.

Quand conserver le schéma multidoses ?

Ce nouveau protocole ne s’applique pas aux plus de 21 ans, chez lesquels la recommandation reste de faire deux doses espacées de 6 mois, ni aux personnes immunodéprimées, qui nécessitent des schémas à trois doses. Pour rappel, il faut les administrer :

  • chez les garçons et filles de 11 à 19 ans infectés par le VIH ;
  • chez les garçons et filles de 9 à 19 ans, transplantés d’organe solide ou en attente de transplantation ;
  • chez les jeunes filles de 9 à 19 ans en post-greffe de cellules souches hématopoïétiques.

Encadre

Pour en savoir plus

World Health Organization. One-dose Human Papillomavirus (HPV) vaccine offers solid protection against cervical cancer. 11 avril 2022.

À lire aussi :

Martin Agudelo L. Vaccin anti-HPV : quasi-élimination du cancer du col utérin en Angleterre.Rev Prat (en ligne) 21 décembre 2021.

Dossier – Vaccination contre les papillomavirus. Dossier élaboré selon les conseils des Pr Jean-Luc Prétet. Rev Prat 2020;70(1);89-111.

Pour quand l’éradication du cancer du col utérin en France ?Rev Prat (en ligne), 7 juin 2021.

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