La Semaine européenne de la vaccination s’est achevée fin avril. Initiée par l’OMS, elle est déclinée dans 200 pays pour rappeler l’intérêt de cette pratique auprès d’un large public mais aussi des décideurs politiques, des médias et des professionnels de santé. En France, le ministère de la Santé et Santé publique France en étaient les maîtres d’œuvre. Slogan cette année : « la meilleure protection, c’est la vaccination »,1 assorti d’une campagne de communication dans la presse écrite et télévisuelle. Les ARS avaient la responsabilité d’organiser l’information de la population en installant des villages info services dans 15 régions en métropole et outre-mer.
Quinze mois après l’extension de l’obligation vaccinale, cette manifestation était le bon moment pour réaliser un premier bilan et commenter son impact actuel. Quels accueil et acceptation de la part des parents ? Quel ressenti pour les médecins ? Quelle incidence sur la relation de confiance médecin-malade ?
Pour Santé publique France,2 tous les taux de vaccination des valences concernées sont en croissance. Parfois modestement comme pour les premières injections de vaccin anti-pneumocoque (+ 1,4 %), un peu plus marqués pour l’hexavalent (+5,5 % en moyenne, presque 9 % en Occitanie, PACA et Auvergne-Rhône-Alpes, soit une couverture qui flirte avec les 99 %) mais de façon vraiment importante pour le vaccin anti-méningocoque C (+ 36,4 %) ! Pour le ROR, la hausse est très moyenne (2,2 %) et il est probablement trop tôt pour en mesurer les effets (la première dose étant administrée à 12 mois). Cependant, l’inquiétante augmentation de l’incidence de cette maladie ces dernières années semble ralentir avec « seulement » 780 cas de rougeole notifiés depuis le 1er janvier (et 1 décès par encéphalite chez un immunodéprimé) contre plus de 2 000 l’an dernier à la même période mais son extension territoriale reste d’actualité, 73 départements ont déclaré encore 1 cas depuis le 1er janvier ! 3 L’incidence des infections invasives à méningocoque C est, elle aussi, en baisse chez les nourrissons ayant reçu leurs premières doses de vaccin à 5 mois.
De son côté, le Collège de la médecine générale vient de réaliser une enquête d’opinion4 sur la perception de cette nouvelle obligation par les médecins. Avec 99,6 % de réponses favorables, celle-ci a largement été plébiscitée par les 800 confrères ayant répondu. Si les trois quarts d’entre eux jugent positif l’élargissement de cette obligation, ils restent très partagés sur la simplification de la relation avec les parents. Près de 50 % pensent que rien n’a changé depuis cette extension alors que pour 40 % elle faciliterait l’acceptation de la vaccination.
Ces résultats, très encourageants, doivent être encore améliorés. Il est impératif de poursuivre la communication sur l’intérêt de la vaccination, de rappeler son bénéfice/risque largement favorable, de publier les données montrant la baisse de la morbi-mortalité des maladies évitées et ainsi affirmer aux parents mais aussi à toute la population que la vaccination reste le principal outil de santé primaire. Lors de sa nomination, Agnès Buzyn avait fait de l’extension de l’obligation vaccinale l’un de ses objectifs prioritaires. Il faut se féliciter que, face aux nombreux antivaccins, son courage et sa pugnacité aient pu l’imposer.