La survenue de divers troubles menstruels (aménorrhées, métrorragies, ménorragies…) après administration d’un vaccin anti-Covid à ARNm a fait l’objet d’un « signal potentiel ». Que sait-on aujourd’hui, selon le dernier rapport de l’ANSM ? Que faire face à une patiente ayant des anomalies du cycle après une vaccination ?

 

Selon les dernières données couvrant la période du 26 novembre au 9 décembre 2021, 3 870 cas de troubles menstruels ont été observés après la vaccination avec Comirnaty (Pfizer) et 562 cas après la vaccination avec Spikevax (Moderna), depuis le début de la campagne vaccinale.

Il s’agit principalement de saignements anormaux (métrorragies, ménorragies), retards de règles et aménorrhées. Ces effets sont survenus aussi bien après la première injection qu’après la deuxième. La majorité des événements étaient non graves (97,7 % pour Comirnaty et 94,8 % pour Spikevax), de courte durée et spontanément résolutifs.

L’âge médian des femmes concernées est de 27 ans pour Spikevax et 33 ans pour Comirnaty. Les saignements sont survenus respectivement dans un délai médian de 3 jours et 7 jours (dans 57,4 % des cas, et compris entre 8 et 15 jours dans 14,4 % des cas, pour Comirnaty).

Selon une enquête de pharmacovigilance précédente sur Comirnaty (données du 27 août au 11 novembre 2021), les saignements anormaux correspondaient à 47,3 % des cas (métrorragies, ménorragies, ménométrorragies, spotting et menstruations prolongées), tandis que les aménorrhées et retards de menstruations correspondaient à 35,8 % des cas.

D’après cette même enquête, la majorité des patientes ayant déclaré des troubles menstruels ne prenaient pas de contraception (12 % seulement ont indiqué avoir une contraception hormonale ou mécanique concomitante). En outre, sur un total de 275 adolescentes ayant notifié une perturbation du cycle après vaccination, les 12-15 ans étaient fortement représentées (49,9 %) ; 105 signalements ont concerné des femmes ménopausées/préménopausées.

Les données disponibles à ce jour ne permettent toujours pas de déterminer le lien direct entre le vaccin et la survenue de ces troubles du cycle menstruel, mais ces événements restent sous surveillance.

Une étude prospective menée aux États-Unis sur près de 4 000 femmes de 18 à 45 ans (2 403 vaccinées majoritairement avec Pfizer et Moderna ; 1 556 non vaccinées) et publiée récemment dans Obstectrics et Gynecology a trouvé une modification mineure (moins de 1 jour) de la durée des cycles menstruels après vaccination par rapport aux cycles prévaccinaux. Quant à la durée des menstruations, aucune association significative avec la vaccination n’a été décelée. 

Entre temps, l’ANSM émet les recommandations suivantes pour les praticiens, devant tout symptôme de troubles menstruels après une vaccination :

– si la patiente prend un traitement hormonal : vérifier qu’il n’y a pas eu de mauvaise observance ou des vomissements qui pourraient être à l’origine d’une interruption de la prise du traitement ;

– si pas de traitement hormonal ni d’interruption de traitement :

. vérifier qu’il ne s’agit pas d’une symptomatologie aiguë ;

. vérifier l’absence de grossesse (retard de règles, saignements itératifs) ;

. garder en tête la possibilité que la patiente développe une maladie gynécologique (syndrome des ovaires polykystiques, hyperprolactinémie…) de manière concomitante à la vaccination.

Si les symptômes persistent dans le mois suivant, il est nécessaire de lancer des investigations pour envisager une telle pathologie sous-jacente.

LMA, La Revue du Praticien

Pour en savoir plus :

ANSM. Point de situation sur la surveillance des vaccins contre la Covid-19 – Période du 26/11/21 au 09/12/2021. 21 décembre 2021.

Paitraud D. Vaccins ARNm et troubles menstruels : les données de pharmacovigilance françaises.Vidal 23 décembre 2021.