Les cas de Covid parmi les personnes vaccinées sont mis en avant depuis plusieurs semaines par les antivax et vaccinosceptiques pour décrier les vaccins. Mais que savons-nous de ces échecs vaccinaux ? Quelles sont les manifestations du Covid dans cette population infectée malgré la vaccination ? Une étude parue dans le NEJM apporte les premières réponses !

 

À partir des données recueillies par les Centers for Disease Control aux États-Unis (dont les résultats préliminaires, que nous avions analysés, suggéraient déjà une bonne protection de la vaccination contre les infections même asymptomatiques), les auteurs ont entrepris d’analyser aussi bien le risque d’infection chez les personnes sans histoire préalable de Covid ayant reçu au moins une dose de vaccin à ARNm, que les bénéfices secondaires du vaccin – concrètement, si celui-ci permettait également d’atténuer les symptômes en cas de maladie.

Cette étude de cohorte prospective a donc suivi 3 975 professionnels de santé et travailleurs de première ligne fortement exposés à un risque d’être infectés (dont 72 % avaient entre 18 et 49 ans), entre décembre 2020 et avril 2021. À la fin de la période, 80 % des sujets avaient reçu au moins une dose de vaccin (et, parmi eux, 84 % les deux doses) ; 67 % avec le vaccin Pfizer et 33 % avec Moderna.

Le risque d’infection par le SARS-CoV-2 des personnes vaccinées par rapport aux non vaccinées était le premier critère d’évaluation. Le second était la sévérité du Covid chez les personnes l’ayant contractée malgré le vaccin. Ainsi, pendant le suivi de 17 semaines, tous les participants devaient fournir un échantillon nasal hebdomadaire pour la réalisation d’un test RT-PCR, qu’ils aient des symptômes ou pas, et un échantillon nasal et salivaire supplémentaire en cas de symptômes évocateurs de Covid.

Résultats : après ajustement, l’efficacité vaccinale contre l’infection était de 91 % avec un schéma vaccinal complet et de 81 % avec un schéma partiel. En effet, une infection par le SARS-CoV-2 a été détectée chez 204 participants (5 %), dont 5 étaient totalement vaccinés (≥ 14 jours après la 2e dose) et 11 l’étaient partiellement (≥ 14 jours après la 1ère dose et < 14 jours après la 2e), contre 156 qui ne l’étaient pas. À noter que la plupart des sujets (87 %) qui ont eu un test positif ont développé des symptômes entre 1 jour avant la collecte de l’échantillon et 2 à 14 jours après ; seuls 11 % sont restés asymptomatiques.

De plus, parmi les quelques participants vaccinés qui ont eu le Covid, le vaccin semblait atténuer la sévérité de la maladie : les sujets vaccinés (totalement ou partiellement) avaient 58 % moins de risques d’avoir de la fièvre par rapport aux non vaccinés infectés, et la durée de leur maladie était diminuée de 6 jours par rapport à ces derniers (en particulier, 2,3 jours de moins passés au lit).

Cerise sur le gâteau : les sujets vaccinés mais infectés avaient, par ailleurs, une charge virale diminuée de 40 % par rapport à celle observée chez les malades non vaccinés, et une durée plus courte de détection du virus (passant de 8,9 à 2,7 jours en moyenne). Or le niveau et la durée de la détection de l’ARN viral ont été associés dans d’autres études – et pour d’autres infections virales – à l’infectiosité et la transmission, suggérant que le vaccin pourrait également freiner cette dernière…

Ainsi, cette étude indique que les personnes vaccinées, mêmes lorsqu’elles sont infectées ensuite, ont une forme plus légère de la maladie et contribuent moins à la transmission du virus. Ces résultats sont cohérents avec les dernières données de vraie vie des pays à large couverture vaccinale. Les données publiées par Public Health England montrent en effet une excellente efficacité des vaccins (96 % après schéma complet) contre les infections graves (requérant une hospitalisation) causées par le variant delta, bien que leur efficacité contre les formes symptomatiques soit moindre (79 % après schéma complet).

Des résultats qui rassureront en particulier les personnes vaccinées en contact fréquent et étroit avec des cas potentiels de Covid (professionnels de santé, travailleurs de première ligne…), mais qui pourront également constituer des arguments supplémentaires – s’il en était besoin – pour encourager une plus large couverture vaccinale, en particulier chez les patients qui craignent d’être contaminés malgré le vaccin…

Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien

Pour en savoir plus :

Thompson MG, Burgess JL, Naleway AL. Prevention and Attenuation of Covid-19 with the BNT162b2 and mRNA-1273 Vaccines.NEJM 30 juin 2021.

À lire aussi :

Martin Agudelo L. [Covid] Vaccins à ARNm : efficaces aussi contre les infections asymptomatiques ! Rev Prat (en ligne) avril 2021.

Nobile C. [Covid] La vaccination bloque-t-elle la transmission du virus ?Rev Prat (en ligne) mars 2021.

Nobile C. Échecs vaccinaux : quelles sont les données ?Rev Prat (en ligne) 9 juin 2021.