Le rappel avec les vaccins bivalents adaptés aux variants d’omicron est recommandé depuis septembre chez les populations à risque, même si leur avantage par rapport aux vaccins originaux n’était pas démontré. Une étude récente montre enfin leur supériorité : une bonne nouvelle pour rassurer les patients ciblés et booster cette campagne de rappel poussive.

Dès septembre, les vaccins bivalents adaptés contre les variants omicron BA.1, BA.4 et BA.5 sont intégrés dans la stratégie vaccinale française. Leur administration est recommandée en tant que dose de rappel supplémentaire chez certaines populations à risque – mais elle est aussi possible chez toute personne, même sans comorbidités, qui appartient à l’entourage d’une personne fragile dans cette cible (v. encadré). Toutefois, fin novembre, seules 9 % environ des personnes âgées d’au moins 80 ans et 7 % des 60-79 ans ont reçu une dose de vaccin bivalent, d’après le ministre de la Santé.

Au moment de l’autorisation de ces vaccins, les données disponibles étaient des résultats de sécurité et d’immunogénicité, pour les vaccins adaptés à BA.1, ou des données précliniques, pour ceux adaptés à BA.4-5. Ainsi, pour ces derniers, restait en suspens la question de la capacité de neutralisation qu’ils induisaient chez l’homme vis-à-vis des variants BA.4-5, puis vis-à-vis d’autres sous-variants d’omicron apparus ensuite (notamment BQ.1.1 dont la proportion augmente en France : 39 % en S43 selon les données du 24 novembre de Santé publique France). Une étude menée par des chercheurs de l’université de Texas et de Pfizer-BioNTech (disponible en preprint) apporte quelques réponses.

Dans cette étude d’immunogénicité, des sujets de plus de 55 ans précédemment vaccinés avec 3 doses du vaccin monovalent de Pfizer ont reçu soit une 4e dose de ce même vaccin monovalent environ 7 mois après l’injection précédente (N = 40), soit une 4e dose avec le vaccin bivalent BA.4-5 de Pfizer (15 µg souche originale + 15 µg BA.4-5 ; N = 38) environ 11 mois après l’injection précédente.

Les sérums des participants ont été collectés 1 mois après cette dose de rappel et leurs titres d’anticorps neutralisants comparés à ceux des sérums collectés avant l’injection. Des essais de neutralisation ont été conduits avec divers sous-lignages des variants BA.2 et BA.4-5 (à savoir : BA.4.6, BA.2.75.2, BQ.1.1 et XBB.1) ainsi qu’avec la souche ancestrale.

Résultats : le vaccin bivalent BA.4-5 a suscité – sans surprise – de meilleures réponses humorales que le monovalent contre les sous-lignages cités. En particulier, les titres d’anticorps neutralisants contre BA.4 -5 et BQ.1.1 étaient multipliés respectivement par 13 et par 9 à 1 mois de l’injection, tandis que pour les personnes ayant reçu un rappel monovalent ces titres étaient multipliés respectivement par 3 et 2.

Si les participants ayant eu une infection par le SARS-CoV-2 avant cette dose de rappel affichaient des titres d’anticorps plus élevés en nombre absolu, la différence d’immunogénicité entre les deux vaccins était plus importante chez les personnes qui n’avaient pas d’antécédent d’infection. En effet, dans ce groupe, le rappel bivalent multipliait les titres d’anticorps neutralisants par 26 et 13 contre BA.4-5 et BQ.1.1 respectivement (contre une multiplication par 3 et 1,5 respectivement, induite par le monovalent).

Selon les auteurs, ces résultats suggèrent que les vaccins bivalents sont plus immunogènes que les monovalents et ces données sont ainsi en faveur de leur utilisation dans les campagnes de rappel actuelles. Ils soulignent néanmoins la nécessité de surveiller leur efficacité en vie réelle.

Encadre

Indications d’une dose supplémentaire avec les vaccins bivalents

  • Résidents d’Ehpad et USLD, quel que soit leur âge
  • Personnes de 60 ans et plus
  • Adultes de moins de 60 ans à risque de forme grave de Covid : comorbidités à risque, femmes enceintes (dès le 1er trimestre), patients immunodéprimés quel que soit leur âge ;
  • Enfants et adolescents à haut risque souffrant de pathologies le justifiant ;
  • Entourage de ces personnes (stratégie de cocooning) ;
  • Professionnels du secteur sanitaire et médico-social.

Ce rappel peut être le premier, le deuxième ou le troisième rappel suivant les cas. La seule condition à remplir pour le recevoir est d’avoir terminé son schéma vaccinal initial et de respecter les délais en vigueur, à savoir :

  • dès 3 mois après la dernière injection ou infection pour les personnes âgées de 80 ans et plus, les résidents en Ehpad et en USLD et les personnes sévèrement immunodéprimées quel que soit leur âge ;
  • dès 6 mois après la dernière injection pour toutes les autres personnes éligibles ; en cas d’infection récente par le SARS-CoV-2, le délai recommandé est de minimum 3 mois après l’infection (en respectant le délai minimal de 6 mois après la dernière injection).

Pour les personnes de moins de 30 ans, seuls les vaccins bivalents Pfizer sont recommandés. Pour les personnes de plus de 30.ans on peut utiliser indifféremment Pfizer ou Moderna.

Pour en savoir plus
Zou J, Kurhade C, Patel S, et al. Improved Neutralization of Omicron BA.4/5, BA.4.6, BA.2.75.2, BQ.1.1, and XBB.1 with Bivalent BA.4/5 Vaccine.  BioRxiv 17 novembre 2022.