Le zona est une dermatose virale fréquente, causée par la réactivation du virus varicelle-zona (VZV). Ses principales complications sont des douleurs dites « post-zostériennes » (DPZ) et les lésions oculaires lors des zonas ophtalmiques, qui touchent essentiellement les plus de 50 ans. Outre l’âge, les principaux facteurs de risque sont le sexe féminin, l’immunodépression, les cancers et dans une moindre mesure les traumatismes physiques. Le stress psychologique, le traitement par des corticoïdes et la présence d’autres maladies chroniques (diabète, polyarthrite rhumatoïde, maladies cardiovasculaires ou rénales, lupus érythémateux systémique, MICI) sont d’autres facteurs de risque identifiés.
L’incidence augmente avec l’âge, atteignant près de 10 cas pour 1 000 personnes chez les plus de 80 ans. Le taux des DPZ varie entre 0,31 pour 100 000 habitants en 2010 et 0,47 pour 100 000 habitants. Par ailleurs, le zona entraîne en moyenne chaque année l’hospitalisation de 2 600 personnes, dont 72 % ont plus de 65 ans.
La vaccination permet de prévenir le zona et de réduire les DPZ. En France, depuis 2013, le Haut Conseil de la santé publique recommande l’administration du vaccin Zostavax aux adultes de 65 à 74 ans révolus. Un autre vaccin, Shingrix, a toutefois obtenu une AMM en 2018 chez les adultes de 50 ans et plus, étendue en 2020 aux adultes de 18 ans et plus ayant un risque accru de zona. Plusieurs pays d’Europe et d’Amérique ont déjà recommandé ce vaccin chez les immunocompétents de 50 ans et plus et chez les immunodéprimés de 18 ans et plus.
En réponse à une saisine de la DGS, la HAS a évalué les données de ce vaccin pour le positionner dans la stratégie actuelle de vaccination contre le zona.
Une efficacité supérieure du vaccin Shingrix
Les données indiquent que l’efficacité du vaccin Shingrix est supérieure à celle du vaccin Zostavax. Bien que les études comparatives manquent, Shingrix a démontré, en vie réelle, qu’il permettait de prévenir l’apparition d’un zona chez 79,3 % des personnes vaccinées, alors que cette efficacité s’élève à 45,9 % pour Zostavax. Le vaccin Shingrix s'est également avéré plus efficace dans la réduction des DPZ (87 %) que Zostavax (66 %). Enfin, contrairement au vaccin Zostavax, Shingrix a montré son efficacité chez les patients immunodéprimés.
Par ailleurs, des données d’immunogénicité montrent une meilleure réponse immunitaire avec le vaccin Shingrix par rapport au vaccin Zostavax. La durée de protection de Shingrix contre le zona était d’environ 73 % neuf ans après la vaccination.
Des données de tolérance rassurantes
Le vaccin Shingrix est associé à davantage d’événements locaux indésirables (douleur au site d’injection, rougeur) mais il n’y a eu aucune différence statistiquement significative entre les deux vaccins (Shingrix et Zostavax) quant à la survenue d’événements indésirables graves ou de décès. Chez les personnes immunodéprimées, Shingrix n’était pas associé à une augmentation du risque d’événements indésirables graves ou de décès. La balance bénéfices/risques est donc favorable.
Une co-administration possible avec d’autres vaccins
Les études qui ont évalué la co-administration de Shingrix avec d’autres vaccins, tels que le vaccin pneumococcique 23 -valent, le vaccin dTca, le vaccin contre la grippe saisonnière et le vaccin à ARN contre le Covid, n’ont pas montré une interférence immunitaire (voies d’administration différentes), à l’exception du sérotype B/Victoria pour le vaccin contre la grippe et de la pertactine pertussique pour le vaccin dTca. Shingrix a également montré un bon profil de tolérance lorsqu’il est administré avec ces vaccins.
Une vaccination coût-efficace
D’après une revue systématique menée dans des pays à revenus élevés, Shingrix serait plus coût-efficace du point de vue sociétal que Zostavax chez les 60 ans et plus.
Quelles recommandations ?
La HAS préconise la vaccination contre le zona des adultes immunocompétents de 65 ans et plus, de préférence avec le vaccin Shingrix, avec un objectif de simplification du calendrier vaccinal (afin d’améliorer la couverture vaccinale). En effet, l’âge de 65 ans correspond à d’autres rendez-vous vaccinaux : rappel diphtérie, tétanos, poliomyélite à 65 ans, début de la vaccination annuelle contre la grippe et contre le Covid ; Shingrix peut être administré en même temps que ces vaccins, sur un site d’injection différent.
La HAS recommande également la vaccination contre le zona avec Shingrix des personnes de 18 ans et plus, dont le système immunitaire est défaillant, en raison des pathologies innées (par exemple un déficit immunitaire primitif) ou acquises (par exemple immunodépression liée à l’infection par le VIH) ou d’un traitement (par exemple corticothérapie au long cours ou immunosuppresseurs).
Quelles modalités pratiques ?
Schéma de primovaccination par Shingrix : deux doses, avec un intervalle de deux mois entre chaque dose (maximum six mois) ; il n’est pas nécessaire de recommencer la série vaccinale en cas de dépassement du délai de six mois.
En cas d’antécédent de zona ou de vaccination par Zostavax, un schéma complet avec le vaccin Shingrix est préconisé, après un délai d’au moins un an. Dans des situations particulières (induction prochaine d’une immunosuppression ou des épisodes de zona à répétition), il peut être administré dès la guérison du zona.
Avant d’initier une thérapie immunosuppressive : administrer le vaccin le plus en amont possible, pour que la vaccination soit terminée idéalement 14 jours avant l’initiation du traitement. Dans cette situation, l’intervalle entre les deux doses de vaccin peut être réduit à un mois.
Administration simultanée possible : vaccin inactivé contre la grippe saisonnière sans adjuvant, vaccin contre les pneumocoques, vaccin dTp ou dTcaP, vaccin ARN contre le Covid. Il n’y a pas de délai minimal à respecter entre l’un de ces vaccins et Shingrix. Les vaccins doivent être administrés sur des sites d’injection différents.
Doses de rappel après la primovaccination : pas de données disponibles. Les études sur la durée de protection de la vaccination chez les personnes immunodéprimées permettront de définir la nécessité d’une ou plusieurs doses de rappel.
Femmes allaitantes : en raison de l’absence de données de tolérance, l’administration de Shingrix doit être évaluée au cas par cas, et dans le cadre d’une décision médicale partagée avec l’équipe soignante.
Has. Communiqué de presse. La HAS actualise la stratégie de vaccination contre le zona. 7 mars 2024.