Pour étudier la tolérance des vaccins contre le SARS-CoV-2 chez les patients atteints de rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC) et de maladies auto-immunes (MAI) systémiques, le centre de référence national et européen des maladies auto-immunes systémiques rares situé à l’hôpital Bicêtre AP-HP a créé, avec l’EULAR (Alliance européenne des associations de rhumatologie), un registre international. Les résultats de ces travaux ont fait l’objet d’une publication le 1er janvier 2022 au sein de la revue Annals of the Rheumatic Diseases (BMJ).
L’étude a inclus 5 121 participants de 30 pays, la majorité en France (40 %), Italie (16 %) et au Portugal (14 %), avec 4 604 patients atteints de RIC ou de MAI systémiques et 517 patients contrôles atteints de pathologies rhumatologiques mécaniques.
La polyarthrite rhumatoïde (33 %), les connectivites (18 %), les spondyloarthrites (11 %), le rhumatisme psoriasique (10 %) et les vascularites (12 %) étaient les diagnostics les plus fréquents. La plupart des patients ont reçu les vaccins Pfizer/BioNTech (70 %), AstraZeneca/Oxford (17 %) et Moderna (8 %) ; 25 % avait reçu une dose de vaccin, 74 % deux doses et seulement 1 % trois doses.
Des poussées de RIC ou de MAI systémiques ont été signalées dans 4,4 % des cas, dont 1,5 % ont entraîné des changements de médicaments, et seulement 0,6 % de poussées sévères, dont le lien avec le vaccin ne peut pas être établi.
Des effets indésirables bénins ont été signalés chez 37 % des patients atteints de RIC ou de MAI et chez 40 % des patients contrôles, c’est-à-dire avec une fréquence identique à celle observée en population générale. Des effets indésirables sévères ont été observés chez 0,4 %, avec une fréquence comparable et même inférieure à celle observée chez les patients contrôles atteints de pathologies rhumatologiques mécaniques (1,1 %).
Dans les essais cliniques des vaccins à ARN contre le SARS-CoV-2 dans la population générale, les taux d’effets indésirables graves étaient très semblables à ceux de cette étude, allant de 0,4 % à 0,6 %.
Les auteurs concluent que le profil de sécurité des vaccins contre le SARS-CoV-2 chez les patients atteints de RIC ou de MAI systémiques est très rassurant (après une ou deux doses en tout cas), et comparable à celui des patients atteints de pathologies rhumatologiques mécaniques et de la population générale. Le risque de poussée sévère du RIC ou de MAI systémiques est très faible sans qu’il soit possible d’établir un lien avec la vaccination.
Cinzia Nobile, La Revue du Praticien
Pour en savoir plus :
Machado PM, Lawson-Tovey S, Strangfeld A, et al. Safety of vaccination against SARS-CoV-2 in people with rheumatic and musculoskeletal diseases: results from the EULAR Coronavirus Vaccine (COVAX) physician-reported registry. Annals of the Rheumatic Diseases (BMJ) 2021.