L' arrivée sur le marché d’un nouveau médicament – vaccin y compris – est habituellement un processus de longue haleine, fruit de quinze à vingt ans de travail. Or, les premiers vaccins anti-Covid-19 ont été mis à disposition un peu plus d’un an après le début de la pandémie. Une telle rapidité relève tout autant de l’exploit pharmaceutique que de l’aubaine financière pour les industriels gagnants de cette course de vitesse. L’ampleur de cette réduction de délai peut interroger. Pourtant, au moins cinq grands mécanismes l’expliquent facilement.
Tout d’abord, la famille des coronavirus et les réactions immunitaires qu’ils déclenchent chez l’homme ont été bien étudiées lors des épidémies précédentes. En particulier, la protéine membranaire Spike du SARS-CoV-1 était déjà identifiée à la suite de l’épidémie de 2003. La durabilité des anticorps conférés par la vaccination était repérée comme potentiellement problématique (détectables uniquement dans les 2 ans suivant l’infection¹) et on connaissait l’intérêt d’induire une réponse lymphocytaire T après mémoire immunitaire pour éviter les formes les plus sévères².
Naturellement, la structure moléculaire du SARS-CoV-2 n’est pas identique, mais la séquence codante de Spike (et le génome complet du virus) a été très rapidement rendue publique³. En cause, les avancées faramineuses de la génomique et notamment du séquençage next-generation (NGS) – également très utile dans la détection des variants – appuyé par le calcul haute performance pour l’analyse bio-informatique finalisant le déchiffrage.
En outre, la recherche s’est effectuée en parallèle dans plusieurs laboratoires et sur plusieurs candidats-vaccins issus de technologies différentes : ARN messager, vecteur viral, virus inactivé…
Et surtout d’importants partenariats public-privé ont été initiés. Le COVAX, branche du dispositif de collaboration mondiale d’accès aux outils de lutte contre la Covid-19 (codirigé par l’alliance Gavi, la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies [CEPI] et l’OMS), a rapidement fait connaître son objectif d’accélérer le développement de vaccins à l’échelle mondiale. Aux États-Unis, le Warp Speed (littéralement « vitesse de l’éclair », programme institutionnel reliant gouvernement et industrie) a financé massivement plusieurs entreprises, le but fixé étant l’obtention de 300 millions de doses d’un produit efficace et sans risque dès janvier 20214.
Enfin, les processus d’analyse par les autorités sanitaires européennes et françaises ont été grandement accélérés, via des procédures spécifiques. L’une d’entre elles, appelée « rolling review », consiste à analyser les données (d’efficacité et de sécurité) toutes les deux semaines5. Une grande différence par rapport à ce qui se fait habituellement, où l’on attend que l’ensemble des essais soient terminés ou presque pour les examiner. Un gain de temps non négligeable dans le processus d’évaluation réglementaire, par ailleurs souvent pointé du doigt et accusé de freiner l’innovation thérapeutique en France. Gageons que ces solutions d’urgence pourront inspirer et renouveler les procédures habituelles afin d’accélérer l’accès aux nouveautés thérapeutiques – notamment en matière d’immunothérapie et de thérapies ciblées anticancéreuses – pour nos patients.
Tout d’abord, la famille des coronavirus et les réactions immunitaires qu’ils déclenchent chez l’homme ont été bien étudiées lors des épidémies précédentes. En particulier, la protéine membranaire Spike du SARS-CoV-1 était déjà identifiée à la suite de l’épidémie de 2003. La durabilité des anticorps conférés par la vaccination était repérée comme potentiellement problématique (détectables uniquement dans les 2 ans suivant l’infection¹) et on connaissait l’intérêt d’induire une réponse lymphocytaire T après mémoire immunitaire pour éviter les formes les plus sévères².
Naturellement, la structure moléculaire du SARS-CoV-2 n’est pas identique, mais la séquence codante de Spike (et le génome complet du virus) a été très rapidement rendue publique³. En cause, les avancées faramineuses de la génomique et notamment du séquençage next-generation (NGS) – également très utile dans la détection des variants – appuyé par le calcul haute performance pour l’analyse bio-informatique finalisant le déchiffrage.
En outre, la recherche s’est effectuée en parallèle dans plusieurs laboratoires et sur plusieurs candidats-vaccins issus de technologies différentes : ARN messager, vecteur viral, virus inactivé…
Et surtout d’importants partenariats public-privé ont été initiés. Le COVAX, branche du dispositif de collaboration mondiale d’accès aux outils de lutte contre la Covid-19 (codirigé par l’alliance Gavi, la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies [CEPI] et l’OMS), a rapidement fait connaître son objectif d’accélérer le développement de vaccins à l’échelle mondiale. Aux États-Unis, le Warp Speed (littéralement « vitesse de l’éclair », programme institutionnel reliant gouvernement et industrie) a financé massivement plusieurs entreprises, le but fixé étant l’obtention de 300 millions de doses d’un produit efficace et sans risque dès janvier 20214.
Enfin, les processus d’analyse par les autorités sanitaires européennes et françaises ont été grandement accélérés, via des procédures spécifiques. L’une d’entre elles, appelée « rolling review », consiste à analyser les données (d’efficacité et de sécurité) toutes les deux semaines5. Une grande différence par rapport à ce qui se fait habituellement, où l’on attend que l’ensemble des essais soient terminés ou presque pour les examiner. Un gain de temps non négligeable dans le processus d’évaluation réglementaire, par ailleurs souvent pointé du doigt et accusé de freiner l’innovation thérapeutique en France. Gageons que ces solutions d’urgence pourront inspirer et renouveler les procédures habituelles afin d’accélérer l’accès aux nouveautés thérapeutiques – notamment en matière d’immunothérapie et de thérapies ciblées anticancéreuses – pour nos patients.
1. Wu LP, Wang NC, Chang YH, et al. Duration of Antibody Responses after Severe Acute Respiratory Syndrome. Emerging Infectious Diseases 2007;13(10):1562‑4.
2. Channappanavar R, Fett C, Zhao J, et al Virus-Specific Memory CD8 T Cells Provide Substantial Protection from Lethal Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus Infection. Journal of Virology 2014;88(19):11034‑44. https://doi.org/10.1128/JVI.01505-14
3. Lu R, Zhao X, Li J, Niu P, et al. Genomic characterisation and epidemiology of 2019 novel coronavirus: implications for virus origins and receptor binding. Lancet 2020; 395(10224):565 74.
4. US Department of Health & Human Services, A. S. for P. (2020, août 12). Fact Sheet : Explaining Operation Warp Speed
5. SPILF (13 janvier 2021). Vaccins Covid-19 : Toutes les réponses à vos questions. Actualités. https://www.infectiologie.com/fr/actualites/vaccins-covid-19-toutes-les-reponses-a-vos-questions_-n.html
2. Channappanavar R, Fett C, Zhao J, et al Virus-Specific Memory CD8 T Cells Provide Substantial Protection from Lethal Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus Infection. Journal of Virology 2014;88(19):11034‑44. https://doi.org/10.1128/JVI.01505-14
3. Lu R, Zhao X, Li J, Niu P, et al. Genomic characterisation and epidemiology of 2019 novel coronavirus: implications for virus origins and receptor binding. Lancet 2020; 395(10224):565 74.
4. US Department of Health & Human Services, A. S. for P. (2020, août 12). Fact Sheet : Explaining Operation Warp Speed
5. SPILF (13 janvier 2021). Vaccins Covid-19 : Toutes les réponses à vos questions. Actualités. https://www.infectiologie.com/fr/actualites/vaccins-covid-19-toutes-les-reponses-a-vos-questions_-n.html