Avec environ 40 % des décès dus à la Covid-19, les pensionnaires des Ehpad ont payé un lourd tribut au coronavirus. Pourtant, ces établissements se sont mobilisés pour assurer qualité et surtout sécurité des soins. Suivant les directives nationales, ils ont renforcé et fait appliquer protocoles d’hygiène (des gestes barrières à l’entretien – nettoyage et désinfection – des locaux), confinement et distanciation physique des résidents. D’importantes modifications logistiques ont ainsi été mises en œuvre : restauration, procédures de visites des familles ou des proches avec prises de rendez-vous et mesures barrières strictes, diminution de l’intervention des professionnels de santé extérieurs grâce à une implication plus importante du médecin coordinateur pour les soins non urgents… Saluons le professionnalisme des soignants qui se sont engagés sans compter. Ces décisions difficiles ont été critiquées : atteintes aux libertés individuelles, à l’éthique des établissements… Pourquoi vouloir protéger à tout prix les personnes âgées, sujets certes très vulnérables (notamment en collectivité) mais dont l’espérance de vie est limitée…
Ainsi, la HAS a choisi de prioriser les Ehpad (résidents et soignants). L’autorisation du premier vaccin a été donnée le 23 décembre, le second ne devrait pas tarder. Aussitôt, malgré la période peu propice des fêtes de fin d’année, chaque Ehpad s’est organisé. Les autorités sanitaires ont adressé de nombreux documents, dont un guide1 précieux renseignant sur la conservation du vaccin, sa préparation, sa technique d’injection et la surveillance post-vaccinale – mais malheureusement grevé de quelques inexactitudes).
La plateforme Vaccin-Covid*, mise en ligne le 4 janvier, est accessible avec la CPS ou l’e-CPS mais encore peu connue des médecins. Il est pourtant obligatoire de l’utiliser, sa documentation permettant le suivi de la vaccination pour une meilleure appréciation de son impact.
Le consentement libre et éclairé de chaque résident a été, à la demande du médecin coordinateur, recueilli par les praticiens, appelés à réaliser les consultations prévaccinales de leurs patients. Si les contre-indications sont exceptionnelles, il fallait évaluer le bénéfice-risque pour chacun d’entre eux et leur expliquer les enjeux. Très peu de résidents ont refusé d’être vaccinés – 10 % dans mon établissement – le plus souvent des sujets habituellement réticents à la vaccination grippale saisonnière sans motifs solidement argumentés. Les Ehpad sont prêts (ou ont déjà commencé pour certains) à réaliser la première injection, prouvant ainsi leur réactivité et leur désir de protéger au mieux les personnes hébergées.
Malheureusement, si la vaccination diminue les complications graves de la Covid-19, on manque de données concernant son impact sur la transmissibilité. Il n’est donc pas question pour le moment d’assouplir les protocoles, en particulier ceux des visites, ce qui n’a peut-être pas été parfaitement compris par les résidents ou leurs familles !
1. Ministère des Solidarités et de la Santé. Campagne de vaccination contre la Covid-19. Guide phase 1 : Organisation de la vaccination en EHPAD et USLD. Décembre 2020. https://bit.ly/3ienGOX